Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 23 juin 2014

Négation et dénégation

Deux amies discutent :

-« Quand mon boss m’a dit ça, je n’ai pas répondu, mais je n’ai absolument rien fait de ce qu’il m’avait demandé ! » explique Inès.
-« Non, c’est pas vrai ! Tu n’as pas osé !? » questionne Fanny.
-« Je n’ai eu aucun scrupule, d’autant plus que ce n’était pas dans mes attributions de fonction. »

Selon le Petit Robert, la négation est l’acte de l’esprit qui consiste à nier, à rejeter une proposition, une existence. Quant à la dénégation, c’est le refus de reconnaître comme vrai un fait ou une assertion.

« Non » fait partie des premiers mots de l’enfant, dont, à cinq ou six ans, il sait fort bien définir le sens comme l'expression de son désaccord, le refus de faire quelque chose qu'il n'aime pas, ou encore l'absence d'envie. Jeu d’enfant ? Pourtant, à la réflexion la négation n’est pas si simple qu’elle ne le paraît au premier abord.

D’abord, pour qu’il y ait une négation, ne faut-il pas en préalable une affirmation ? Dans ce cas, la négation n’est qu’une affaire de mots exprimant l’inverse de quelque chose qui est : elle n’existe pas en soi. La réponse à cette question doit être nuancée. Effectivement, quand je dis non, quand je nie, j’exprime un refus par rapport à une proposition ou une réalité positive. Mais n’y a-t-il pas du négatif existant en soi ? Par exemple, lorsque je dis « cet homme n’est pas grand », cette proposition négative pourrait être remplacée par une affirmative : « cet homme est petit ». De même, je peux dire qu’existent le mal, la mort, le néant, le vide, l'imperfection, etc.

Ensuite, n’y a-t-il pas différentes formes de négation ? Car il convient de distinguer la négation active et la négation passive, distinction qui introduit des degrés de nuances intermédiaires entre une chose et son contraire. Par exemple :
- la négation passive du mouvement est le repos, sa négation active est le mouvement en sens opposé ;  
- la négation passive de la richesse est la pauvreté ; sa négation active est l’endettement ;
- la négation active de la croyance en un ou des dieux est l’athéisme : « il n’y a pas de dieu » ; sa négation passive est l’agnosticisme : « je ne sais pas si un dieu existe ».       
- comprendre l’impossibilité de quelque chose est une négation active ; ne pas comprendre la possibilité de cette chose est une négation passive.

Dans leur conversation, les deux amies pratiquent ces deux sortes de négation : Inès use de la négation passive vis-à-vis de son supérieur hiérarchique, alors que Fanny, en contrant directement son amie, est dans la négation active. Quoique… la tournure interrogative de sa phrase peut laisser deviner qu’elle ne remet pas réellement en cause les propos d’Inès.

Certaines personnes reconnaissent ne pas savoir dire non et ont conscience de se priver ainsi d’un moyen d’affirmation de soi : paradoxalement, la négation peut être au service de l’affirmation !


Renaud CHEREL


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