Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 20 avril 2015

Regards par la fenêtre

Quoi de plus banal qu’une fenêtre ? Dans notre environnement occidental, pratiquement toutes les habitations en sont pourvues – peu de gens habitent dans des cavernes, des igloos ou des huttes sans ouvertures – et nous n’y prêtons guère attention.

Pourtant, nos fenêtres ont derrière elles une histoire longue et complexe. Au départ, il s’agissait d’ouvertures percées dans une paroi afin de laisser pénétrer la lumière à l'intérieur – ou éventuellement de pouvoir lancer un projectile à l’extérieur. Mais l’inconvénient d’une ouverture permanente, c’est qu’elle favorise des échanges de chaleur indésirables avec l'extérieur, et offre peu de protection contre les intempéries ou les visiteurs importuns.

On a remédié à ces désagréments en ajoutant des volets en bois : ceux-ci assuraient la protection, mais ne laissaient pas passer la lumière. Puis on a pensé à munir le cadre de la fenêtre de peaux d'animaux grattées et tendues, après les avoir trempées dans l’huile pour les rendre translucides et imperméables. Cependant, ces peaux n’étaient pas transparentes : il a fallu attendre l’invention du verre pour que la fenêtre permette de voir parfaitement à l’extérieur tout en conservant son rôle de protection.

Aujourd'hui, la fenêtre joue un rôle essentiel dans notre vie quotidienne, individuelle et sociale : source de luminosité, de visibilité, de communication, elle est aussi frontière entre deux espaces mitoyens, entre l’intérieur et l’extérieur.

Vue de l’extérieur, la fenêtre constitue un élément de décoration de la façade et contribue à déterminer le caractère du bâtiment.
En s'intégrant harmonieusement, les fenêtres
contribuent au caractère de cette maison.

De l’intérieur, chaque fenêtre ouvre sur un ailleurs, donné à contempler. Mais le cadre de la fenêtre fragmente cette réalité extérieure, qui n’est pas toujours visible ou ne l’est que partiellement ; il insère la scène dans un contour et sert de tremplin à l’imaginaire. Interface entre deux univers, celui du dehors et celui du dedans, la fenêtre peut ainsi donner lieu à un double jeu, entre regardant et regardé, entre exhibition et dissimulation.

La fenêtre apporte une valeur ajoutée à la résidence
en l'ouvrant sur un ailleurs qui fait rêver.
D’où la très riche symbolique de la fenêtre. Les artistes l’ont très vite compris et s’en sont emparés : la fenêtre, en proposant une vision du monde, peut devenir métaphore de l’œil, de son regard, et au-delà, de l’activité créatrice même. Le tableau du peintre peut être vu comme une fenêtre, ouverte sur le monde extérieur ou au contraire sur l’intériorité du sujet.

La fenêtre a aussi été perçue comme un lieu privilégié de l’échange amoureux : traditionnellement, la femme à l’intérieur de la maison s’expose ou se laisse apercevoir, à travers le cadre de la fenêtre, par l’homme situé à l’extérieur, dans un jeu de séduction réciproque. Elle se met alors en danger d’être extraite de ce cadre protecteur, d’autant plus si les personnages n’appartiennent pas au même monde. Les scénarios ont beaucoup évolué dans ce domaine, mais la symbolique demeure.
Extrait de "Femme à la fenêtre" de Dali.

La fenêtre peut représenter encore la frontière entre enfermement et liberté. Les mots eux-mêmes que nous employons peuvent être assimilés à des fenêtres ouvertes ou fermées, donnant un aperçu de notre monde intérieur, ou bien au contraire enfermant l’autre dans des jugements ou des préjugés.

Et vous, quel regard portez-vous sur les fenêtres ?


Renaud CHEREL

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    La notion d'enfermement 
    Dedans, dehors

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