Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 27 octobre 2014

Que faire, face à l'agressivité passive?

Nous avons vu dans l'article précédent que certaines personnes peuvent se comporter de façon dite « passive-agressive ». Bien souvent, face à ce type de comportement, que l’on soit conjoint, ami proche ou relation de travail, on peut ressentir de la colère ou de la frustration, car on se rend compte que plus on insiste, plus la personne résiste. Comment faire pour sortir du blocage et résoudre la situation de façon satisfaisante pour les deux parties ?

L'attitude passive-agressive peut s'installer
subrepticement dans la vie de couple...
La stratégie que je vous propose s’inspire des principes de la communication non violente et part du constat suivant : je ne peux pas changer l’autre en lui demandant de changer, s’il ne le veut pas ; par contre, je peux changer mes comportements, mon attitude à son égard ; et de ce fait, notre relation changera, ce qui pourra éventuellement changer les comportements de l’autre.

Pour cela, la première étape est de prendre conscience de ce que je ressens : le fait de regarder en face ma propre irritation me donne la capacité de la maîtriser. Je deviens alors capable de me dire : « À quoi bon me mettre en colère ? Je vois bien que ce n’est pas la meilleure solution pour changer les choses. »

La seconde étape consiste à énoncer les faits, sans porter de jugement sur la personne, mais en décrivant le plus simplement possible ses comportements, ce qui se passe. Cette étape est difficile à mettre en pratique, car nous passons une grande part de notre temps à porter des jugements sur les choses et les gens, sans forcément en avoir conscience !

Ensuite, adopter la position « basse », autrement dit, ne pas imposer son autorité ou chercher à avoir raison contre cette personne. En effet, la personne passive-agressive est souvent dans une position de rébellion silencieuse ou indirecte contre l'autorité. Le fait même de lui reprocher quelque chose me place à ses yeux en figure d’autorité. Si je me déclare impuissant – je ne peux pas faire les choses à sa place –, ce qui est perçu pour elle comme une relation d'autorité peut disparaître.

Cette position est complétée par une demande de participation active de sa part : je lui demande son avis, je lui pose des questions ouvertes pour lui permettre de s’expliquer, je l’incite à trouver elle-même ses propres solutions et nous en discutons ensemble. À chaque fois, je me concentre sur les comportements et non directement sur la personne.

Tout cela demande de la patience, car la personne peut réagir négativement, notamment quand elle est confrontée à ses comportements. 

À éviter :
Ne pas faire l’autruche, en faisant semblant d’ignorer l’opposition de la personne.
Ne pas prendre une position parentale en la critiquant ou en édictant ce qu’elle devrait faire et lui servir un discours culpabilisant ou infantilisant. Il s’agit d’exprimer mes besoins tout en montrant mon désaccord avec la façon dont elle s’exprime.

Dernier élément : quand cela est possible, choisir le bon moment pour avoir cet échange, en évitant les moments où la personne est particulièrement stressée ou fatiguée.


Renaud CHEREL


Vous pouvez voir aussi dans ce blog des messages sur la même thématique :

Liens externes :
    Gérer l'agressivité passive d'un proche

Bibliographie :
François LELORD et Christophe ANDRE : Comment gérer les personnalités difficiles, éd. Odile Jacob, Paris, mars 2000.

Les deux auteurs de cet ouvrage, psychiatres, montrent à partir de quelques cas concrets, les traits saillants de différentes personnalité réputées difficiles, ainsi que les interprétations destinées à mieux comprendre les raisons de leur comportement. Ils proposent alors des solutions simples permettant d'aider chacun à mieux réagir face à ces comportements qui peuvent nous agacer au quotidien et souvent nous insupporter, solutions susceptibles de nous simplifier considérablement la vie ! 

lundi 20 octobre 2014

L'agressivité passive, mécanisme de défense

Comme le cactus, il se défend sans bouger...
Rodolphe n’arrive pas facilement à exprimer sa colère et ses sentiments ; très souvent il présente à ses interlocuteurs une façade passive. Au travail, il oppose souvent de la résistance aux changements, se mure dans une certaine passivité… Alors qu’il était en désaccord avec son patron, il lui est arrivé de cumuler les absences et les retards. À enfants se plaignent de ce qu’il dise toujours oui, mais que par la suite, il n’en fasse qu’à sa tête, s’oppose à ce qui était convenu, grogne et boude. Lorsqu’il se sent frustré ou en colère, Rodolphe affiche son mécontentement par des soupirs, des gestes brusques ou bien un manque d’enthousiasme, une sorte d’apathie générale.
la maison, sa femme et ses

Il craint la réaction négative de son interlocuteur et préfère acquiescer à toute demande, même si elle lui paraît irraisonnable. Ainsi, par peur du conflit, Rodolphe ne dit pratiquement jamais non et évite d’aborder les problèmes réels : bien souvent, il va détourner la question et s’intéresser à des choses secondaires. Parfois – mais cela arrive rarement – la colère de Rodolphe peut exploser violemment quand la coupe déborde.

Ce type de comportement risque d’induire des réactions négatives de la part de son entourage, que ce soit sa famille, ses collègues de travail ou ses supérieurs hiérarchiques, qui peuvent se sentir impuissants face à cette résistance quasi impalpable. Il en résulte souvent de la colère ou de la frustration de la part de ses interlocuteurs. Mais plus on l’attaque, plus Rodolphe va avoir tendance à se réfugier dans son attitude.

Rodolphe adopte là des comportements d’agressivité passive, un mécanisme de défense psychique consistant à exprimer son ressentiment par une position passive et une manière détournée d’atteindre l’autre. Ce mécanisme de défense est plus souvent utilisé par les hommes que par les femmes, probablement – mais pas seulement – parce que leur éducation ne leur a pas permis d’exprimer leurs émotions quand ils étaient jeunes. Ou bien l’enfant s’est senti impuissant à exprimer ses émotions, face à une figure d’autorité qui lui faisait craindre la menace d’un châtiment. Dans d’autres cas, un enfant a eu le sentiment de ne pas recevoir suffisamment d’attention et de reconnaissance, et ne sachant pas exprimer ce qu’il ressent par des mots, peut se soulever contre l’autorité de manière passive. Cela peut se traduire par le refus d’obéir (aux parents, au professeur), par l’arrivée en retard aux cours ou par l’absentéisme. Ce peut être encore par le rejet d’une petite sœur ou d’un petit frère qui lui « vole » l’affection de ses parents.

Notons que la personne passive-agressive n’est pas forcément consciente de son propre fonctionnement. Elle peut être tentée de jouer la victime et ne pas reconnaître sa part de responsabilité. Pour changer de comportement, il lui faudra d’abord en prendre conscience, puis identifier ses émotions et les maîtriser de façon à pouvoir les exprimer à l’autre de manière claire, tout en demeurant dans une attitude respectueuse et, bien entendu, non violente : ce parcours demande d’effectuer un travail difficile, qui prend du temps.


Renaud CHEREL


Vous pouvez voir aussi dans ce blog des messages sur la même thématique :
     Mécanismes de défense psychologique
    Destructivité
    Pourquoi la violence?
    Que faire face à l'agressivité passive?

lundi 13 octobre 2014

Comment trouver sa place ?

Trouver sa place... ou sa voie ?
Notre époque est probablement moins sécurisante que les précédentes, du fait de la disparition progressive d’un grand nombre d’éléments structurant la société jusqu’alors. Beaucoup d’idéologies ont été jetées au panier, les institutions sont remises en cause, les fonctions officielles ont perdu leur caractère sacré, les repères familiaux et générationnels sont désavoués… La liberté de choix – de sa profession, de son mode de vie, de son lieu de résidence… bref, de tous les éléments de son existence – a rarement été aussi grande dans l’histoire, mais le manque de références sur lesquelles s’appuyer peut être vécu comme très insécurisant. Ce qui peut expliquer la difficulté de beaucoup à trouver leur place. Certains s’investissent à fond dans leur travail mais se trouvent mal à l’aise dans leur vie privée ; d’autres au contraire ont trouvé un certain équilibre personnel mais se sentent en porte-à-faux dans leur activité professionnelle : les uns et les autres cherchent « leur place ».

Comment trouver sa place ? Comme évoqué dans mon dernier article, il me semble que l’essentiel n’est pas de trouver « sa place » et de s’y installer, mais de se mettre en route. Il n’y a pas de place parfaite où nous pourrions nous installer pour ne plus en bouger. Ce qui importe, c’est l’itinéraire, le voyage intérieur que cela suppose ; car nous sommes des êtres dynamiques, nous sommes faits pour bouger, pour évoluer.

Voici quelques pistes pour aider dans cette recherche de sa propre voie :
   
- Je ne confonds pas l’être et le faire, même si la société me pousse dans cette direction. Si je suis une personne très active, qui réalise beaucoup de choses, je me rappelle que ma vie ne se réduit pas à cette activité, qu’elle est plus riche et plus profonde que cela. Parfois l’hyperactivité est utilisée comme un paravent qui cache d’autres questions inconfortables.
       
- De même, je ne me réduit pas à ma fonction, aussi importante qu’elle puisse paraître. Même si mon titre me donne un certain poids aux yeux des autres – président de ceci, directeur de cela – je ne me réduis pas à ce titre. Si un jour ce titre m’est retiré, je demeure une personne à part entière.
        
- Dans le même ordre d’idée, je ne fais pas la confusion entre l’être et l’avoir. Si les hasards de l’existence, ou si mes efforts personnels m’ont permis d’acquérir des biens matériels en quantité ou en valeur, ma personne ne se réduit pas à ces biens. J’existe en dehors d’eux, et par conséquent je n’y attache pas une importance excessive.

- J’évite de me comparer aux autres. À l’époque où l’on préconise le « bench marking » dans tous les domaines, ce conseil peut paraître naïf et dérisoire. Soyons clair : s’il s’agit de comparer des techniques, des savoir-faire, des compétences, c’est un facteur de progrès ; par contre, il y a problème dès lors que je me compare à d’autres en tant que personne. Je crois en effet que chacun d’entre nous est un être unique est merveilleux, comparable à aucun autre.


Renaud CHEREL


Vous pouvez voir aussi dans ce blog des messages sur la même thématique :
    Trouver a place
    Comment réussir sa vie ?
    Être et avoir

lundi 6 octobre 2014

Trouver sa place


Lilian, 38 ans, a travaillé à différents postes de responsabilité dans une grosse PME. Après 12 ans dans cette entreprise, elle vient d’obtenir une belle promotion, mais pourtant elle se sent stressée, convaincue de ne pas être à la hauteur. Cherchant à être parfaite et à rendre le monde parfait, elle ne se trouve pas assez compétente au regard de ses responsabilités et tremble à l’idée d’être un jour démasquée.

Richard est pharmacien chercheur dans un laboratoire, une situation confortable financièrement mais qui pourtant ne le satisfait pas pleinement : « J’ai fait des études de pharmacie poussé par mes parents, explique-t-il, mais ce n’était pas la voie que j’aurais choisie : je me sens plutôt artiste et j’aime le contact avec les gens. Là, je me retrouve confiné dans un labo, je passe mon temps à tester de nouvelles molécules, à traiter des tableau de chiffres, ce n’est pas très marrant… »

Rosenn est une femme discrète ; dans une assemblée ou une réunion, elle prend rarement la parole car elle a l’impression que les différentes opinions se sont déjà exprimées avant qu’elle n’ouvre la bouche, et bien mieux qu’elle n’aurait pu le faire elle-même. Au vrai, elle a du mal à s’affirmer car elle ne sait jamais très bien où est sa place.

Quelle est ma bonne place dans le monde ? Comment la trouver ? Jadis, notre place était souvent fixée d’avance : on habitait là où la famille résidait depuis des générations, on reprenait le métier de ses parents, l’on trouvait son conjoint dans son environnement immédiat, sans se poser trop de questions. Aujourd'hui, les circonstances sont bien plus ouvertes mais aussi plus compliquées ; aussi n’est-il pas étonnant que beaucoup de gens se posent, plus ou moins consciemment, la question de leur « place ». Place au sens géographique, peut-être, mais aussi au sens professionnel, affectif, relationnel. La place qui permettrait à chacun de s’accomplir, d’exprimer ses talents, d’être heureux tout simplement.

Selon certains sociologues, tels l’Américain Frank J. Sulloway, le rang dans la fratrie jouerait un rôle déterminant dans la façon dont on se place ensuite dans sa vie d’adulte. L’aîné, qui s’efforce de conserver sa place et ses acquis, deviendra un défenseur de l’ordre établi et un ennemi acharné du changement. En revanche, le cadet, qui a dû lutter pour conquérir sa place, adhèrera avec enthousiasme à toutes les idées nouvelles et se montrera plutôt rebelle.

Sans être aussi systématique, je pense aussi que notre rang dans la fratrie nous influence dans ce domaine. Mais nous pouvons réagir : une bonne part de mon travail de coach consiste à aider les personnes que j’accompagne à trouver leur bonne place, ou plus exactement leur bon itinéraire. C’est pourquoi j’aime bien la démarche qui consiste pour mon client à identifier d’où il part puis déterminer où il veut aller, pour ensuite dérouler une trajectoire entre les deux. Il se peut qu’en chemin, l’objectif qu’il s’était donné soit modifié ; mais l’important, me semble-t-il, c’était de se mettre en route.


Renaud CHEREL


Vous pouvez voir aussi dans ce blog des messages sur la même thématique :
    Comment trouver sa place?
    Comment réussir sa vie ?
    Quitter père et mère