Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

mardi 27 décembre 2016

Meilleurs vœux 2017!

Meilleurs vœux pour l'année 2017 ! Je vous propose d'élargir notre perspective...




Renaud CHEREL


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mardi 20 décembre 2016

Le blues de Noël

-« Ah, Noël, c’est merveilleux ! s’écrie Magali. Toutes ces lumières, la joie des enfants devant les vitrines et leur impatience en attendant les cadeaux, c’est formidable, ça me rappelle mon enfance. J’adore me promener au marché de Noël, rencontrer des gens, partager ma joie en achetant des choses à offrir à ceux que j’aime…       
  
- Noël, c’est d’abord une fête chrétienne, précise Jean-Baptiste : on fête la naissance de l’enfant Jésus – même si ce n’est pas sa vraie date d’anniversaire – celui qui est venu pour nous sauver de notre médiocrité. Alors notre joie, elle ne vient pas des cadeaux, mais de cette bonne nouvelle !  
  
- Moi qui ne suis pas croyant, je déteste cette période de fin d’année ! rétorque Norbert. Quelle hypocrisie ! Tous ces gens qui se font des cadeaux et de grandes courbettes par devant et qui se plantent des couteaux dans le dos, ça me sort par les yeux ! Le monde est cruel et ce ne sont pas les illuminations de Noël qui me feront changer d’avis.

- J’aimais bien les fêtes de Noël et de fin d’année quand j’étais plus jeune, glisse Pernelle ; mais maintenant, je suis toute seule : mon mari est parti dans les bras d’une autre, mes enfants sont loin et n’ont pas le temps de venir me voir. Personne ne fait attention à moi ; alors, quand je vois tous ces gens qui s’amusent, ça me fait un gros pincement de cœur et je me sens triste. »

Le rituel dans fêtes de fin d’année, ressenti comme obligatoire, et son caractère familial, peuvent provoquer la mélancolie, ou raviver des blessures (séparations, deuils, mésententes…) chez certains d’entre nous : c’est le « blues de Noël ». D’après les sondages, Noël ne présente un caractère religieux que pour 15% des Français. La face la plus visible de ces fêtes est la consommation à outrance de produits de toutes sortes, et ce consumérisme souvent effréné, aussi bien que la nécessité éprouvée de maintenir les apparences, ne répondent pas à la demande plus spirituelle que peuvent éprouver les uns ou les autres.

Existe-t-il des moyens de réagir contre ce blues ? Le premier qui me vient à l’esprit, c’est de se tourner vers les autres : si je me retrouve seul(e), je pourrais, pourquoi pas, inviter telle personne de mon entourage dont je sais qu’elle est seule ? Ou bien je pourrais donner du temps pour une action collective en faveur de plus malheureux que moi : il y a certainement pas loin de chez moi une association à laquelle je pourrais participer : Resto du Cœur, Repas de Noël des isolés, association caritative…

Si l’ambiance familiale m’est difficile à supporter, si les mêmes vieilles rancœurs remontent toujours à cette période, pourquoi ne pas me tourner vers des amis et partager un bon moment avec eux ? Profiter de cet espace de temps pour m’offrir un moment de vraie détente, seul, à deux ou à plusieurs, dans un autre cadre ?

Quelle que soit votre situation, je vous souhaite un excellent Noël !

 

Renaud CHEREL

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mardi 13 décembre 2016

Vive l'écriture!

Vous l’aurez deviné, cher lecteur, j’aime écrire, j’aime utiliser ce merveilleux outil qu’est l’écriture.

Si le langage est une faculté innée – un enfant a besoin d’apprendre sa langue, mais il possède dès la naissance les outils de structuration du langage – l’écriture ne l’est pas. Même si le fait d’écrire peut nous paraître aller de soi, on peut affirmer que l’écriture est une technique parmi d’autres, qui a d’ailleurs été inventée par les humains très tardivement, bien après la maîtrise du feu ou la taille des outils de silex. L’écriture, et la lecture, sa contrepartie, sont d’invention très récente : que représentent cinq mille ans au regard des centaines de milliers d’années de notre préhistoire ? Rappelons que l’Histoire ne commence, par définition, qu’après l’apparition de l’écriture, une invention prodigieuse.

Tablette d'argile avec écriture cunéiforme (Babylone)

Je l’ai toujours pensé, mais j’en suis aujourd'hui encore plus convaincu depuis que je travaille sur ma généalogie familiale. Grâce à l’écriture, pas celle de mes ancêtres qui souvent étaient illettrés, mais celle du maire ou du curé de leur village, ou encore celle du notaire familial, j’ai aujourd'hui accès à des milliers d’informations concernant les grands événements de leur vie, leur cercle de relations, leur métier ou leurs occupations.

Bien sûr, d’autres moyens peuvent nous renseigner sur les activités de nos prédécesseurs : les peintures de Lascaux ou autres sont des témoignages extraordinaires. Mais elle ne nous disent pas ce que pensaient et ressentaient nos lointains ancêtres. Au contraire, en lisant le Journal d’Anne Franck, je peux partager les émotions de cette jeune fille ; en déchiffrant de Catilina, écrit en 63 de notre ère, je peux savourer l’argumentation de ce grand orateur qu’était Cicéron ; en lisant Moby Dick de Melville, je découvre la vie des pêcheurs de baleine du XIXe siècle. 

L’écriture a permis et accompagné les fulgurants progrès de l’humanité. Grâce à l’écriture, nous avons des informations très détaillées sur l’Histoire humaine depuis quelques millénaires. Mais surtout, grâce à l’écriture, qui a permis de transmettre à distance et dans le temps les savoirs d’un individu ou d’un groupe limité, l’humanité a pu progresser de façon fantastique dans la plupart des domaines, de la technique à la philosophie et du commerce à la littérature. Sans parler des religions : sans la Bible, le Coran ou la Bhagavad Gita, que seraient le judaïsme, le christianisme, l’islam ou l’hindouisme ?

Pourtant, comme beaucoup d’autres techniques, l’écriture fut critiquée en ses débuts : il y a environ 2400 ans, Socrate considérait l’écriture comme mauvaise en soi. Ses critiques nous sont d’ailleurs parvenues par le moyen de l’écriture, puisque son opinion nous a été transmise par Platon dans le Phèdre et dans la lettre VII contre l’écriture. Socrate pensait que l’écriture détériorait la mémoire des gens, qui comptaient sur une ressource externe plutôt que sur leurs ressources personnelles : en somme, la pratique de l’écriture affaiblissait l’esprit. Il est amusant de constater que le même genre d’arguments a été repris contre l’imprimerie et, plus récemment, contre l’ordinateur et Internet.

Ne craignons donc pas les nouveaux moyens de communication, et vive l’écriture !

 

Renaud CHEREL

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mardi 6 décembre 2016

Vivre ensemble


Dans notre société de plus en plus mélangée, le vivre-ensemble n’est pas toujours facile. Pour illustrer ce propos, voici une scène vécue personnellement à Paris.

Je prends le métro à Nation, station de départ de la ligne 6. Les wagons sont presque vides ; je monte au hasard et m’installe côté couloir à un endroit où se trouvent quatre places en vis-à-vis, tandis qu’une dame d’une trentaine d’années, assez forte, à la peau noire, s’assied à la place en diagonale en face de moi, côté fenêtre. Juste avant le départ du train, une troisième personne arrive : c’est une dame d’une soixantaine d’années, plutôt petite, le visage un peu émacié, très maquillée, vêtue assez élégamment d’une jupe et d’une petite veste rouge vif. Elle fait mine de s’installer à côté de moi, côté fenêtre, aussi je me lève pour la laisser passer. Tout d’un coup, son visage s’empourpre et elle explose, s’adressant violemment à la jeune femme noire : 
    
-« Vous pouvez pas vous asseoir correctement, non ? Vous voyez pas que vous prenez toute la place ? reculez vos genoux, que je puisse m’asseoir ! 
      
La jeune femme interpellée réagit aussitôt : - Et puis quoi encore ? Vous voulez peut-être que je me les coupe, mes jambes ?       

Voyant que les choses risquent de s’envenimer, je m’assieds à côté de la jeune femme noire et je désigne ma place à la dame en rouge : 
     
- Peut-être ainsi aurez-vous assez de place pour vos jambes ?
Elle s’assied en face de moi en grommelant :      
- Le monsieur, au moins, il est assis correctement. C’est pas difficile de s’asseoir correctement !... Du coin de l’œil, elle me regarde, cherchant mon approbation. Comme je ne bronche pas, elle change de tactique, s’adressant à la jeune femme :           
- Vous pourriez surveiller votre régime ! Je ne sais pas ce que vous mangez pour être grosse comme ça !

L’autre répond, tout en restant dans les limites de la politesse :     
- Cela ne vous regarde pas, ce que je mange. Je ne vous demande pas votre âge, moi !
La première continue sur le même ton, tout en jetant des regards victorieux alentour :           
- Moi, je suis née ici, et c’est pas vous qui allez me prendre ma place et me dire ce que je dois faire ! » 

Manifestement, elle quête mon approbation, mais je ne lui accorde pas un regard.
Partisan de la communication non violente, j’ai choisi la stratégie de ne rien dire : agresser verbalement la dame en rouge en la traitant de raciste, c’était entrer dans son jeu. Mon attitude la fera peut-être réfléchir, même si je n’en suis pas complètement sûr. Après son départ, quelques stations plus loin, j’en discute avec ma voisine, la jeune femme noire, qui me dit ne pas trop lui en vouloir, même si elle avoue avoir un peu perdu son calme. Mais elle se dit prête à la réconciliation si l’autre en faisait la demande.

Et vous, comment auriez-vous réagi dans une pareille situation ?

 

Renaud CHEREL


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mardi 29 novembre 2016

Divertissements et loisirs

Réjane adore aller au cinéma, à la fois pour voir les derniers films sortis, mais aussi pour l’ambiance particulière qu’elle trouve dans les salles et les échanges avec d’autres spectateurs.

Urbain, lui, est un passionné de foot et, fan de l’équipe de sa ville, il ne rate aucun de ses matches, auxquels il assiste muni de tous les accessoires nécessaires. Il apprécie aussi les troisièmes mi-temps et leur atmosphère chaleureuse pendant lesquelles on refait la partie.

Quant à Vianney, il préfère s’adonner à la photo d’animaux sauvages, qu’il pratique de préférence seul, faisant de longs affûts en forêt ou au bord d’un étang pour saisir l’instant magique, au crépuscule ou à l’aurore.

Dans son sens actuel, le divertissement est l’action de distraire ou de se distraire en s’amusant. Ainsi compris, le divertissement appartient donc à l’ensemble plus vaste des loisirs (certains loisirs studieux ne sont pas des divertissements). Dans un sens plus ancien, le divertissement est l’action de détourner de ce qui occupe. Plus précisément, pour les philosophes, c’est une occupation qui détourne l’homme de la pensée des problèmes essentiels qui devraient le préoccuper. Blaise Pascal en particulier a développé cette thématique. Selon lui, nous sommes tous à la recherche de divertissement, qui offre une consolation face à la difficulté d’être soi, d’être en paix avec ce que l’on est. Le divertissement permet de fuir l’idée de notre mortalité, de l’écoulement inexorable du temps et de notre faible degré de liberté dans le déroulement de notre existence.
Pour Blaise Pascal, le divertissement ns permet de ne plus
penser aux questions existentielles
Quant au mot loisir, il vient du latin licere, être permis : c’est le temps dont on peut librement disposer en dehors des occupations habituelles et de leurs contraintes. À partir de cette définition, on conviendra qu’il ne peut y avoir de temps libre, ressenti comme tel, que s’il est différencié d’un temps contraint. Et l’on constate que le concept de loisirs s’est historiquement développé à partir du moment où le temps de travail s’est trouvé nettement délimité. Il s’est généralisé dans les sociétés industrielles à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. On a commencé alors à distinguer le temps de travail et le temps libre, lequel comprend le temps biologique - sommeil, repas, hygiène corporelle -, et le temps pour soi, qu’on peut désigner par loisir. Dans d’autres sociétés, non industrielles, et chez nous avant cette délimitation claire, l’homme du peuple disposait assez librement de son temps de travail, lequel pouvait être interrompu par les aléas climatiques ou diverses occasions qui se présentaient spontanément.

Mais dans nos sociétés, depuis cette époque, une discipline de travail stricte a progressivement imposé un temps de travail bien délimité, dans le cadre d’une efficacité et d’une productivité accrues. Ce temps de travail bien organisé et circonscrit provoquera à son tour la revendication d’un temps pour soi : journée de travail de huit heures, repos dominical ou hebdomadaire, puis congés payés.

Aujourd'hui, nous sommes arrivés à une civilisation des loisirs où tout se passe comme s’il fallait absolument remplir ce temps dont nous disposons par un maximum d’activités. Serions-nous donc contraints d’occuper notre temps libre ?



Renaud CHEREL



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mardi 22 novembre 2016

Parler d'amour

Parler d’amour… dans notre belle langue française, le verbe aimer est un peu mis à toutes les sauces : on dit j’aime ma femme ou j’aime mon mari ; mais aussi j’aime mes enfants, j’aime le chocolat, j’aime la nature ou j’aime faire du vélo. Le verbe aimer vient du latin amare, et amour vient de amor ; ces mots avaient sensiblement le même sens en latin qu’en français. Il peut être intéressant de regarder comment, dans d’autres langues, on exprime la notion d’amour.

En italien, « je t’aime » se dit ti amo. Mais pour exprimer aimer au sens d'apprécier, les Italiens utilisent le verbe piacere, un verbe que l’on pourrait traduire par « cela me plaît ».
En espagnol, « je t’aime » se dit yo te amo ou yo te quiero, ce qui pourrait se traduire par « je te veux ». Pour les objets, on préfère utiliser le verbe gustar.
En anglais, « je t’aime » se dit I love you, mais pour les objets ou la nourriture, on utilisera plutôt le verbe to like : trouver agréable, plaisant, satisfaisant.
En allemand, « je t’aime » se dit ich liebe Dich ; mais pour des objets ou des mets, l’allemand préférera utiliser les expressions gern haben ou gern trinken (avoir ou prendre volontiers).

Pour moi, j’aime bien la façon dont les anciens grecs désignaient l’amour humain, en utilisant trois mots différents : éros, philia et agapè.

Éros : tout le monde connait le petit dieu joufflu qui tire ses flèches dans le cœur des amoureux. C’est le côté instinctif, physique, charnel de l’amour ; c’est l’éros qui parle dans l’élan amoureux, dans cette envie de l’autre, de son contact, qui nous pousse à séduire l’autre. En français, les termes dérivés d’éros, comme érotisme, ont bien ce sens-là. Éros, cet instinct amoureux, c’est aussi une force créatrice, une énergie vitale, qui se traduit par une fécondité. Cette fécondité peut s’exprimer dans différents registres : fécondité physique par le fait d’avoir des enfants, mais aussi celle mentale des penseurs, créatrice des artistes, spirituelle des mystiques...

Philia : c’est une relation d’estime mutuelle, d’égal à égal : dans cette forme d’amour il y a un échange, une réciprocité. La racine grecque philia se retrouve dans philosophie, amour de la sagesse, ou bien dans hydrophile, qui aime l’eau. C’est un amour qui s’intéresse, qui recherche l’autre, avec qui échanger sur un pied d’égalité. On pourrait traduire philia par amitié. Non pas au sens de la camaraderie, mais quelque chose de plus profond, l’ami proche sur lequel je peux compter, et pour qui j’éprouve une grande estime.

Agapè, c’est l’amour du prochain, l’amour gratuit qui n’attend pas de réciprocité. Depuis très longtemps, agapè a été traduit par charité ; malheureusement, on attache à ce mot de nos jours une connotation négative, un côté condescendant qui n’existait pas à l’origine. Agapè est un amour élargi, tourné vers les autres quelle que soit leur situation sociale ou matérielle, un amour désintéressé et universel.

Et de votre côté, qu’en dites-vous ?



Renaud CHEREL

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mardi 15 novembre 2016

Modérer ses excès?

Comment modérer ses excès ? Avant de répondre à cette question, précisons que les excès peuvent toucher de très nombreux domaines, comme par exemple :  
- les comportements alimentaires : boulimie et anorexie, gloutonnerie ou goinfrerie ;        
- les excès menant aux addictions et dépendances : drogue, alcool, tabac… sans oublier les dépendances sans substance : jeu, sport, sexe, Internet, travail, etc.      
- mais aussi les excès dans le domaine affectif : hypersensibilité ; excès de confiance et crédulité ; excès de gentillesse ; jalousie excessive ; susceptibilité ou méfiance excessive et surinterprétation…


De leur côté, les personnes souffrant de troubles bipolaires vont osciller entre des excès contradictoires, entre le « trop » et le « pas assez ».

