Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

jeudi 25 novembre 2010

Impatience

Yann participe à une réunion de travail ; la discussion s’attarde sur des détails alors que des questions importantes restent à traiter. L’impatience le gagne : « Arrêtons ces palabres et traitons l’essentiel ! Ce n’est pas comme ça qu’on atteindra les objectifs ! »

Sharon, au volant de sa voiture, est bloquée par une voiture en train de faire un créneau. « Pourrait pas faire un peu plus vite celui-là ? Déjà que je suis partie un peu à la bourre… Mon client va être furieux, lui qui est si à cheval sur les principes ! »

Tania est au cirque avec ses parents ; elle trépigne sur son banc en attendant l’entrée des trapézistes qu’elle rêve de voir depuis une semaine : « Maman, quand est-ce qu’ils arrivent ? Ça fait une heure qu’on attend ! » Sa maman de répondre :
-« Ne sois pas trop impatiente, ma chérie : nous sommes assises depuis cinq minutes. »

Bob n’a pas reçu au courrier les documents nécessaires pour son rapport. « Bon, tant pis, j’attendrai demain, il n’y a pas le feu au lac… Je vais me prendre un petit café pour me consoler, avec un croissant, tant que j’y suis… »

Certains se pressent lentement... (Photo R. Cherel)
Face au temps qui passe inexorablement, nous ne réagissons pas tous de la même manière. Car l’impatience est liée à la notion de futur : il existe une chose que j’attends et qui n’arrive pas assez vite par rapport à l’idée que je m’en fais. Face à cet écart entre ce que j’attends et ce qui est, je réagis selon ma personnalité avec plus ou moins de patience.

Yann est concentré sur ses objectifs : l’impatience le gagne quand il doit consacrer du temps à des choses sans importance à ses yeux en négligeant au même moment ce qui importe pour lui.
Sharon a l’habitude d’anticiper ce qui va arriver et les conséquences néfastes qui risquent d’en découler : son impatience est liée à un certain sentiment de crainte.
Tania, au contraire, est dans une forme d’impatience plutôt agréable, car elle vit la situation présente dans l’attente d’un moment heureux.
Enfin, Bob a tendance à reporter les choses au lendemain, notamment pour éviter les choix difficiles : il n’est donc pas là dans l’impatience.

Lévinas a analysé le rapport entre l’attente et la patience en considérant que ce qui distingue l’impatience de la patience, c’est non pas la préférence pour le présent, mais l’absence de but futur conscient. Là où l’un s’emporte et voudrait que le temps soit plus court, l’autre fait preuve de patience et se décide au contraire à attendre sans rien désirer en retour : il subit l’attente. La patience selon Lévinas est une forme d’ouverture sur l’inattendu, dont aucun des personnages que j’ai présentés n’a fait preuve, finalement.

Dans certaines situations, l’impatience est un moteur ; dans d’autres, la patience est une ressource. Suis-je généralement plutôt impatient ou plutôt patient ? La question n’est pas tant de me culpabiliser ou de me dire « Je devrais… », que de me demander si je me donne la possibilité de choisir entre l’une et l’autre selon les circonstances.

"Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage."
Jean de la Fontaine, le Lion et le Rat - Peinture de P. Martinez

Renaud CHEREL  



Voir aussi dans ce blog :

    Atteindre ses objectifs
    Colère
    Patience, impatience

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