Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

mardi 14 février 2017

Croissance et décroissance personnelle


- « Moi, je ne me vois pas vieillir, s’exclame Victorine. Je suis au top de ma forme, j’ai un super-boulot, j’aime voyager et j’ai plein de projets en tête. Que ça doit être dur quand on se rend compte qu’on ne peut plus rien faire…

- Cela ne m’arrivera pas, répond Toussaint, parce que je me supprimerai avant. Je ne veux pas subir l’indignité de devenir un légume qu’on transporte dans un fauteuil roulant, et je milite pour qu’on obtienne le droit de mettre fin à sa vie quand on le veut.

- Comme vous y allez ! intervient Olive. Le vieillissement, c’est un processus naturel ; et il ne faut pas oublier que, s’il nous fait perdre certaines capacités, il nous en apporte d’autres, en expérience et en maturité. C’est comme pour le vin : l’important, c’est de bien vieillir. »

Nous vivons dans une société tournée ver le progrès, et tous les discours ambiants vont dans le sens d’une progression, d’une marche en avant, d’un développement… Pourtant, tout ce qui existe dans l’univers suit une loi inéluctable, celle d’un cycle de vie qui passe par une phase ascendante suivie par une phase de déclin. Tout être subit cette loi : il naît ou apparaît, grandit et se développe, puis, après une période de plateau plus ou moins longue, décroît et finit par disparaître ou mourir. Cela est vrai aussi bien pour les bactéries dont la vie entière se déroule sur une vingtaine de minutes que pour les arbres, lesquels vivent plusieurs millénaires pour certains. Et cette loi est encore vraie pour les choses inanimées, pour les montagnes dont la vie se mesure en millions d’années, aussi bien que pour les galaxies, qui perdurent des milliards d’années.

Sur le plan individuel, il me paraît important, essentiel même, de prendre cette loi en compte dans le déroulement de notre vie, alors que notre environnement social tente de nier cette réalité. Il nous faut bien accepter à un moment de notre vie de ne plus croître, puis de décroître. Chacun de nous est appelé à grandir et à se développer ; mais il nous faut bien prendre conscience que, si le cours de notre vie n’est pas interrompu par un accident brutal, nous allons nous amenuiser, d’abord physiquement, mais aussi intellectuellement, dans toutes nos facultés humaines et dans notre autonomie.

Cela ne nous empêchera pas de croître, mais d’une autre manière ou dans d’autres domaines que ceux de la force, de la puissance physique ou de l’agilité intellectuelle, privilégiés par la société. Car au fur et à mesure que ce type de capacités diminue, il peut nous être donné de progresser ailleurs, sur d’autres plans. Par exemple, gagner en humilité, en capacité d’écoute, dans notre aptitude à nous émerveiller, dans notre sensibilité à la beauté, dans notre disposition à savourer l’instant présent… La diminution de nos capacités les plus visibles et les plus présentables peut s’avérer comme une opportunité pour approfondir nos valeurs et faire surgir des potentialités qui ne s’étaient pas révélées jusque là.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

 

Renaud CHEREL

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