Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

mardi 21 juin 2016

Fidélité et engagement

On s'engage vis-à-vis des autres, mais aussi
par rapport à soi-même.
La fidélité est active : on ne peut pas dire qu’un rocher est fidèle à son environnement simplement parce qu’il reste planté là. Non, la fidélité est indissociable de l’engagement ; elle résulte d’une décision, d’un acte par lequel la personne s'engage à accomplir quelque chose, d’une promesse par laquelle elle se lie. S’engager (volontairement), c’est librement donner quelque chose en gage, donc prendre un certain risque. Évidemment le risque est différent selon la dimension de l’engagement. Le risque de la fidélité est d’ailleurs souvent subjectif : celui de perdre des opportunités ailleurs.

Le risque de la fidélité conjugale, c’est de perdre la possibilité de s'engager avec une autre personne ; en amitié, c’est de passer à côté de milliers d’autres "amis" faute de temps. Le risque de la fidélité à une promesse donnée, ce peut être des difficultés imprévues, des conséquences non anticipées, mais aussi l’impossibilité de s’engager dans une voie contradictoire. Celui de la fidélité à un fournisseur, c’est de laisser passer des offres commerciales plus intéressantes.

Si la fidélité est liée à la notion d’engagement, elle implique donc une prise de responsabilité : l’individu qui s’engage pour défendre une cause, une valeur, un idéal, pour respecter une promesse, un contrat, endosse une certaine responsabilité. Et celle-ci est elle-même lié à l’exercice de sa liberté. En effet, peut-on vraiment parler d’engagement volontaire, peut-on parle de prise de risques si ceux-ci sont pris sous la contrainte ? Soyons réalistes, cependant : il nous arrive bien souvent de nous engager sans être totalement libres, ne serait-ce que sous la pression sociale, sous le regard des autres. 

Il existe d’ailleurs un chapitre de la psychologie sociale qui traite de cette question. La théorie de l’engagement examine notamment toutes les techniques de persuasion pouvant amener quelqu’un à s’engager : ce que les auteurs appellent la « soumission librement consentie ». Il n’est pas inutile de prendre conscience de la façon dont nous fonctionnons à cet égard, pour être finalement plus libre, plus fidèle à nous-même.

Enfin, la fidélité implique bien entendu une notion de durée : on ne peut parler de fidélité si l’engagement pris est rompu aussitôt qu’il a été prononcé. La fidélité se conjugue avec le temps, elle requiert des jours, des mois ou des années pour acquérir tout son poids. La fidélité est donc exigeante, elle demande un certain effort pour s’y tenir. C’est bien la raison pour laquelle, dans notre société qui valorise la facilité et la satisfaction immédiate, elle n’est guère promue. Les publicitaire ne s’y trompent pas, qui multiplient les offres commerciales sans engagement : ils ne font que s’accorder à l’air du temps.

« Alors, me direz-vous, pourquoi chercher à être fidèle dans ses engagements, si c’est aussi difficile ? » Il me semble que la fidélité est d’abord fidélité à soi-même : en m’engageant, j’engage moi-même, j’engage ma personne. Et en étant fidèle à mes engagement, je suis congruent, je donne une cohérence à ce que je suis, ce que je fais, ce que je dis.
Et cela n’a pas de prix.



Renaud CHEREL

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