Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 4 juin 2012

Grognons et râleurs



Beaucoup de gens autour de nous sont grognons ou râleurs : râler, critiquer, cela fait partie d’un sport national français dont on ne prend vraiment la mesure qu’en sortant de nos frontières. Ayant eu l’occasion de voyager seul à l’étranger, j’ai pu m’apercevoir que les français avaient mauvaise réputation. Cette impression personnelle a été confirmée par différentes enquêtes que j’ai pu consulter. Par exemple, Expedia, leader mondial du voyage en ligne, publiait en 2009 les résultats d’une étude annuelle, menée auprès de 4 500 hôteliers dans le monde entier, sur les comportements des voyageurs de 27 nationalités différentes. Les Français y obtenaient la palme des pires touristes au monde : ils étaient classés comme étant les plus réfractaires aux langues étrangères et figuraient parmi les plus pingres, les plus râleurs et les plus impolis.

Dans un autre domaine, l’Observatoire international des salariés publié par TNS-Sofres en 2007 met en évidence le côté râleur des français : ceux-ci sont plus pessimistes, plus las et entrent plus facilement en conflit avec la direction de leur entreprise que les salariés des autres nationalités étudiés. Cependant, le râleur français se montre moins négatif quand il est salarié d'un groupe étranger, comme si le contact avec d’autres points de vue modéraient son côté vindicatif.

Là encore, les enquêtes coïncident avec mon expérience personnelle : lorsque je travaillais dans un groupe international, j’avais eu l’occasion de visiter nos installations dans l’Iowa, aux États-Unis. Et j’avais été frappé, lors de discussions informelle avec mes collègues américains, par la façon dont ils se positionnaient par rapport à l’entreprise dont nous étions employés. En effet, en France j’avais l’habitude d’entendre les critiques et récriminations permanentes de certains de mes collègues cadres, ce qui ne les empêchait pas de continuer à travailler dans l’entreprise. Là, rien de tel : je voyais mes collègues américains faire leur travail sans râler et appliquer scrupuleusement les consignes de la direction. Un soir, en prenant une bière, je leur demandais si de temps en temps ils n’éprouvaient pas le besoin d’exprimer leur désaccord ou leur différence. L’un d’eux me résuma leur position : « Moi, j’ai passé un contrat avec cette entreprise ; tant que l’objectif de l’entreprise et les moyens qu’elle met pour y parvenir correspondent à ma vision personnelle, j’y vais à fond. Si j’ai des points de désaccord, je le dis ; et si l’on n’arrive pas à s’entendre sur des points importants, je m’en vais, je vais trouver du travail ailleurs. »

Notons que cela se passait avant la crise de 2008 : le discours des américains ne serait peut-être pas le même aujourd'hui. On pourrait discuter longuement sur le mérite de l’un ou l’autre des points de vue, ou chercher à justifier la position des français ; mais là n’est pas mon propos. Ma question est plus simple : il est probable que peu d’entre nous se reconnaissent dans le portrait du français râleur. Si pourtant c’est le cas, quelles satisfactions le fait d’être grincheux(se), râleur(se), pessimiste ou ronchon m’apporte-t-il ? Et quelles conséquences cela a-t-il pour les autres ?

Renaud CHEREL




Voir aussi dans ce blog :
    Comment gérer les râleurs au travail?
    Vivre avec un râleur
    Colère
    Critique constructive

Liens externes : 
    Best tourist

Aucun commentaire: