Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 24 mars 2014

Nos souvenirs sont liés à nos sens

Pascaline retient mieux les images, les choses lues, que celles qu’elle a simplement entendues. Elle peut décrire facilement une scène qu’elle a vécue : elle la revoit se dérouler dans son esprit comme une pellicule de cinéma. De la même façon, d’ailleurs, elle retient bien les images d’un film mais a plus de mal à retenir les noms des acteurs. Lorsqu’elle assiste à une conférence, elle prend des notes pour pouvoir les relire ultérieurement. Pascaline possède une bonne mémoire visuelle.

Ulric a une meilleure mémoire auditive : il retient mieux quand il a entendu quelque chose. Il n’a aucune difficulté à se remémorer la musique et les paroles des chansons qu’il a écoutées à la radio ou à la télévision. Par contre, il a plus de difficulté à se remémorer des images.

Zaïd retient bien les sensations tactiles et les gestes : il a une mémoire kinesthésique. Par exemple, il a l’habitude de taper automatiquement les numéros de téléphones de ses amis sur son portable, mais doit réfléchir pour redire à haute voix les numéros en question : spontanément, il a enregistré la position de ses doigts sur le clavier. Artisan ébéniste, il réalise avec une grande précision et rapidité les gestes nécessaires pour fabriquer un meuble, mais il aurait du mal sans doute à expliquer à d’autres comment il s’y prend.

Suzanne, quant à elle, travaille comme « nez » chez un parfumeur : elle est capable d’identifier et caractériser des centaines d’odeurs différentes et d’individualiser les senteurs particulières dans un parfum complexe. Ses souvenirs d’enfance sont très liés à des odeurs particulières, celle des confitures qu’elle préparait avec sa grand-mère ou la senteur du linge frais qu’on glissait dans les armoires.

D’autres personnes ont une forte mémoire du goût ; l’exemple emblématique d’une telle mémorisation est celui de Proust qui, en goûtant une madeleine, se trouva projeté dans le monde de son enfance.

C'est le goût d'une madeleine qui fit revenir
les souvenirs d'enfance de Marcel Proust
Notre mémoire s’appuie sur nos cinq sens, ce qu’on appelle les registres sensoriels. Certaines personnes privilégient presqu’exclusivement un seul registre, et sollicitent peu les autres. À l’inverse, d’autres se montrent plus polyvalentes et sont capables de faire appel à plusieurs, voire à la totalité des registres pour mémoriser quelque chose. Enfin, certaines personnes (environ 4% de la population) combinent plusieurs modalités sensorielles : elles vont par exemple “voir la musique”, “goûter la rugosité d’une surface” ou “voir les chiffres en couleurs”. Plus rarement, ces associations peuvent concerner trois modalités ou davantage, par exemple la musique évoque des formes et des couleurs, formant des spectacles graphiques qui peuvent être en trois dimensions et aussi dynamiques, précis et riches que ces sons. Ces synesthésies peuvent éventuellement inclure les modalités affectives et cognitives : des émotions se traduisent en images, et certains peuvent “voir” leurs affects, la manifestation la plus connue se traduisant par des auras qui se dessinent autour des personnes fréquentées.

Ajoutons que notre mémorisation est très dépendante des émotions ressenties : il semble bien que les événements soient d’autant mieux mémorisés qu’ils sont associés à des émotions fortes – que celles-ci soient positives ou négatives.

Renaud CHEREL


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