Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 4 janvier 2016

L'oubli

Qui n'a pas été victime d'un oubli ?
Quatre amis discutent en prenant le café.

-« Vous vous souvenez quand on a fait cette virée dans les Alpes aux vacances de Noël ? interroge Sibylle. C’était vraiment sympa !
- C’était il y a cinq ou six ans, non ? Je ne me souviens plus très bien, je vais skier dans les Alpes tous les ans, alors tout ça se mélange un peu dans ma tête… répond Vivien.         
- Mais si, souviens-toi, les magasins étaient fermés le soir, on avait ouvert des boîtes de cassoulet ! insiste Reine.       
- Je ne me souviens pas de ces détails, commente Paco, mais seulement de la galère pour mettre les chaîne sur la voiture. »

La plupart d’entre nous avons connu ce genre d’échange, où l’on constate que chacun ne retient pas les mêmes éléments d’un événement vécu en commun : certains détails sont mis en relief dans notre mémoire, alors que d’autres semblent complètement effacés. Mais, aussi étonnant que cela puisse paraître, l’oubli a une fonction primordiale chez les êtres vivants. L’oubli est la condition nécessaire pour gérer les priorités, pour faire le tri entre l’important et l’accessoire. C’est un mécanisme très efficace, car sans lui, on ne pourrait pas se concentrer sur une tâche sans que la précédente nous encombre l’esprit et nous empêche de mémoriser ce qui est nouveau. Par ailleurs, certains souvenirs pourraient être douloureux et lourds à porter si l’on s’en souvenait quotidiennement, et l’oubli permet de les écarter. À condition toutefois qu’ils ne soient pas trop traumatique, car dans ce cas c’est souvent l’inverse qui se produit : ils reviennent de façon récurrente sans que l’on puisse s’en débarrasser, comme si le mécanisme était faussé.

Pour les neurologues, notre cerveau n’est pas programmé pour tout retenir : l'oubli fait partie du bon fonctionnement de notre mémoire, qui opère naturellement et automatiquement une fonction de sélection. Nous ne retenons que les informations subjectivement importantes pour nous. « Nous oublions 90% de ce que nous apprenons en moins de trois jours » affirmait le psychologue allemand Hermann Ebbinghaus. L’ennui, c’est que notre volonté ne peut pas grand-chose sur le tri de nos souvenirs : ce sont essentiellement des mécanismes inconscients qui opèrent. Par contre, nous pouvons agir consciemment sur nos apprentissages qui, une fois consolidées, résisteront mieux à l’oubli.

Le processus d’oubli n’est pas encore bien élucidé par les spécialistes, mais on peut l’attribuer à plusieurs causes :
- Le déclin de la mémoire : celle-ci se dégrade et se fragmente au cours du temps comme tous les processus biologiques. Le fait d’exercer sa mémoire limiterait ce type d’oubli.
- Le trouble de la récupération : l'information est bien stockée quelque part, mais avec peu de relations avec d’autres souvenirs ou des indices de récupération inappropriés.
- Le refoulement : selon la psychanalyse, des mécanismes inconscients nous font oublier des faits déplaisants ou angoissants liés à des traumatismes passés.
- L’interférence : il y aurait oubli d'une donnée parce qu'une autre (plus ancienne ou plus récente) empêche sa récupération.

Dans le prochain message, nous verrons comment gérer l’oubli.


Renaud CHEREL


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