Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

mardi 7 juin 2011

Observation et jugement

"Quand le sage montre la lune, le sot regarde le doigt" - Confucius
À chaque instant, nous sommes constamment bombardés par un flot d’information en provenance de notre environnement. Mais la nécessité s’impose de faire un tri, de hiérarchiser cette masse pour en éliminer l’accessoire et conserver l’essentiel. Ainsi, nous passons notre vie à évaluer les choses, plus ou moins consciemment : notre efficacité dépend pour une large part de cette capacité à évaluer rapidement, à discerner ce qui est bon ou mauvais, bien ou mal, positif ou négatif... Capacité de jugement, propre aux humains, absolument indispensable. Mais en même temps, elle peut nous rendre de fort mauvais services si nous n’y prenons pas garde. En effet, il nous arrive souvent de mêler l’observation d’un fait avec une évaluation, sur ce fait. Et nous croyons énoncer un fait alors que nous posons un jugement sur ce fait. En conséquence de cela, de nombreux problèmes de communication surgissent.

Quand Mahalia dit : « Armand est en colère contre moi sans aucune raison », elle mélange un fait observé : « Armand est en colère contre moi » avec une opinion personnelle : « j’estime qu’il n’a aucune raison d’être en colère. »

De même, quand Armand affirme : « Mahalia travaille trop, elle se tue à la tâche », il opère une confusion entre d’une part un fait : « Mahalia travaille beaucoup… » qui pourrait être précisé : « elle travaille plus de 45 heures par semaine » et d’autre part une prédiction qui n’est pas une certitude : « à mon avis, cela risque d’avoir des conséquences sur sa santé. »

Combien de fois prenons-nous nos jugements pour des observations ! Les confusions sont extrêmement fréquentes, et il est utile de les dépister, non pas pour refuser tout jugement, mais pour affiner sa capacité à distinguer les faits de leur évaluation et donc être plus clair, plus précis, dans ses observations, plus juste dans ses jugements, plus efficace dans ses décisions. Cela conduira aussi à une communication plus souple, plus harmonieuse et plus respectueuse de l’autre, dans le domaine professionnel, social ou celui de la vie privée.

Observer sans évaluer, voilà un des conseils donnés par la communication non violente proposée par Marshall M. Rosenberg. Dans la pratique, cela n’est pas aisé ; on s’en rend compte lorsqu’on tente de décrire le comportement d’une personne : -« Mon médecin écrit très mal ! » s’exclame Mahalia. Cela peut sembler être un constat objectif, et pourtant… la pharmacienne lit ses ordonnances sans problème : pour décrire le fait, elle pouvait dire : « Je n’arrive pas à déchiffrer l’écriture de mon médecin. »

C’est encore plus difficile dans le cas d’une personne avec laquelle on est en conflit. Armand, qui est en désaccord avec son chef, déclare : « De toute façon, il n’avouera jamais s’être trompé ! » Même si c’était effectivement le cas les trois dernières fois qu’ils se sont affrontés, rien ne prouve que ce sera nécessairement vrai dans des circonstances différentes : ce « jamais » érige une barrière entre les deux protagonistes qu’il sera difficile de franchir…


Renaud CHEREL



Voir aussi dans ce blog :
    Juger sur les comportements
    Visions du monde

Liens externes :
    La communication non violente
    Observer sans juger

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