On peut facilement imaginer que, face à ces excès extrêmement variés, les solutions à proposer soient, elles aussi, très diverses et prennent en compte le comportement particulier de la personne et éventuellement son histoire, notamment dans le cas des addictions.

Cependant, une personne excessive en tout peut très bien se satisfaire de ce qu’elle est et ne pas avoir envie de changer : elle croque la vie à pleines dents, pourquoi changer, les autres n’ont qu’à s’aligner. On peut affirmer que cette personne ne changera que si elle a décidé de changer. Les conseils extérieurs auront peu d’influence sur elle, et ce d’autant moins s’ils proviennent d’un intervenant dont les compétences ne sont pas validées à ses yeux. En effet, elle a besoin de contrôler la situation et de prendre elle-même les décisions. Vis-à-vis d’une telle personne, le conseil extérieur doit donc être donné à bon escient, seulement s’il est demandé et impérativement après une écoute attentive de la demande.

Face à ce type de personne qui se protège par une armure et ne laisse pas facilement apercevoir ses vulnérabilités, un apprivoisement réciproque est nécessaire. N’oublions pas que l’excès est souvent corrélé avec un certain déni de ses propres faiblesses et des comportements qui en découlent. L’apprivoisement peut passer par des activités réalisées ensemble, car l’excessif fonctionne beaucoup à l’instinct, et il lui faut souvent dissiper son énergie excédentaire par le corps. 

Ensuite seulement, on pourra solliciter son mental, utiliser le raisonnement et l’argumentaire pour mettre en lumière les inconvénients de son comportement excessif et l’intérêt d’une certaine modération. On veillera à ne pas affirmer "Tu as mal fait", car ce genre de message ne passe pas du tout et risque de bloquer la personne ou même l’inciter à en faire encore plus. Au contraire, lui dire : "Tu as fait à ta manière, et tu vois les résultats ; je voudrais que tu utilises telle façon de faire. Puis on en reparlera ensemble". Pour les sujets qui connaissent des excès affectifs, on portera plus particulièrement l’attention sur la valorisation de la personne et sur l’amélioration de son estime de soi.

La personne peut décider de s’en sortir seule et travailler sur soi ; cependant, dans tous les cas, le recours à un tiers neutre est bénéfique, à condition que cela passe par un échange bienveillant et sans jugement.



Renaud CHEREL

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mardi 8 novembre 2016

Excès ou modération?


-« Je fais tout à l’excès, affirme Charlotte, je fonce tout de suite. La nourriture, j’arrive pas à m’arrêter. Excès dans mes paroles, après j’ai des regrets : ça va vite, je le sors, et puis je me dis : "Merde !" mais c’est déjà parti…

- Pour moi, je réagis à tout au quart de tour, rétorque Abel. Je suis le dernier de six enfants : pour exister, il fallait faire du bruit. Aujourd'hui, je prends ma place avec violence là où je vis et dans mon travail. Ça ne me facilite pas toujours la vie, parce que dans mes excès il n’y a pas de mesure, évidemment. J’aime la vitesse : je compense en faisant de la moto à 250 km/h, c’est jouissif.

- Euh… Ce n’est pas exactement mon comportement, glisse Edgar. Je suis assez prudent et j’ai plutôt tendance à examiner la situation avant de me lancer dans quelque chose. Comme le dit le proverbe, je préfère tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler. Du coup, je laisse parfois passer les occasions sans les saisir…

- Pour moi, l’excès est du côté émotionnel, explique Églantine ; mes émotions sont intenses, je passe par des hauts et des bas sans arrêt. Par exemple tombe facilement amoureuse, mais très vite il y a des grains de sable, les défauts de l’autre deviennent insupportables et la relation ne dure pas très longtemps. Après la rupture, je regrette et je me reproche la façon dont je m’y suis prise. »

« L’excès nuit en tout », affirme un dicton. Mais, du point de vue personnel, les choses ne sont pas aussi simples, car certaines personnalités ont plus que d’autres une propension à faire des excès. Ces personnes ont en général un formidable appétit de vivre et veulent ressentir tout à fond, sans demi-mesure. En général, ce sont des personnes directes, qui disent ce qu’elles pensent sans ambages ; les hésitants les ennuient et elles ne supportent pas ceux qui « tournent autour du pot ». Elles ont du mal à mesurer les « dégâts collatéraux » de leurs dires ou de leurs actes, et pour cette raison font souvent peur à leur entourage. Ayant tendance à faire des excès, ces individus – mais pas seulement ceux-là – peuvent tomber dans des comportements d’addiction et de dépendance : drogue, jeux, sexe, alcool, tabac…

Églantine, elle, présente un autre type de personnalité excessive, caractérisée par une instabilité affective. Celle-ci est liée à un profond sentiment d’abandon contre lequel elle lutte en idéalisant son partenaire. Mais celui-ci n’étant pas parfait, il ne tarde pas à se montrer inférieur à l’image projetée sur lui, d’où la rupture. Églantine, qui n’est pas bête, se rend bien compte de ce qui se passe, mais elle vit son comportement comme irrépressible.

Peut-on supprimer ses excès ? Sauf accident, on ne peut pas changer le fond de sa personnalité ; par contre, on peut en modifier l’expression ; d’ailleurs, l’expérience aidant, beaucoup de gens se modèrent avec l’âge. Nous examinerons quelques moyens dans le prochain message.



