Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 16 novembre 2009

Critique constructive

Marianne est agacée par son fils Joël qui ne comprend pas ses explications sur le devoir de maths à rendre demain. Découragée, elle lui lance : « Joël, qu’est-ce que tu peux être buté par moments ! Qu’est-ce que j’ai fait pour avoir un fils aussi bête ? Tu ne comprendras donc jamais rien ! »

Roland est chef du service informatique de sa boîte ; ce matin, un ingénieur de son service lui présentait un projet sur lequel travaille depuis plusieurs mois. Après avoir écouté sa présentation, Roland commente d’un ton sarcastique : « C’est ça que vous avez appris dans votre école d’ingénieurs ? Vos spécifications sont ridicules ! Aucune chance que votre projet soit accepté ! »

La critique n’est pas a priori quelque chose de négatif : il est des moments où elle est nécessaire, que ce soit de la part de parents, d’éducateurs, ou de managers. Dans tous ces cas de figure, c’est une tâche indispensable et pourtant l’une des plus difficiles et des plus redoutables, d’une part pour ceux qui y sont soumis mais aussi – cela peut paraitre surprenant – pour ceux qui l’utilisent. Car une mauvaise pratique de la critique peut avoir des conséquences désastreuses, et aboutir parfois au résultat inverse de ce qu’elle était censée corriger.

J'arrête de critiquer pour le plaisir de critiquer !
Joël s’est bloqué de plus en plus sur ses exercices de maths et ses résultats ont empiré dans cette matière. Bien sûr, Marianne n’est pas la cause première de cela, mais ses critiques ont ébranlé la confiance en soi de son fils, qui finit par ne plus croire en sa capacité de progresser.

Quand à l’ingénieur qui travaille avec Roland, il est sorti effondré de leur entretien. Il s’est dit qu’on ne lui confierait pas de projet important après ce fiasco, et a perdu une bonne part de la belle motivation qu’il avait en démarrant sur ce projet. Il en vient à se demander s’il ne vaudrait pas mieux aller travailler ailleurs.

Pourtant, la critique constructive est un moteur et un outil de progression. Le psychanalyste américain Harry Levinson a travaillé de nombreuses années sur l’art de la critique constructive et donne quelques indications utiles :

- Portez la critique sur des actes ou des réalisations, mais pas sur des personnes. Les gens qui se sentent attaqués personnellement se mettent sur la défensive. Selon leur tempérament, ils vont se rebeller et contre-attaquer, louvoyer pour faire tomber la responsabilité sur d’autres, faire de la résistance passive ou bien encore déprimer.

- Soyez spécifique : la critique doit porter sur un point précis et non pas une indication vague. Tel point a été exécuté correctement, tel autre point doit encore être amélioré : une erreur identifiée et corrigée permet de progresser.

- Proposez une ou des solutions, des pistes pour sortir du problème ou une indication sur la façon de faire autrement : la critique ne coince pas la personne sur son incapacité mais ouvre ainsi la porte à des possibilités et des alternatives qu’elle n’avait pas aperçues.

- Soyez présent le plus souvent possible : les critiques, comme d’ailleurs les compliments, portent beaucoup plus quand on est face à face avec la personne concernée, plutôt que par un moyen indirect, un e-mail par exemple.

- Enfin, soyez en empathie : essayez de percevoir l’impact de votre message sur la personne !

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Comment recevoir la critique ?
    Profiter de la critique
    Grognons et râleurs
    Savoir encourager

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