Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

mercredi 5 avril 2017

Faire preuve de courage


Le dictionnaire de l’Académie française définit ainsi le courage : 1. Disposition morale qui fait entreprendre des choses difficiles, hardies et détermine à supporter la souffrance, à braver le danger. 2. Énergie, zèle, ardeur.

En s’appuyant sur ces définitions, on peut envisager deux formes de courage assez différentes :

- Le courage des situations exceptionnelles : les actes de bravoure ou d’héroïsme sur le champ de bataille, face à un incendie, un cataclysme, un accident ou un attentat. C’est d’ailleurs souvent un courage physique. Mais sauf activité particulière (pompier, militaire, journaliste de guerre…) et dans la société française qui est la nôtre, la plupart d’entre nous ont rarement l’occasion de faire preuve de cette forme de courage.

- Mais il existe aussi des formes de courage qui s’exercent au quotidien. Ce courage, plutôt moral, nous concerne tous : il nous est quasiment indispensable pour affronter les multiples obstacles que nous réserve la vie de tous les jours. Car il faut du courage parfois pour se lever certains matins, connaissant par avance toutes les choses désagréables qui risquent d’arriver ce jour-là. Il faut du courage pour aller jusqu’au bout de son projet ou de son engagement malgré les obstacles qui se dressent sur le chemin. Il faut du courage pour dire non au risque de ne pas être apprécié. Il en faut aussi pour faire des choix, renoncer à certaines choses dans l’immédiat en vue d’un bien ultérieur. Bref, il faut du courage pour vivre en adulte responsable.

Ce courage quotidien, nous pouvons l’exprimer de différentes façons, selon notre personnalité ou selon les moments.

Il y a le courage impulsif de la personne qui réagit au quart de tour, par exemple face à une injustice, et ne réfléchit qu’après aux conséquences de ses actes. Au risque parfois de provoquer des dégâts collatéraux qu’elle regrettera par la suite. Si cet acte est provoqué par la colère, peut-on d’ailleurs parler véritablement de courage ? Le courage implique une conscience du danger ; sinon, on pourrait plutôt parler de témérité.

Il y a le courage de celui qui ressent la crainte mais la surmonte, au prix d’une certaine lutte intérieure qui peut s’avérer harassante. Il a plutôt tendance à peser le pour et le contre avant de se lancer, ce qui lui vaut d’ailleurs parfois d’arriver après la bataille. Mais n’est-ce pas la marque du vrai courage que de reconnaître le danger et savoir malgré tout surmonter ses peurs pour agir ?

Il y a aussi le courage raisonné : pour affronter l’événement, le sujet va d’abord réfléchir à la façon de s’y prendre pour obtenir les meilleurs résultats possibles : en somme, le contraire de la témérité. Ensuite, la situation sera traitée de façon calme et pondérée, le recours à la force n’étant utilisé qu’en derniers recours.

Et puis il y a toutes ces situations où nous manquons de courage, où nous reculons devant l’action nécessaire, où nous faisons preuve de lâcheté…



Et vous, comment vous situez-vous ? De quelle forme de courage faites-vous preuve en général ?

 

Renaud CHEREL

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mercredi 29 mars 2017

Sens pratique et pragmatisme

effectivement, on ne peut pas prendre le dessin pour le fumer...

-« Moi, dit Anne-Claude, j’aime être efficace. Les grandes considérations sur des sujets fumeux, très peu pour moi. Ce qui m’importe, c’est d’avancer dans l’action concrète. Je suis pragmatique, je m’intéresse à ce qui est utile pour atteindre mon objectif. Le reste, c’est pas mon problème !

- Tout le contraire de moi ! s’exclame Baudoin. Le monde me semble dur et inhospitalier, et souvent je fuis la réalité pour m’évader dans le rêve et l’imaginaire. Je suis un fan d’Alice au pays des merveilles, c’est un univers qui me parle. Mon chef me dit fréquemment que je suis dans la lune et pas très efficace dans mon boulot ; c’est vrai, mais je ne sais pas faire autrement.

- Le rêve ? L’imaginaire ? Mais ça n’existe pas, alors à quoi bon y passer du temps ? réagit Dimitri. Ce qui compte, c’est d’agir, d’avoir prise sur les événements. Pour construire une maison, il faut couler une dalle, monter les parpaings, poser la charpente… Si tu restes assis à attendre que ça se fasse tout seul, t’es là pour longtemps…

- Oui, mais il faut bien d’abord s’asseoir pour faire les plans de ta maison et la concevoir, rebondit Florentine. Il faut penser avant d’agir, on ne fonctionne pas que par instinct, tout de même ! L’action, c’est très bien, mais la réflexion, la vie de l’esprit, c’est essentiel, non ? »

Certains individus sont très concrets et recherchent l’efficacité en s’attachant à la réalisation d’objectifs palpables. Doués de sens pratique, ils ont une certaine facilité à résoudre habilement les petits soucis de la vie quotidienne. On dit de ces personnes qu’elles « ont les pieds sur terre ». 

À l’inverse, certains sont plus fantaisistes ou sensibles à des aspects plus abstraits : ils s’intéressent à l’art, à la poésie, aux sentiments, aux activités mentales, mais peuvent manquer de sens pratique, et avoir de grandes difficultés à gérer les menus problèmes de tous les jours, voire se montrer utopistes. On leur reproche de vivre hors de la réalité, de ne pas s’adapter aux contraintes de la vie et on les taxe d’irréalisme.
La peinture de Dali n'est pas réaliste mais très suggestive...

La société dans laquelle nous vivons, axée sur le confort et les biens matériels, fait la part belle au pragmatisme. Pourtant, il me semble que la réalité objective ne soit pas atteignable, car chacun construit sa propre réalité à partir de ce qu’il perçoit, de son expérience antérieure et des modèles de représentation dont il a hérité, notamment par son environnement socioculturel. Ainsi, ce que je prends pour la réalité est une construction qui résulte en partie de mon histoire, de ce que j’ai vécu et expérimenté jusqu’à aujourd'hui, mais aussi de ma personnalité propre et de mon milieu.

Au regard de cela, le sens pratique peut être vu non pas comme une meilleure approche de la réalité, mais plutôt comme une bonne adaptation aux usages dans une société donnée. Selon Bourdieu, il permet aux individus de répondre immédiatement, sans réflexion préalable consciente, aux événements auxquels ils doivent faire face.

Et vous, avez-vous le sens pratique ?

 

Renaud CHEREL

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mercredi 22 mars 2017

Qu'est-ce que l'empathie?


Marie-Anne explique : « Moi, je suis vraie, pas de faux-semblant : si une amie me demande mon avis sur sa coupe de cheveux que je trouve horrible, je lui réponds honnêtement. Il y en a qui se vexent, mais je ne comprends pas très bien pourquoi : il n’y a pas de quoi puisque c’est la vérité !

- Euh… ce n’est pas mon fonctionnement, répond Prudence. Dans une conversation, j’ai tendance à me centrer sur les pensées de mon interlocuteur plutôt que sur les miennes propres. On m’apprécie pour mon écoute, mais ça me joue parfois des tours et je me demande si de temps en temps je ne devrais pas être un peu plus catégorique.

- Moi, je suis direct, affirme Vianey, et je ne mâche pas mes mots, ce qui est souvent pris pour de la grossièreté, même si ce n’est pas mon intention. Je suis plutôt indépendant et je n’aime pas qu’on s’occupe de mes affaires ; j’essaie de résoudre mes problèmes moi-même plutôt que d’en discuter avec d’autres.

- Je suis très sensible aux émotions, intervient Salomé : quand je regarde le journal télévisé, je suis très touchée en voyant des personnes qui souffrent. Dans mes relations de tous les jours, il m’est facile de me mettre à la place d’une autre personne et je pense que je suis capable de prédire assez bien ses ressentis. »

L’empathie est la capacité de se mettre à la place d’autrui, de se représenter ce qu’il ressent ou pense. Cela nécessite d’être capable de faire la distinction entre soi et autrui et de réguler ses propres émotions. En effet, dans l’empathie, l’émotion que je ressens se situe dans un juste milieu entre l’absence de réponse émotionnelle (froideur) et une réponse trop intense qui me paralyserait.

Quelle différence peut-on faire entre empathie et sympathie ? Ces deux mots sont construits à partir du grec :
Em-pathie signifie “ressentir en dedans”. On partage le point de vue d’autrui, pour observer ses pensées et sentiments. La conscience de soi se place dans la situation d’un “autre” pour partager son expérience. Il y a une recherche de compréhension et conscience.

Sym-pathie signifie “ressentir avec”. On fait un avec l’objet observé et partage ses pensées et sentiments. La notion de sympathie suppose donc une relation plus forte et plus affective, une attraction entre les personnes concernées. La conscience est déplacée de soi vers l’autre. Il y a fusion, plus ou moins inconsciente.

Une troisième notion assez proche des précédentes est celle de compassion, mot construit à partir du latin cum patior, “souffrir avec”. La compassion a un caractère actif : l’individu animé de compassion est porté à percevoir ou ressentir la souffrance d'autrui, et il cherche à y remédier.

Les recherches sur l’empathie ont connu récemment un regain d’intérêt suite à la découverte des neurones miroirs : lorsqu’une personne observe l’état émotionnel d’une autre, cela active des neurones qui traitent ce même état en elle-même et facilite son empathie. Notons qu’un certain nombre d’animaux possèdent ces mêmes neurones miroirs.

Et vous, êtes-vous empathique ?

 

Renaud CHEREL

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mercredi 15 mars 2017

Compartimenter avec modération

Compartimenter sa vie, oui, mais avec des cloisons amovibles!
Il est vrai que le fait de compartimenter à l’excès ma vie et mes pensées peut avoir des conséquences négatives pour moi et pour mon entourage. Au niveau personnel, isoler mes pensées et les exploiter séparément peut créer, si elles sont conflictuelles, des problèmes mentaux et émotionnels. Par ailleurs, une trop forte concentration sur une activité ou un thème donné peut conduire à négliger les autres aspects de la vie et à en subir des conséquences néfastes. Au niveau relationnel, mon entourage peut ressentir de façon négative les cloisonnements que j’ai érigés dans ma vie et me reprocher d’être trop secret ou énigmatique.  

À l’inverse, une compartimentation modérée permet d’affronter bien des difficultés et d’enrichir mon existence. Par exemple, si j’arrive à séparer mon univers professionnel de ma vie domestique, mon foyer ne sera pas ou peu perturbé par les tensions du travail. Je ne ferai pas subir à mes proche ma colère ou ma mauvaise humeur dont en fait ils ne sont pas responsables. Par ailleurs, en me concentrant sur un problème sans me laisser distraire par d’autres préoccupations, je serai plus efficace et plus à même, une fois résolu, de passer au problème suivant.

Certaines personnes, on l’a vu, ont spontanément tendance à compartimenter leur vie. Si ce n’est pas votre cas, voici quelques pistes pour cloisonner votre existence et mieux gérer votre vie de tous les jours.

- Choisissez les domaines que vous désirez compartimenter. Par exemple vie professionnelle et vie familiale : cela n’implique pas de ne jamais évoquer mon travail en famille, mais de le faire de façon limitée. Par exemple, en rentrant à la maison, raconter à mon conjoint quelques événements clés, puis en rester là et m’impliquer pleinement dans les activités familiales.

- Ne faites pas plusieurs choses en même temps, surtout si elles appartiennent à des compartiments différents. En donnant toute votre attention au problème en cours, vous serez nettement plus efficace. Là encore, il faut nuancer : certaines personnes sont spontanément multitâches, d’autres moins. Certaines activités professionnelles demandent davantage de concentration sur un seul sujet, alors que d’autres demandent une attention plus flottante permettant de percevoir tout l’environnement. À vous de décider dans quel domaine vous concentrer.

Exemple, la gestion des mails : sauf si le cœur de votre activité repose sur ces échanges, réservez-leur des moments de la journée, plutôt que de vous laisser interrompre à tout instant. Car il faut plusieurs minutes pour se concentrer à nouveau sur une tâche interrompue.

- Donnez-vous un temps limite pour une activité ou une tâche donnée. Si vous savez par expérience que vous n’arrivez jamais à terminer dans les délais, accordez-vous dès le départ 50% de temps en plus, mais ensuite tenez-vous à cette limite que vous avez choisie.

- Restez le capitaine du navire de votre vie en gardant de la souplesse : les cloisons mentales que vous établissez ne sont pas là pour vous emprisonner, mais au contraire pour vous faciliter la vie. Établissez des ponts ou des transitions entre vos compartiments. Vous maintiendrez ainsi un bon équilibre mental et émotionnel.

 

Renaud CHEREL

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mercredi 8 mars 2017

Compartimenter sa vie?


Quatre amis discutent autour d’un café :  
    
-« Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, se plaint Maud. Mon entrevue avec mon chef me tournait dans la tête. Ça m’angoisse car je suis sûre qu’il va encore trouver des choses à me reprocher sur l’année écoulée, et adieu mon augmentation… 
         
- Cela ne risque pas de m’arriver, rétorque Lazare. Quand je suis au bureau, je suis complètement concentré sur les tâches à effectuer. Mais dès que j’arrive à la maison, c’est comme si je déposais mes soucis professionnels sur le paillasson, je n’y pense absolument plus et je dors très bien la nuit !  
         
- Tu as de la chance, répond Rosalie. Moi, ce sont les soucis de la vie familiale que j’apporte au travail : je ne peux pas m’empêcher d’envoyer plusieurs textos dans la journée à mes enfants pour savoir comment se passe leur journée à l’école. Dès que l’un d’eux a des soucis, cela me tracasse, je suis moins concentrée et je fais des erreurs…   
   
- Mon mari est comme Lazare, et je trouve cela exaspérant ! s’exclame Sidoine. Quand il est concentré sur quelque chose, impossible d’attirer son attention : c’est comme s’il était sur une autre planète, et ça m’énerve ! J’ai l’impression que sa vie est faite de compartiments étanches : quand on s’est mariés, je ne connaissais aucun de ses amis, il ne m’en avait jamais parlé… »

Certaines personnes ont tendance à compartimenter leur vie en érigeant des cloisons quasi étanches entre leurs différents domaines d’activité. Un exemple fameux est celui de François Mitterrand qui, tout homme public qu’il était, ne mélangeait pas les genres et cultivait le secret : peu de gens étaient au courant de l’existence de sa fille Mazarine, et encore moins de son cancer.

Le fait de compartimenter sa vie de façon excessive peut conduire à mettre mentalement les événements, les choses et les gens dans des boîtes bien rangées, chacune avec son étiquette. Une fois placée dans une boîte, la personne que nous avons ainsi étiquetée n’en sortira pas. Si une telle compartimentation de la vie présente beaucoup d’inconvénient pour l’entourage – et même pour la personne qui la pratique – lorsqu’elle est excessive, elle peut néanmoins apporter de nombreux avantages lorsqu’elle est employée avec souplesse. 

On peut même affirmer que c’est un outil de développement personnel efficace pour aller vers un meilleur équilibre intérieur. Cela fonctionne tout simplement comme les compartiment étanches d’un navire : en cas de brèche dans un compartiment, l’eau de mer ne peut pas envahir les autres et le bateau ne coule pas. En cas de tension dans un domaine de vie, la personne ayant l’habitude de compartimenter ne laisse pas les émotions négatives envahir les autres domaines. Mieux, elle peut éventuellement utiliser ses ressources ainsi sauvegardées pour lutter contre ces émotions négatives. Ainsi, face aux même difficultés que d’autres, elle risque moins de tomber dans la dépression.

Conduite avec modération, la compartimentation peut ainsi aider à vivre de façon plus heureuse. Nous verrons dans le prochain message comment mettre en place un tel outil.

 

Renaud CHEREL

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mercredi 1 mars 2017

Obéissance, désobéissance

Ninon discute avec des amis :        
   
-« Je suis exaspérée par le comportement de mon mari : il passe outre bien des règles de circulation. Par exemple, il adore emprunter les couloirs de bus pour passer devant tout le monde. Ça m’énerve, il y a des règles et c’est l’intérêt de tous que de les respecter !

- Je suis d’accord avec toi pour le code de la route, lui répond Sandy ; mais moi qui ai créé mon entreprise, je trouve qu’on est complètement écrasés sous des tonnes de règlements et de lois inutiles. Obéir aux lois, oui, à condition qu’elles soient légitimes. 
      
- Ce qui est important pour moi, c’est la liberté, intervient Kilian. Je revendique le droit de désobéissance civile, qui fait partie de la démocratie, et c’est à mon avis le seul rempart contre les risques de dérive tyrannique. »

Obéir, c’est se soumettre à la volonté de quelqu'un, à un règlement, exécuter un ordre.


Chez les enfants, il me semble que la désobéissance soit davantage le fait des garçons que des filles, lesquelles se plient plus facilement aux règles et consignes édictées. Cela explique probablement en partie leur meilleure réussite à l’école, car elles se conforment plus volontiers à ce que l’on attend d’elles. Bien évidemment cela n’est qu’une tendance générale, chaque individu ayant sa personnalité propre : on trouve aussi beaucoup de filles rebelles et de garçons obéissants. D’ailleurs, les différences observées ne sont pas le résultat exclusif de la biologie, et la présence d’un taux de testostérone plus élevé chez les garçons n’explique pas tout : la plupart des spécialistes s’accordent à dire que l’influence de l’environnement est primordiale. L’environnement est entendu ici au sens large, comprenant le milieu social et culturel où vit l’enfant, son cercle de copains et de relations, la façon dont les parents l’élèvent, la culture familiale héritée des générations précédentes, sans oublier l’influence des éducateurs et celle du monde virtuel qui prend une importance croissante.

Par contre, une fois adulte et notamment dans la vie professionnelle, il est possible que les comportements plus policés des femmes constituent un des freins à leur évolution de carrière, dans un monde où les valeurs de compétition voire d’agressivité demeurent fortes, même si les choses sont en train de changer.

Il faut reconnaître que la notion d’obéissance est complexe, voire ambiguë, car elle s’oppose dans une certaine mesure à celle de liberté. D’un côté, les parents vont demander à leurs enfants d’obéir, et de l’autre les encourager à une prise d’autonomie qui peut passer par la désobéissance. Cela se comprend : une dose d’obéissance est nécessaire à la vie en société – sans respect du code de la route, la circulation devient bien plus dangereuse – mais jusqu’à un certain point. Au-delà d’une certaine limite, l’obéissance aveugle à une autorité ou à un règlement conduit à des catastrophes : l’Histoire ne manque pas d’exemples illustrant cela.

« Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l’obéissance il assure l’ordre ; par la résistance il assure la liberté. » (Alain, philosophe)

Qu’en pensez-vous ?

 

Renaud CHEREL

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mercredi 22 février 2017

Croissance, décroissance et société

La question de la croissance ou de la décroissance ne se pose pas qu’au niveau individuel. Sur le plan collectif, les sociétés et tous les groupes humains sont amenées à croître, à se développer jusqu’à un certain point, au-delà duquel ils vont, au mieux, se stabiliser pendant un certain temps, sinon régresser et disparaître. Nous laisser croire que notre société va continuer de fonctionner indéfiniment comme actuellement relève du mensonge ou de l’inconscience.

Les ressources terrestres ne sont pas infinies...

Au XIXe siècle, on peut comprendre que les perspectives de développement économique aient paru illimitées et que l’on pensait pouvoir exploiter sans aucune restriction les ressources qui se trouvaient à disposition. Aujourd'hui, nous réalisons que la planète terre, malgré ses dimensions qui nous paraissent imposantes, n’est pas infinie : elle nous offre des ressources limitées. Même si les inventaires de ressources réalisés par le passé se sont avérés faux – la découverte de nouveaux gisements ou l’amélioration des techniques d’extraction ont permis de repousser les limites – nous sommes obligés d’admettre que ces limites existent. La plupart des études sérieuses sur le sujet affirment qu’à l’échelle mondiale, nous dépensons déjà chaque année davantage que le disponible. Autrement dit, en termes économiques, nous puisons dans notre capital commun, lequel par conséquent diminue.

Autrefois, on parlait de « gérer son bien en bon père de famille » ; il s’agissait de gérer avec prudence et discernement de façon à transmettre à ses descendants autant ou plus que ce dont on avait hérité. Cette expression est bien sûr désuète et un brin paternaliste, mais elle mettait l’accent sur la transmission : quelle terre voulons-nous transmettre à nos enfants et à nos descendants ? Nous voyons sous nos yeux notre environnement se dégrader de plus en plus vite, et l’influence des activités humaines sur le réchauffement climatique n’est mise en doute que par une minorité de gens, dont, hélas, le président de la première puissance économique mondiale…

Pourtant, pour beaucoup d’entre nous, nous évitons de nous poser ces questions ou, tout simplement, nous nous sentons totalement impuissants à y répondre. Il est vrai que les dirigeants n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la question, et les grandes conférences mondiales sont des montagnes qui accouchent de souris. En France, la croissance reste l’objectif de la plupart des partis politiques qui l’invoquent comme la condition absolument nécessaire au bien-être de tous. Albert Jacquard, dans son ouvrage Voici le temps du monde fini, analysait comment la pensée technologique influence de plus en plus les conceptions du monde. Il posait le diagnostic suivant : plus la science et la technique démontrent le caractère limité des ressources naturelles et moins, paradoxalement, les responsables politiques et économiques semblent en tenir compte.

Alors, je pense qu’une part de la réponse se trouve dans les mains de chacun de nous. Par exemple, dans la mesure du possible, je peux chercher à réparer ou faire réparer mes objets plutôt que de les jeter, à recycler, à limiter ma consommation d’énergie, etc. Si chacun de nous est attentif à ces aspects dans sa vie quotidienne, peut-être pourrons-nous améliorer le cours des choses ?

 

Renaud CHEREL

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mardi 14 février 2017

Croissance et décroissance personnelle


- « Moi, je ne me vois pas vieillir, s’exclame Victorine. Je suis au top de ma forme, j’ai un super-boulot, j’aime voyager et j’ai plein de projets en tête. Que ça doit être dur quand on se rend compte qu’on ne peut plus rien faire…

- Cela ne m’arrivera pas, répond Toussaint, parce que je me supprimerai avant. Je ne veux pas subir l’indignité de devenir un légume qu’on transporte dans un fauteuil roulant, et je milite pour qu’on obtienne le droit de mettre fin à sa vie quand on le veut.

- Comme vous y allez ! intervient Olive. Le vieillissement, c’est un processus naturel ; et il ne faut pas oublier que, s’il nous fait perdre certaines capacités, il nous en apporte d’autres, en expérience et en maturité. C’est comme pour le vin : l’important, c’est de bien vieillir. »

Nous vivons dans une société tournée ver le progrès, et tous les discours ambiants vont dans le sens d’une progression, d’une marche en avant, d’un développement… Pourtant, tout ce qui existe dans l’univers suit une loi inéluctable, celle d’un cycle de vie qui passe par une phase ascendante suivie par une phase de déclin. Tout être subit cette loi : il naît ou apparaît, grandit et se développe, puis, après une période de plateau plus ou moins longue, décroît et finit par disparaître ou mourir. Cela est vrai aussi bien pour les bactéries dont la vie entière se déroule sur une vingtaine de minutes que pour les arbres, lesquels vivent plusieurs millénaires pour certains. Et cette loi est encore vraie pour les choses inanimées, pour les montagnes dont la vie se mesure en millions d’années, aussi bien que pour les galaxies, qui perdurent des milliards d’années.

Sur le plan individuel, il me paraît important, essentiel même, de prendre cette loi en compte dans le déroulement de notre vie, alors que notre environnement social tente de nier cette réalité. Il nous faut bien accepter à un moment de notre vie de ne plus croître, puis de décroître. Chacun de nous est appelé à grandir et à se développer ; mais il nous faut bien prendre conscience que, si le cours de notre vie n’est pas interrompu par un accident brutal, nous allons nous amenuiser, d’abord physiquement, mais aussi intellectuellement, dans toutes nos facultés humaines et dans notre autonomie.

Cela ne nous empêchera pas de croître, mais d’une autre manière ou dans d’autres domaines que ceux de la force, de la puissance physique ou de l’agilité intellectuelle, privilégiés par la société. Car au fur et à mesure que ce type de capacités diminue, il peut nous être donné de progresser ailleurs, sur d’autres plans. Par exemple, gagner en humilité, en capacité d’écoute, dans notre aptitude à nous émerveiller, dans notre sensibilité à la beauté, dans notre disposition à savourer l’instant présent… La diminution de nos capacités les plus visibles et les plus présentables peut s’avérer comme une opportunité pour approfondir nos valeurs et faire surgir des potentialités qui ne s’étaient pas révélées jusque là.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

 

Renaud CHEREL

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mardi 7 février 2017

Savoir encourager

Cerise a beaucoup de mal à aider sa fille à faire ses devoirs et s’énerve rapidement : « Tu n’est pas capable de faire cet exercice ? Mais c’est super facile, pourtant ! Vraiment pas douée… Qu’est-ce qu’on va faire de toi, ma pauvre fille ? »

Georges, chef d’équipe dans une société de transport, ne cesse de houspiller son personnel : « Mais qu’est-ce qu’on ma fichu comme bande de manches, là ? Vous n’avez jamais appris à travailler ? C’est pas du boulot, ça, c’est ni fait ni à faire ! Refaites-le moi, et plus vite que ça ! »

Alix travaille bénévolement dans une association, mais ne peut pas s’empêcher de critiquer constamment les décisions qui sont prises : « Ils n’auraient pas dû faire ça, c’est complètement idiot ! Tous des incapables dans cette asso, comment veux-tu que ça fonctionne correctement ? »

Nous autres Français sommes les champions du cynisme : possédant souvent un sens critique aiguisé, dans toute situation notre premier réflexe est de pointer ce qui ne va pas. Pourtant, l’expérience montre que la critique est rarement la façon la plus efficace de faire progresser l’autre ou la situation en général. D’autant plus que la critique des faits, parfaitement justifiée, vire très facilement au jugement des personnes, ce qui provoque rapidement des dégâts et des souffrances inutiles. On peut arguer que la critique est stimulante : c’est vrai, à condition d’être employée avec finesse et discernement ; mais dans la plupart des cas, les encouragements donnent de bien meilleurs résultats. Ils sont efficaces vis-à-vis des adultes en situation d’apprentissage ou d’adaptation à une nouvelle situation, et plus encore quand on s’adresse à des enfants.


Encore faut-il savoir bien encourager. Encourager, c’est inspirer du courage, de l’assurance face à une situation nouvelle, inconnue ou difficile. Autrement dit, c’est inspirer la volonté de surmonter l’obstacle qui se présente, en y mettant l’énergie nécessaire. L’encouragement n’est pas un compliment, parole aimable qui met en valeur l’aspect, les qualités, les mérites de quelqu’un et lui fait plaisir.

Dans une étude sur des enfants, le Professeur Carol Dweck a montré qu’il existait deux façons d’encourager l’enfant, l’une positive (l’encouragement) et l’autre néfaste (le compliment). Dans le premier cas, l’encouragement porte sur ce qui dépend de la volonté du sujet et qui peut progresser : son travail, son attention, sa persévérance… Dans le second cas, le compliment porte sur des caractéristiques indépendantes de ses comportements : sa beauté, son intelligence... L’étude montre que la répétition de compliment donne des résultats inverses à l’effet recherché : l’enfant fera moins d’efforts et sera tenté de mentir pour se maintenir au niveau suggéré par le compliment.


Le second point sur lequel porter son attention, c’est de proportionner les encouragements à l’effort fourni et non à la performance : les individus n’ont pas tous les mêmes capacités ni la même expérience. On pourra demander bien davantage à la personne aguerrie qu’au novice. Cela peut paraître évident, mais demande un minimum de connaissance de la personne que l’on encourage.

Qu’en pensez-vous ?

 

Renaud CHEREL

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mardi 31 janvier 2017

Guérir de l'abandon

Le sentiment d’abandon est souvent lié à une expérience douloureuse précoce, dont on n’a pas fait le deuil et dont le souvenir persiste sans que nous en ayons conscience.

Pourtant, une telle expérience – ressentie, mais pas forcément réelle – peut aussi s’avérer positive. Il ne manque pas d’exemples des personnes qui, après avoir été abandonnées d’une façon ou d’une autre dans leur enfance, ont magnifiquement rebondi et ont su faire preuve d’ingéniosité, de courage pour surmonter les épreuves de la vie. Je pense à Anny Duperey qui a perdu ses deux parents accidentellement alors qu’elle était âgée de huit ans et demi. Autrement dit, la séparation leur a servi à gagner en autonomie, malgré les conditions brutales dans lesquelles elle s’est produite. Ils ont pu alors rebondir en faisant appel à leur créativité pour inventer des solutions nouvelles face aux problèmes auxquels ils furent confrontés par la suite, être plus résilients.


Inversement, des enfants surprotégés par leurs parents ou leur entourage peuvent se trouver ensuite démunis face aux aléas de l’existence. Faut-il alors aller jusqu’à souhaiter une certaine forme d’abandon pour permettre à l’enfant d’accéder à l’autonomie ? Je répondrai que oui, au moins de manière symbolique : en effet, dans sa vie fœtale et ses premiers mois après la naissance, l’enfant vit en union ou en fusion avec sa mère, il ne ressent pas de séparation entre « toi » et « moi », c’est-à-dire entre le monde extérieur et lui-même. C’est peu à peu qu’il va apprendre à se séparer du monde extérieur, à mettre une distance entre « moi », « toi », puis « lui » et « eux ». Dans ce processus, soit dit en passant, la figure du père joue un rôle important, comme symbolique de la séparation. Plus tard, pour permettre à cette évolution de se dérouler normalement, il sera nécessaire de marquer la distance entre parents et enfants et d’encourager ceux-ci à l’éloignement. Pour leur apprendre à se séparer de façon sereine et confiante, sans crainte d’être abandonnés : par exemple en leur laissant des moments de solitude dans la semaine, en les encourageant à dormir de temps en temps hors du domicile dans une autre famille, en allant passer des vacances seul ailleurs qu’avec les parents, etc.

Voilà des exemples d’action préventive concernant les enfants pour leur éviter – peut-être, car on ne maîtrise pas tout – d’éprouver un fort sentiment d’abandon une fois adultes. Mais que faire quand on l’éprouve soi-même ? Une façon de combattre ce sentiment d’abandon consiste à améliorer son image de soi, développer sa confiance en soi, apprendre à gérer ses émotions lorsqu’elles s’avèrent trop intenses. Pour cela, on peut avoir recours à des outils de développement personnel, seul ou en groupe.

Un travail avec un psychologue, un psychothérapeute ou encore une psychanalyse pourront permettre une exploration plus approfondie afin de déceler l'origine de cette peur d'être abandonné et d’apprendre à l’apprivoiser. Car je peux aussi apprendre à accepter ma partie blessée, à la nommer, à la reconnaître sans en avoir honte et à la réinscrire dans mon histoire personnelle aujourd'hui.

 

Renaud CHEREL

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mardi 24 janvier 2017

Abandon et sentiment d'abandon


Floriane, très attachée à son employeur et à son emploi, a bien réussi dans sa carrière professionnelle, mais sa vie personnelle n’est pas très heureuse. Toute son énergie consacrée au travail, elle a du mal à se faire des amis, mettant de la distance lorsque la relation devient trop proche. Et ses relations avec les parents sont plutôt orageuses, alors qu’elle désire toujours être aimée d’eux.

Côme collectionne les aventures amoureuses sans lendemain ; et pourtant, il rêve secrètement de trouver l’âme sœur, la femme avec qui partager le restant de ses jours. Quand il examine ses comportements, il se rend compte que, pour ne pas risquer la déception amoureuse, c’est souvent lui qui fait en sorte de provoquer la rupture.

Suzon est souvent en souffrance dans sa relation à l’autre et ses attitudes sont souvent excessives : elle peut passer des grandes démonstrations d’affection à l’agressivité et à la jalousie, ou bien se replier sur soi et s’enfermer dans son désespoir de ne pas être comprise. Elle pense qu’elle n'est pas assez bien, qu’elle n’est pas à la hauteur des attentes de l’autre.

Eugénie explique qu’elle est une personne très compliquée et se demande si quelqu’un est capable de la comprendre. Dans beaucoup de situations, elle se sent impuissante, en insécurité, et ressent souvent un fort sentiments d’injustice, tout en se sentant incapable d’intervenir.

Ces personnes souffrent du sentiment d’abandon, elles éprouvent l’angoisse d’être délaissée, la peur d’être quittées définitivement par ceux auxquels elles sont liées ou dont elles dépendent, ou encore la sensation d’être livrées au pouvoir d’un tiers sans capacité de se défendre. Ce sentiment peut naître à la suite d’un choc vécu dans l’enfance : enfant réellement abandonné par l’un de ses parents ou les deux, mais le plus souvent situations vécues subjectivement comme un abandon. Par exemple, un parent absent car absorbé par son activité professionnelle ; le décès d’une tante ou d’un grand-père auquel l’enfant était très attaché ; l’arrivée d’un bébé auquel les parents vont consacrer beaucoup d’attention ; le fait d’être confié à une nounou pendant que les parents travaillent… et même un événement vécu comme traumatisant pendant la vie fœtale. Mon expérience m’amène à penser que l’événement causal peut parfois remonter plus loin : des traumatisme vécus par les parents, grands-parents ou avant, qui n’ont pas été digérés et ont été transmis à la descendance.

Ainsi, un grand nombre de faits de la vie ordinaire peuvent agir comme déclencheurs du sentiment d’abandon. Bien sûr, la plupart d’entre nous vont oublier ces événements. Mais pour certaines personnes, l’émotion ressentie alors perdure, souterrainement, jusque dans leur vie d’adulte. En toute logique, elles peuvent conclure inconsciemment : « puisque j’ai été abandonné(e), c’est que je ne suis pas digne d’être aimé(e) ». Cette croyance est d’autant plus solide qu’elle est inconsciente ; et elle va colorer toutes les relations sociales et affectives, apportant son lot de souffrance et de solitude.

Pourtant, cette blessure n’est pas inguérissable. Nous verrons dans le prochain message que des chemins peuvent être empruntés pour en faire un atout.

 

Renaud CHEREL

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mardi 17 janvier 2017

Comment choisir plus sereinement


Il ne s’agit pas de faire le meilleur choix dans l’absolu, car dans la plupart des situations, il existe plusieurs choix possibles. Qui peut dire sur l’instant quelles seront les conséquences à long terme de tel ou tel choix ? Sauf en de rares exceptions, nous ne possédons pas toutes les données de la situation, et par conséquent nous ne savons pas si nous faisons le meilleur choix possible. Il peut arriver qu’une décision nous paraisse mal venue sur le moment, et puis s’avère positive par la suite en nous ouvrant des perspectives favorables et inattendues. À l’inverse, certains choix qui nous paraissaient raisonnables dans l’instant peuvent avoir des conséquences négatives non anticipées. Soyons donc modestes et acceptons de faire des erreurs.

Il s’agit ensuite de relativiser l’importance de nos choix : la plupart d’entre eux ne sont pas vitaux et leurs conséquences, positives ou négatives, auront un impact modeste dans notre vie. À l’inverse, d’ailleurs, si nous sommes confrontés à une situation de vie ou de mort (accident, urgence absolue), bien souvent nous n’hésitons guère et suivons notre instinct. Je me souviens d’une nuit où ayant entendu du bruit dans la maison, je me suis retrouvé en pyjama dans le noir face à la lampe torche d’un cambrioleur qui montait l’escalier. D’instinct je lui ai foncé dessus en criant ; lui, surpris, a fait demi-tour et a dévalé l’escalier. Je l’ai poursuivi dans le jardin, mais il a sauté le mur et a disparu dans la nuit. Après coup, je me suis dit que j’avais été bien imprudent : s’il avait été armé ? Mais c’était fait et les conséquences de mon geste avaient été heureusement positives.

Toutes les situations ne sont pas aussi dramatiques et urgentes. Il est donc utile d’avoir en tête les enjeux de mes choix. Si je dois choisir une tenue vestimentaire, les enjeux ne sont pas les mêmes si c’est dans le cadre d’une journée de travail ordinaire ou pour un rendez-vous avec un employeur potentiel. Quand les enjeux sont mineurs, à quoi bon hésiter trop longtemps ? Je me fais confiance et tout ira bien. Bien sûr, cela n’est pas si facile pour des tempéraments hésitants ; mais le fait de relativiser, d’écouter son intuition et de se faire confiance peut aider.

Si les enjeux sont plus importants – et que je ne suis pas dans une urgence absolue –, je peux prendre le temps d’identifier mon désir : qu’est-ce que je veux vraiment ? Où est-ce que je veux aller ? S’il est conseillé de préciser ma destination, il est utile aussi de savoir d’où je pars : quelle est ma situation actuelle ? Cela me permettra d’évaluer l’écart existant entre l’état existant et l’état souhaité, puis de mettre en place des moyens adéquats pour atteindre cet état souhaité, après avoir évalué au mieux les contraintes et les obstacles sur la route. Ensuite, dans le processus de décision, je peux évidemment prendre conseil de gens compétents dans tel ou tel domaine ; mais à la fin, je décide moi-même et j’assume mon choix.

 

Renaud CHEREL

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mardi 10 janvier 2017

Difficulté de choisir

Avant de se décider, Julienne a l’habitude de se renseigner, écoute différents avis, puis tranche en assumant la responsabilité de sa décision, sachant qu’il lui arrive de faire des erreurs. Quant à Victorien, il n’hésite pratiquement jamais et décide très vite sans trop considérer les conséquences. Mais il regrette rarement son geste : oui, il y a eu des dégâts collatéraux, mais à quoi servirait d’attendre une meilleure décision, qui, si elle arrive trop tard, serait encore pire ?

Mais tout le monde ne fonctionne pas comme Julienne ou Victorien, et en regardant autour de nous, nous constatons que beaucoup de gens ont des difficultés à choisir.

Ignace n’arrive pas à faire ses choix et hésite longuement entre les différentes options possibles. Quand il finit par faire un choix, c’est comme s’il se jetait à l’eau, les yeux fermés ; mais souvent, au regard de conséquences qu’il n’avait pas prévues, il le regrette ou bien en rejette la responsabilité sur d’autres que lui-même.

Clémentine hésite aussi, mais pour d’autres raisons, sous l’effet d’une certaine paresse, comme si l’acte de choisir lui demandait une énergie au-dessus de ses forces. Alors, elle préfère attendre un peu et remet sa décision à plus tard : peut-être que les événements feront en sorte qu’elle n’aura pas le choix…

Sheila a du mal à choisir, car il lui faut sécuriser ses choix. Elle va donc considérer au préalable toutes les conséquences, directes et indirectes, de chacune des options possibles, avant de choisir celle dont les implications seront les moins défavorables ; ces considérations lui prennent évidemment beaucoup de temps.

On peut penser que la façon de vivre actuelle joue dans notre difficulté à choisir.

Une première raison tient à la multiplicité des choix que nous avons à faire au quotidien, face à l’offre pléthorique de la société de consommation. Le moindre produit, le moindre service est disponible sous une multitude de prix, de formes, d’emballages différents, chacun avec ses avantages et ses inconvénients. Aux caractéristiques du produit lui-même s’ajoutent éventuellement des considérations sur l’impact que son acquisition peut avoir sur notre santé, sur l’emploi ou sur l’environnement. Tous ces éléments augmentent considérablement la difficulté du choix.

Une seconde raison tient à notre liberté de choix. En effet, dans la société où vivaient nos aïeux, la plupart des individus se conformaient au scénario défini par leur naissance. Leur classe sociale, leur sexe, leur place dans la fratrie, le métier de leurs parents, leur religion, et d’autres facteurs encore, déterminaient leur vie de façon assez précise et – pour la plupart d’entre eux – sans guère de remise en question. Aujourd'hui au contraire, même si ces éléments continuent d’exister pour chacun de nous, tout nous pousse à trouver par nous-mêmes notre épanouissement individuel. Chacun de nous porte sur ses épaules la lourde responsabilité de son développement personnel et de son propre bonheur. Du coup, les décisions que nous prenons ont un poids autrement plus lourd : même des choix anodins peuvent revêtir une importance quasi vitale pour certains d’entre nous.

Nous verrons dans le prochain message comment faciliter nos choix.

 

Renaud CHEREL

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mardi 3 janvier 2017

Offrir et recevoir des cadeaux


Des amis échangent sur les cadeaux de Noël.

-« Mon mari m’a offert un aspirateur, je n’ai pas trouvé cela très élégant ! s’exclame Servane. Je n’aime pas trop les cadeaux utilitaires, je préfèrerais quelque chose de plus romantique. Et puis qu’est-ce que ça veut dire ? Il trouve que je ne fais pas bien le ménage ? Il n’a qu’à le faire, lui !

- Moi, explique Mauger, pour ne pas risquer ce genre de mésaventure, j’offre des chèques ou des bons d’achat : ainsi la personne choisit ce qu’elle veut, elle ne pourra pas se plaindre d’avoir reçu un cadeau qui ne lui plaisait pas !

- C’est louable sur le principe, tempère Vivienne, mais tu reconnaîtras que ce n’est pas très poétique… Je préfère recevoir un cadeau de peu de valeur, mais dans lequel la personne s’est investie, a donné de son temps et de son imagination. Pour tout dire, les cadeaux qui me touchent le plus sont ceux qui ont été fabriqués par le donneur et non achetés à l’extérieur.

- Mais on ne peut pas fabriquer tous les cadeaux, objecte Prosper. L’important, c’est l’intention, et la manière de donner compte autant que le contenu, à mon avis. Cela dit, j’ai du mal avec ma sœur : rien ne lui plaît, elle a déjà tout… je tombe toujours à côté, et elle me le fait sentir, c’est humiliant… »

Pendant cette période de Noël et de la fin d’année, nous avons probablement reçu des cadeaux et nous en avons donné. Les enfants donnent et reçoivent spontanément, sans cacher leur plaisir ou leur déception. Pour nous adultes, c’est plus compliqué, les cadeaux s’inscrivent dans un tissu de relations sociales, réglés par des coutumes et des règles de convenance. À ce titre, ils ne sont pas neutre ni totalement gratuits : nous faisons des cadeaux pour faire plaisir à l’autre, mais aussi pour nous-mêmes. Peut-être pour plaire et nous sentir aimé de l’autre, pour nous rassurer, nous valoriser, pour conforter notre appartenance au groupe. Peut-être aussi parfois pour envoyer des messages ou régler des comptes avec certaines personnes.

En plus du message que je tente d’envoyer à l’autre, les cadeaux que j’offre disent quelque chose de moi-même et de ma relation au destinataire, et aux autres de manière générale. Car dans l’échange d’un cadeau, on peut dire qu’il y a trois personnes en présence : le donneur, le receveur, et le spectateur imaginaire de la représentation en cours. En cherchant à faire plaisir à l’autre, il peut arriver que j’offre ce qui m’a manqué, ce que j’aurais aimé recevoir ; c’est peut-être l’occasion d’affirmer mon originalité et ma singularité ; ou bien celle de prendre du pouvoir sur le destinataire, en lui offrant ce qu’il ne pourra jamais me rendre…

Se mettre à la place de la personne à qui l’on offre n’est pas toujours un exercice facile. Mais acceptons aussi de ne pas être parfaits et de nous tromper parfois.

Et vous, avez-vous fait des cadeaux ? En avez-vous reçu ? Et comment avez-vous vécu cela ?

 

Renaud CHEREL

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