Renaud CHEREL



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mardi 1 novembre 2016

Souviens-toi que tu vas mourir


Il est de tradition, dans les pays d’influence chrétienne, d’aller se recueillir sur les tombes de nos proches le 1e novembre (jour de la Toussaint) ou le lendemain (commémoration des défunts), coutume assez répandue en France, même parmi les non-croyants. À l’origine, le choix de la date a probablement été lié à la symbolique de cette saison d’automne, marquée par la diminution de la longueur des jours, par la chute des feuilles et l’arrivée des premiers froids, ainsi que de la mise en hibernation de certains animaux, tous signe d’un ralentissement de la vie dans la nature et indirectement annonciateurs de la mort. Les pratiques funéraires figurent parmi les caractéristique des êtres humains, et nos ancêtres les plus reculés marquaient déjà leur respect envers les morts.

Il est certainement bon de trouver quelques occasions dans l’année de songer à notre fin dernière. Car dans la vie quotidienne, pris par nos activités et nos préoccupations, nous n’y pensons pas trop. Ou plutôt, nous éloignons cette perspective de notre conscience, car au fond la mort, qui représente le mystère ultime, la mort nous effraie. Et tous nos divertissements ne seraient que des moyens d’échapper à la pensée de notre condition mortelle.

Et pourtant, lorsqu’on y songe, on découvre que la mort est intrinsèquement liée à la vie, comme l’ombre à la lumière, comme les deux faces d’une même pièce. Il n’y a pas de vie sans mort ; on peut même ajouter que, dans ce monde matériel qui nous entoure, il n’y a pas d’existence sans mort. Tout doit mourir, tout doit partir. Tous les hommes mourront un jour, toutes leurs réalisations, toutes les villes et les monuments qu’ils ont construits périront. Même les plus hautes montagnes, l’Everest et tous les orgueilleux pics de l’Himalaya disparaîtront un jour, de même que notre terre, le soleil et toutes les étoiles… Mais cela est évidemment bien loin de nous.

Bien plus près, je peux évoquer le fait que je suis d’une certaine façon mort à ce que j’ai été : je ne suis plus le bébé que j’étais il y a quelques décennies, ni l’enfant ou l’adolescent que je fus, avec ses projets, ses interrogations et ses contradictions. Non seulement je ne peux pas revenir en arrière dans mon passé, mais si j’y revenais, je ne serais pas la même personne, car riche d’une autre histoire. Il faut donc me faire une raison : ce temps-là ne sera plus jamais et c’est donc une petite mort dont j’ai à faire le deuil. À chaque étape de ma vie, nourrisson, enfant, adolescent, jeune adulte, adulte, vieillard, décrépit, j’ai à porter le deuil de celui que j’étais et que je ne serai plus jamais. En poussant ce raisonnement à sa suite logique, je peux dire que, d’une certaine façon, je meurs à chaque instant que je vis, puisque je ne suis plus ce que j’étais précédemment.

Ces réflexions vous donnent peut-être le tournis, mais ce me semble être une façon de faire face à l’idée de votre mort. Memento mori : souviens-toi que tu vas mourir.



Renaud CHEREL

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mardi 25 octobre 2016

Être informé n'est pas connaître

"L'arbre de la connaissance"

Dans notre société, nous sommes constamment bombardés d’informations venant de toutes parts. En plus des moyens traditionnels de communication comme l’échange direct par la parole, le téléphone ou la lecture de journaux, sont apparus en quelques dizaines d’années de nombreux outils via Internet, courrier électronique, forums de discussions, chats, visioconférences et autres. Ces outils permettent de s’informer sur pratiquement tout, et cela très rapidement. Pour les individus comme pour les entreprises, ils sont quasiment devenus indispensables. Pour les premiers, afin d’être normalement insérés dans la société, de pouvoir échanger sur les faits d’actualité, de tirer parti au mieux de ce que proposent les services modernes. Pour les secondes, pour s’informer sur les changements et évolutions de leur environnement, leur clientèle, leurs concurrents.

Information vient du latin informatio, de la racine forma signifiant forme, moule, et désigne les renseignements sur quelqu’un ou quelque chose et par extension l’action de les diffuser.

Au départ, on perçoit ou reçoit des données et c’est leur interprétation qui constitue une information. Celle-ci est donc plus élaborée que la donnée mais, à mon sens, elle l’est moins que la connaissance.

Connaître vient du latin cognoscere, de la racine gen/gno, signifiant savoir (d’où dérive to know en anglais). Connaître, c’est se faire une idée de quelque chose ou quelqu’un, mais aussi avoir vécu, ressenti. En français, on peut dire que co-naître c’est naître avec, même si cela n’a pas de rapport direct avec l’étymologie du mot. Mais cela donne une indication sur la profondeur de celui-ci : à la différence de l’information, qui aujourd'hui plus encore qu’hier peut être instantanée, il me semble que toute connaissance vraie exige d’y consacrer du temps. La connaissance de quelque chose ou de quelqu’un, pour être réellement intégrée, doit être en quelque sorte digérée ; elle requiert un « vivre avec » qui se déroule dans le temps.

Une information deviendra une connaissance quand la personne, avec ses connaissances et compétences antérieures, se la sera appropriée. Cette appropriation varie selon les individus, leur histoire, le contexte dans lequel ils évoluent, et leur motivation.

Un exemple pour illustrer mon propos :
39°5 est une donnée. Mais sans contexte, difficile de savoir ce qu’elle représente. Par contre, associée à des données comme la pression artérielle, le rythme cardiaque et certains symptômes, elle fait partie des informations médicales dont dispose le spécialiste concernant la patiente de la chambre 357, qui lui permettent de diagnostiquer une maladie rare. Mais voilà qu’une complication est survenue pendant le traitement. D’un autre côté, le médecin traitant de cette patiente connaît très bien madame Dupont, car il l’a suivie depuis sa première grossesse, il l’a vue à de nombreuses reprises en consultation, et s’est déplacé chez elle plusieurs fois à l’occasion de maladies de ses enfants. Le spécialiste a pu traiter Mme Dupont plus rapidement et plus efficacement ; mais peut-être les complications auraient pu être évitées grâce à la connaissance de cette patiente que possédait le généraliste.

La connaissance se nourrit d’informations, les deux sont étroitement imbriquées. Mais ne privilégions pas l’information au détriment de la connaissance !



Renaud CHEREL

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mardi 18 octobre 2016

Tirer parti de mes ennemis

Un vrai ennemi ne vaut-il pas mieux qu'un faux ami ?
Un ennemi, c’est une personne qui me déteste et qui cherche à me nuire. Certains se disent être constamment attaqués par de nombreux ennemis, d’autres affirment au contraire ne pas en avoir. Pourtant il y a de fortes chances pour que, parmi nos connaissances, se trouvent des personnes qui ne nous apprécient guère ou qui, derrière des sourires de façade, nous critiquent et disent du mal de nous lorsque nous avons le dos tourné. Car nous sommes différents les uns des autres ; les goûts, les opinions, les manières de faire divergent et par conséquent l’on ne peut pas plaire à tout le monde.

Pour ne pas subir ces désagréments, une stratégie efficace consiste simplement à éviter les gens qui ne nous veulent pas du bien. Stratégie d’ailleurs pas si facile que cela à mettre en oeuvre : beaucoup de gens continuent de subir des relations toxiques par crainte de rompre et de ne plus être une personne « aimable » – c’est-à-dire par crainte de ne plus être aimé(e). Mais nous le savons bien : les circonstances de la vie font que parfois nous sommes contraints de fréquenter ces personnes, pour des raisons familiales, professionnelles ou autres. Pourtant, même dans cette situation, il est possible de tirer parti de ses ennemis ou de ses critiques.

D’abord, ceux qui ne se gênent pas pour me dire mes quatre vérités en face ne me veulent pas forcément du mal. Au contraire, ces critiques, certes parfois brutales, proviennent souvent de personnes qui disent les choses comme elles les ressentent, sans faux-fuyants. Ce faisant, elles me rendent service, car il est très malaisé de se regarder soi-même avec objectivité. N’y a-t-il pas quelque chose de vrai dans ce que je viens d’entendre ? Pourquoi ne pas profiter de ces critiques, en choisissant un moment calme pour en rediscuter avec cette personne et lui demander des précisions, des explications ? Car à l’inverse, en me renvoyant une image trop flatteuse de moi-même, les amis les plus gentils peuvent contribuer à accentuer mes travers et à renforcer mes mauvaises habitudes.

Secondement, il peut être bon de m’interroger quand une remarque ou une critique me touche : en effet, c’est très souvent le signe qu’il y a en moi, précisément en ce point, une vulnérabilité particulière. Alors qu’une autre personne aurait réagi par une réplique ou un éclat de rire et oublié l’incident, je me suis senti blessé(e) durablement. Pourquoi ai-je été si profondément touché(e) par cette remarque ? Quelle situation vécue, quel souvenir est-ce que cela évoque en moi ? Il arrive que l’on réagisse de façon disproportionnée à une remarque que l’on considère comme une attaque, tout simplement parce qu’elle ravive en nous une ancienne blessure non cicatrisée. Et la personne peut se trouver surprise par l’intensité de la réaction provoquée par une remarque à ses yeux sans importance.

Troisièmement, les critiques que je formule à l’égard des autres me renseignent utilement sur les travers que je n’aime pas… chez moi-même ! Car ce qui m’agace le plus chez les autres, ce sont mes propres défauts.



Renaud CHEREL

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mardi 11 octobre 2016

Pratiquer la bienveillance


Hermann : « On vit dans un monde dur et sans pitié ; dans la vie professionnelle, on est toujours en concurrence avec d’autres ; le seul moyen de s’en sortir c’est d’avoir un mental de tueur. Et dans la vie privée, c’est un peu pareil : si tu t’aplatis comme une carpette, tu te fais piétiner. Il faut toujours montrer les crocs… » 

- Tout à fait d’accord, renchérit Gina : moi, je passe mon temps à me défendre bec et ongles. Même avec mes enfants, je dois faire attention pour ne pas me faire bouffer. Je sais que c’est nul de dire ça, je m’en veux mais je ne peux pas faire autrement, je me sens dépassée… »

Ève intervient pour témoigner de son expérience : « Pendant très longtemps, mes relations avec les autres étaient très compliquées, j’avais l’impression d’être tout le temps agressée. Et puis j’ai décidé d’essayer de pratiquer la bienveillance, que ce soit au travail ou dans ma vie personnelle. Depuis, je peux vous assurer que les choses se sont énormément arrangées et je me sens beaucoup moins stressée. »

La bienveillance est la disposition affective d’une volonté qui vise le bien et le bonheur de l’autre. Le terme vient du latin bene volens, « qui veut du bien », également à l’origine du mot bénévole.

La pratique au quotidien de la bienveillance améliore non seulement mes relations avec les autres, mais aussi mon propre sentiment de bien-être. Cela passe en premier lieu par une bienveillance envers moi-même, par l’acceptation du fait que je ne suis pas parfait(e). Cela ne m’empêche pas d’être exigeant envers moi-même, mais en m’appuyant sur mes qualités et mes points forts, plutôt que de m’autocritiquer, de ressasser mes défauts et de tomber dans la culpabilité. J’accepte que la réalité ne se plie pas forcément à mes désirs et cela me permet de gagner en sérénité.

Ayant ainsi pacifié mon être, je n’ai plus peur du monde et je n’ai plus besoin de me placer sans cesse dans une attitude défensive. Je prends conscience que les émotions qui m’agitent viennent de moi, au fond, et pas de la situation. La colère qui m’envahit face à la maladresse ou à l’agressivité de telle personne, c’est une réaction dont je suis responsable, et non la personne en face de moi. Ayant compris cela, je suis alors en mesure de pratiquer la bienveillance envers l’autre.

Je commence par le respect des personnes, en les valorisant pour ce qu’elles sont, tout en leur disant la vérité sans complaisance, en m’appuyant sur des faits et non sur des jugements, en osant dire non quand cela s’avère nécessaire. J’interagis positivement avec l’autre en l’acceptant tel qu’il est et en mettant de côté les préjugés et autres étiquettes qui peuvent me venir spontanément. Je remets en question les jugements et critiques que je formule sur les autres, en me disant qu’elles sont subjectives, au fond.

C’est un programme ambitieux ? Eh bien, je l’entreprends dans la durée, en valorisant mes progrès et considérant mes échecs avec bienveillance !



Renaud CHEREL

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mardi 4 octobre 2016

Se défaire de l'avarice

Avant d’examiner comment se défaire de l’avarice, il convient de se rappeler deux points :    
        
- D’abord, considérer l’avarice d’une façon plus large que le simple attachement à l’argent ou aux biens matériels : une personne peut être également avare de son temps, de ses sentiments, de ses savoirs, de ses informations, de ses relations… Le point commun à toutes ces attitudes, c’est la rétention : celle-ci s’exerce généralement dans plusieurs domaines de notre vie et constitue un frein puissant à notre épanouissement – et à celui des autres – mis en place très tôt dans notre enfance. C’est un peu comme si je confondais l’être avec l’avoir : « Je suis ce que je possède », me dis-je inconsciemment. En me délestant de ce que j’ai, je risquerait de me perdre moi-même, ce qui me conduit à thésauriser, garder, conserver. Cette attitude générale a souvent – mais pas toujours – tendance à s’accentuer avec l’âge.


- Sauf accident, on ne pas se changer du tout au tout : un individu conservera toute sa vie les grands traits de son caractère. Cela est vrai aussi pour l’avarice. Par contre, il est tout à fait possible de modifier certains comportements et notre façon de réagir face à des situations données. Ce qui est encourageant, c’est que nous sommes capables de nouveaux apprentissages toute notre vie, même à un âge très avancé. 

Ceci étant dit, le premier obstacle à surmonter est la prise de conscience de son propre fonctionnement : en effet, les avares en sont rarement conscients, ils préfèrent se justifier par des raisonnements et démontrer qu’ils ont raison d’agir ainsi. La prise de conscience peut passer par le regard des autres – en tout cas ceux qui éprouvent de l’estime envers nous.

Une fois cette prise de conscience effectuée, on trouvera plus aisément les motivations pour changer de comportement. On pourra alors, comme pour d’autres changements, s’appuyer sur ses valeurs : « Au fond, qu’est-ce qui est vraiment important pour moi ? » Une autre façon de se poser la question serait de se demander : « Au moment de mourir, qu’est-ce que je risque de regretter le plus ? » Évidemment ces questions appellent une suite : « Comment faire pour servir cette valeur importante dès aujourd'hui ? » ou bien : « Qu’est-ce que je peux changer aujourd'hui pour éliminer ce regret futur et mourir sereinement ? »

Une fois ces décisions prises, il me semble préférable d’opérer à petits pas : mettre en place des gestes à faire régulièrement pour cultiver et renforcer ma nouvelle attitude. Par exemple, je décide     
- de faire régulièrement des cadeaux à mes proches ;         
- ou d’aider telle cause ou telle association ;           
- ou de donner de mon temps chaque semaine à une personne ou à un groupe… 
- Je cultive la bienveillance envers l’autre : l’avare, centré sur lui-même, risque de tomber dans l’indifférence.    
- Je travaille à améliorer ma confiance en moi et mon estime de soi.

Ainsi, peu à peu je favoriserai l’être – qui perdure – par rapport à l’avoir – qui passe.



Renaud CHEREL

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mardi 27 septembre 2016

Avarice et radinerie


Des amis échangent sur leur façon de dépenser.

-« Je ne comprends pas qu’on puisse claquer son salaire en restaurant ou en frivolités ! s’exclame Suzette. Une fois le plaisir passé, il ne reste rien. Mon plaisir à moi, c’est de mettre de l’argent de côté chaque mois pour alimenter mes comptes épargne. Ainsi, je suis certaine de pouvoir faire face en cas de coup dur. Et puis pour moi, pas question de vivre à crédit ou, pire encore, de me trouver à découvert !

- Moi, je ne suis pas avare, mais j’ai le sens de l’économie, c’est tout, lui répond Nina. Ce qui m’importe c’est de dépenser mon argent au mieux en faisant de bonnes affaires. Je me sers d’Internet pour comparer les prix, recevoir des échantillons gratuits, profiter des bons d'achat, des réductions, gagner des produits gratuits, profiter de prix dégriffés, etc.

- Nous vivons dans une société de gaspillage incroyable. Je ne veux pas de cette hyperconsommation qui est en train de tout polluer et de pourrir la Terre, explique Vladimir. Avec mon amie, on cherche à consommer mieux pour produire le moins de déchets possibles. On préfère récupérer les objets, les réparer et les recycler quand c’est possible, plutôt que toujours acheter du neuf, et on pratique le troc entre particuliers pour les objets dont on n’a plus besoin. On peut très bien vivre heureux en consommant moins. »

Le philosophe grec Théophraste distinguait l’avarice, qui est une épargne excessive, de la radinerie qui est un manque de prodigalité. Autrement dit, l’avarice met davantage l’accent sur la passion d’accumuler les richesses et la radinerie sur celle de les retenir. Aujourd'hui, les deux mots ont un sens à peu près équivalent qui se rapporte à un attachement excessif à l’argent.

Ceci étant dit, la radinerie est aujourd'hui une attitude assumée et revendiquée qui est apparue en France dans les années 2000, suite à une tendance émergée quelques années plus tôt aux États-Unis. Le contexte de baisse du pouvoir d’achat et de hausse des prix aggravé par la crise de 2008 a accentué cette tendance, vite intégrée d’ailleurs par les stratégies marketing de nombreuses marques.

Comme pour beaucoup de traits de caractères, c’est l’aspect excessif de celui-ci qui devient problématique. Avoir le sens de l’économie, bien savoir thésauriser, conserver, organiser et classer, c’est une bonne chose. Par contre, si cette tendance nous gâche la vie et celle de notre entourage, cela vaut la peine de réévaluer notre comportement. D’une part, le manque de générosité peut poser des difficultés à nos proches et les faire souffrir ; d’autre part la rétention de l’argent peut s’accompagner d’une tendance à limiter les contacts avec les autres, à se renfermer sur soi-même, à vivre en vase clos.

D’où vient cette tendance à l’avarice ? Plusieurs causes sont évoquées par les spécialistes : elle peut être liée à des privations survenues dans l’enfance, à la peur de mourir, à un réflexe de compensation face à un sentiment de vide intérieur…

Nous pourrons examiner dans le prochain message comment sortir de cette tendance.



Renaud CHEREL


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mardi 20 septembre 2016

Comment sortir de l'hyperactivité?


Il convient d’abord de préciser de quoi il s’agit, autrement dit de faire un autodiagnostic sur son comportement :  
- Est-ce que cette hyperactivité est liée à un contexte précis, par exemple mon activité professionnelle ou un événement familial particulier (heureux ou malheureux), ou bien est-ce que je me comporte ainsi à peu près dans tous les domaines et tout le temps ?
           
- Est-ce que je suis soumis à des pressions fortes dans mon travail, comme par exemple une demande d’augmentation du rythme d’activité ou des cadences, une évaluation continue des performances, une menace de licenciement… ? 
     
- Est-ce que dans le passé, mes parents ou mes proches me reprochaient déjà d’être un enfant très agité, ne tenant pas en place, hyperactif, ou bien avais-je plutôt un comportement normal par rapport à ce critère ?

Selon les réponses à ces questions, vous pouvez évaluer si votre hyperactivité est permanente, remontant à votre enfance, ou bien si elle est conjoncturelle, liée au contexte que vous vivez en ce moment.

Dans le premier cas, si vous vivez très bien avec cela, et que vous avez le sentiment de gérer correctement cette hyperactivité, il n’est probablement pas utile de changer : vous vivez intensément, vous avez des initiatives et de la créativité, en somme vous vivez ce qui demanderait plusieurs vies à d’autres : supprimer tout cela vous conduirait à un ennui mortel ! Si par contre ce comportement entraîne pour vous et votre entourage toutes sortes d’inconvénients et que vous vivez mal cette situation, vous souffrez peut-être du Trouble du Déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH), auquel cas il serait bon de consulter un professionnel (médecin ou psy) qui pourra confirmer le diagnostic et indiquer un traitement approprié.

Dans le second cas(hyperactivité conjoncturelle), il vous faut évaluer l’origine de votre comportement, éventuellement en vous aidant d’une personne extérieure, par exemple un coach. Ensuite, il vous faudra mettre en perspective vos priorités. Autrement dit, choisissez un moment où vous êtes calme et détendu – au besoin, créez-le ! – pour vous poser les questions suivantes : Qu’est-ce qui est le plus important pour moi actuellement ? Vous pouvez répondre par un verbe. Prenez le temps d’approfondir : C’est vraiment cela qui est important pour moi ? Ou bien au fond c’est un écran de fumée ? Et cela s’appuie sur quelles valeurs ? – là vous répondez par des noms. 

À partir de ces réponses, tirez-en les conséquences : si vous consacrez la plus grande part de votre énergie à ce qui n’est pas le plus important pour vous, il est temps de changer. Rebranchez-vous sur le plus important, en laissant tomber ou en déléguant ce qui est secondaire. Modifiez progressivement vos rythmes et vos habitudes. Prenez le temps régulièrement de faire des pauses. Pratiquez la relaxation, les séances de massage ou des exercices de respiration. Adonnez-vous à un passe-temps qui vous permette d’être davantage dans la contemplation, la réception, que dans l’action, l’initiative : peinture, photo artistique, yoga... Prenez le temps de manger sainement en savourant chaque bouchée... 

Bref, prenez soin de vous !



Renaud CHEREL


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Liens externes:
    Jeux cérébraux : http://fr.ibraining.com/
    Voir aussi article très documenté sur TDAH : http://www.tdah-adulte.org/