Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 4 novembre 2013

Juger sur les comportements

La plupart des jugements que nous portons sur autrui se basent sur les comportements que nous observons. Par exemple telle personne parle haut et fort, avec une gestuelle large : on va l’étiqueter « vantarde » ou « m’as-tu vu » ; telle autre reste en retrait, intervient peu dans la conversation : c’est une « timide » ou une « introvertie ».
Sur quoi jugeons-nous les autres ?

Le fait qu’un certain nombre d’écoles psychologiques – et même la plupart d’entre elles – s’appuient sur les comportements des individus pour en tirer des diagnostics ou des profils de personnalité n’est pas anodin : elles sont héritières du comportementalisme, ou behaviorisme, approche qui a dominé le champ de la psychologie pendant des décennies.

Le behaviorisme, tel que défini par son fondateur, l’américain John Broadus Watson, doit se limiter aux comportements observables et mesurables en se débarrassant, sur le plan théorique, de toutes les interprétations qui font appel à des notions telles que la conscience ou l’imagination et en condamnant, sur le plan méthodologique, l’usage de l’introspection. Selon les tenants de cette théorie, les comportements d’un individu sont uniquement déterminé par son environnement et l’histoire de ses interactions avec son milieu.

En utilisant cette approche comportementaliste de la psychologie humaine, on a, à mon avis, laissé de côté une part de ce qui justement nous caractérise en tant qu’êtres humains : la volonté, la liberté de choix. Pourtant, l’approche de la psychologie par les comportements n’est pas la seule envisageable : un petit nombre d’écoles s’appuie sur l’analyse des motivations des sujets, ce qui est assez différent. En effet, deux personnes peuvent poser le même acte tout en ayant des motivations très différentes, voire même opposées. Cependant, dans le cadre d’une approche scientifique, l’analyse des motivations est beaucoup plus délicate que celle des comportements, car seul le sujet peut dire quelle est sa motivation, laquelle est bien plus difficilement mesurable qu’un geste ou un comportement. Par ailleurs, pour de nombreuses raisons – conscientes ou inconscientes – le sujet peut cacher ses réelles motivations, ou les dévoiler partiellement. Ces difficultés liées à la subjectivité ont conduit la plupart des chercheurs à s’orienter sur des aspects comportementaux, plus accessibles aux mesures et aux comparaisons.

Le cognitivisme, courant de psychologie qui se dit opposé au behaviorisme, se fonde sur la thèse suivante : la pensée est un processus de traitement de l’information. Elle est décomposable en processus mentaux distincts, chacun d’eux étant modélisable en tant qu’entité relativement autonome. Les caractéristiques de ces processus mentaux sont alors accessibles indirectement par des expériences dans lesquelles le comportement reste la principale variable expérimentale. La psychologie cognitive part du principe que l’on peut inférer des représentations, des structures et des processus mentaux à partir de l’étude du comportement. Mais contrairement au béhaviorisme, elle défend que la psychologie est bien l’étude du mental et non du comportement.

Pour ma part, je reste persuadé que la personne humaine dépasse ces dimensions et n’est pas réductible à du mental ou à des comportements : il y a en elle une part transcendante, une part de mystère qui n’est pas accessible à l’analyse scientifique. Qu’en pensez-vous ?


Renaud Cherel




Cet article vous a plu ? Vous pouvez aussi trouver dans ce bloc d'autres articles sur le même thème :
    Observation et jugement
    Vivre ensemble

Aucun commentaire: