Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 28 octobre 2013

L'anticipation, mécanisme de défense

Le capitaine du bateau se doit d'anticiper les obstacles.
Charles est un sportif qui pratique le tennis à haut niveau ; pour se préparer aux futur matches qu’il va livrer, il a l’habitude d’anticiper ce qui va se passer : il étudie à l’avance le jeu de son adversaire, la façon dont il réagit à la pression, et anticipe même la réaction des supporters.

Elodie a rendez-vous avec un garçon qu’elle a rencontré lors du mariage de sa cousine, pour lequel elle a ressenti le coup de foudre. Mais pour cette première rencontre en tête-à-tête, elle se sent toute tremblante ; pour se rassurer, elle visualise le lieu du rendez-vous, imagine les mots qu’il pourra lui glisser, ses répliques à elle et – peut-être – leur premier baiser ; bref, elle se projette tout le film de leur entrevue romantique.

Anne-Lise est en recherche d’emploi. Méthodique, elle a commencé par bien délimiter le secteur dans lequel elle va effectuer ses recherches. Ayant reçu deux propositions d’entrevues, elle s’est renseignée en détail via Internet sur l’activité des entreprises concernées, et a même trouvé, pour l’une d’elles, des renseignements sur le directeur des ressources humaines qui devrait l’interviewer, dont elle compte bien tirer parti lors de l’entretien. Elle tenté d’imaginer les différentes objections possibles face à son CV et préparé d’avance une batterie de réponses.

Gautier doit faire une présentation professionnelle devant une assemblée d’une centaine de personnes de son entreprise. D’un naturel plutôt timide, il se sent très angoissé à l’idée de cet événement, et s’est longuement préparé : il a poli son discours, travaillé ses réponses aux objections. Il s’est rendu dans la salle de conférences, a vérifié et revérifié le système de projection des diapositives. Il s’est même visualisé entrant dans la salle à l’aise et décontracté.

Face à un futur incertain, l’anticipation est un moyen de défense extrêmement efficace contre l’angoisse générée par l’incertitude, qui nous permet de croire que nous contrôlerons davantage ce qui va arriver. L’anticipation peut porter sur des éléments internes, par exemple en expérimentant d’avance ses propres réactions émotionnelles ou en envisageant les différentes réponses ou solutions que l’on pourra apporter au problème attendu. Elle peut porter sur des éléments externes, en visualisant différents scénarios possibles ou en prévoyant les conséquences de ce qui pourrait arriver, de façon à imaginer des solutions adaptées.

Un manque d'anticipation peut conduire à des catastrophes...
L’anticipation est une défense adaptative : son mode d’action vise, non pas à faire disparaître l’émotion ressentie comme négative, mais à agir sur elle pour réduire la douleur. Adaptée à un certain type de situations ressenties comme menaçantes et orientée vers le long terme, elle s’avère très efficace pour lutter contre le stress et réagir de façon adaptée. Par contre, elle perd de son efficience et devient même toxique quand elle est utilisée de façon trop généralisée, dans la plupart des situations et avec la majorité de ses relations : alors, elle devient un mécanisme rigide qui efface la spontanéité et conduit à l’incapacité d’affronter une situation nouvelle sans l’avoir anticipée.

« Gérer, c’est prévoir » : oui, mais tout l’art consiste à anticiper sans cesser d’être créatif, en gardant une porte ouverte sur l’inattendu.


Renaud Cherel


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lundi 21 octobre 2013

Moyens pour influencer autrui

Les moyens utilisés pour influencer autrui sont aussi vieux que l’humanité : l’histoire d’Adam et Ève est une histoire de persuasion, dans laquelle le serpent convainc Ève de manger le fruit défendu, puis à son tour elle persuade Adam d’en faire autant.

Bien évidemment, l’utilisation de certains moyens peut poser des problèmes éthiques. Mais justement, le fait d’être informé de ces moyens augmente notre liberté face aux messages que nous recevons, car l’on peut penser qu’un homme averti en vaut deux. Voici donc quelques-uns de ces moyens parmi les plus classiques.

La persuasion logique
Appuyée sur la démonstration logique : la cause A entraîne l’effet B, lequel a pour conséquence C, etc. Cette technique, utilisée très fréquemment pour convaincre l’autre, suppose que celui-ci ne fonctionne que rationnellement. Or, l’expérience nous montre que nos convictions et nos décisions sont soumises à bien d’autres facteurs que la simple raison. Les démonstrations rationnelles, si elles ont leur intérêt, sont dans beaucoup de situations bien insuffisantes pour emporter l’adhésion.

Le renforcement de la crédibilité de la source
Une source crédible est plus influente. Le fait de faire référence à une autorité reconnue dans le domaine concerné (par exemple le témoignage d’un prix Nobel de médecine pour parler de l’efficacité d’un médicament) renforce la crédibilité de la source. Un autre moyen de renforcer sa crédibilité, moins connu, consiste à glisser dans l’argumentaire un élément mineur allant dans le sens contraire à la position défendue : la source du message paraît ainsi plus honnête et plus crédible.

L’attractivité de la source
De nombreuses études ont montré que le message sera d’autant plus facilement accepté que la personne émettrice est plus attractive, par sa beauté physique, son charme, sa séduction ou tout autre élément lié à la communication non verbale. C’est pourquoi un certain nombre de publicités utilisent des top-modèles ou des célébrités dans leurs annonces.

L’attrait de la nouveauté
Un grand nombre de messages publicitaires utilisent cet effet émotionnel, basé sur la curiosité naturelle de l’être humain, curiosité que l’on retrouve d’ailleurs chez la plupart des animaux.

L’appel à la peur
C’est un moyen utilisé assez couramment, par exemple en France depuis quelques années dans les campagnes anti-tabac. Mais si, dans une certaine mesure, la peur augmente l’efficacité de la persuasion, ce moyen est en réalité très délicat à utiliser. En effet, dès que le message génère une angoisse trop forte, le public ciblé adopte un comportement défensif d’évitement et va ignorer le message.

L’effet de contraste
La technique consiste à formuler une demande très difficile à satisfaire, pour en proposer ensuite une seconde, plus raisonnable (représentant ce que l’on veut réellement obtenir). Cette dernière est interprétée comme une concession importante de la part du demandeur, ce qui déclenche, par réciprocité, une concession également importante chez la personne sollicitée.

La pression du groupe
Tout groupe exerce une influence sur ses membres, qui pour la plupart cherchent à être dans la norme du groupe auquel ils appartiennent (même si quelques-uns se rebellent contre cette norme). Un message conforme ou proche des normes du groupe sera plus facilement accepté.


Renaud Cherel


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lundi 14 octobre 2013

Influencer ou être influencé

Le mot Influence vient du latin in, dans et fluere, couler, s’écouler. Influer, à l’origine, c’est faire couler dans. Mais parler d’influence, c’est impliquer qu’il existe un agent influent et un objet influencé. L’agent et l’objet ne sont pas forcément humains : on parle de l’influence de la lune sur les marées ; mais dans notre propos nous limiterons la notion d’influence aux interactions entre personnes.

Persuasion
C’est l’heure du coucher, et Violaine ne veut pas aller au lit. Comme Ralph, son papa, insiste, elle lui dit : « Je veux dormir sur le canapé ! »       
-« Non, tu dormiras dans ton lit ! » La voilà alors qui commence à lui faire les yeux doux, à pencher la tête sur le côté, à lui parler sur un ton sucré :    
-« Petit papa, je fais dodo sur le canapé ? » Il la laisse un moment faire sa comédie, puis répond :
-« Tu peux faire des mines, tu sais, mais ça ne marchera pas avec moi ! »           
Alors, le regardant bien en face, elle lui rétorque :
-« Oh ! Mais avec Maman, ça marche ! »    
Après quoi, elle s’est laissé amener au lit dans sa chambre sans plus de problème. Mais pour un petit bout de chou de deux ans et demi, Ralph a trouvé ça fort !


Cette petite histoire vraie montre que, très tôt, les enfants savent utiliser les techniques appropriées pour influencer autrui. Que nous le voulions ou non, dès notre plus jeune âge, nous exerçons sans cesse une influence sur les autres, même lorsque nous pensons rester parfaitement neutres – ne serait-ce que par l’exemple diffusé par cette neutralité.

Dans ce domaine de l’influence, certains d’entre nous sont plutôt acteurs, influents, alors que d’autres se sentent plus souvent influencés. Il arrive aussi que, selon les domaines ou les périodes de la vie, l’on passe de l’un à l’autre. Zacharie est cadre dans une PME, et son sens de l’organisation, sa rigueur, son exigence pour obtenir des résultats parfaits lui assurent une influence certaine sur le plan professionnel. Par contre, vis-à-vis de ses enfants, il a tendance à laisser son épouse Thérèse gérer les difficultés au jour le jour : cédant facilement aux demandes de ses enfants, il exerce une faible influence sur eux. En cas de conflit, il se met en retrait : c’est Thérèse qui intervient et qui s’efforce de régler les problèmes.

Mauricette est une personne extrêmement serviable ; mais malgré son apparence bienveillante, son sourire, ses offres de service, elle n’est pas aussi influençable qu’on pourrait le croire. En effet, sous ses dehors affables, elle est bien déterminée à faire ce qu’elle veut et peut aussi éventuellement utiliser la manipulation ou le chantage affectif pour arriver à apporter son aide, même quand celle-ci n’était pas demandée ou souhaitée.

Une source est d’autant plus influente qu’elle est crédible et attractive. Dans notre société, les techniques d’influence ont été beaucoup étudiées, notamment pour augmenter les volumes de vente par la publicité. Nous pourrons voir la prochaine fois quelques techniques classiques d’influence.


Renaud Cherel


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lundi 7 octobre 2013

L'humour, mécanisme de défense

L’humour est, selon le Petit Robert, une « forme d’esprit qui consiste à présenter la réalité de manière à en dégager les aspects plaisants et insolites. » Au sens strict, on distingue l’humour, manière de faire rire de soi, et l’esprit, manière de faire rire des autres.

L’humour, au sens restreint qui est celui retenu par Freud, fait partie des mécanismes de défense les plus efficaces, pratiquement en toute circonstance. Il nous permet de faire face aux dépits, aux angoisses, aux désespoirs même, bref aux aléas de la vie, et en plus il est capable de transformer en sourire ou en rire les énergies négatives qui montent parfois en nous. Ainsi, beaucoup s’accordent pour affirmer que l’humour, accompagné du rire qui lui est étroitement associé, joue un rôle essentiel dans l’équilibre de la personne : il libère les tensions et préserve notre santé. Les recherches médicales ont montré que l’humour et le rire participaient, entre autres, à la décontraction des muscles, à la réduction des hormones de stress, à l’amélioration du système immunitaire et à la réduction de la douleur.

L’humour est comme la goutte d’huile dans les rouages de la relation : il permet souvent d’en améliorer la qualité, que ce soit dans les relations familiales, amicales ou professionnelles. Dans des situations risquant de virer au conflit, l’humour peut être utilisé pour « calmer le jeu » : une plaisanterie bien choisie et lancée au bon moment peut réduire les tensions et détendre l'atmosphère. Il est parfois plus aisé de faire passer des messages, jugés nécessaires mais a priori désagréables, en pratiquant l'humour.

Cette pratique de l’humour améliore l’estime de soi : en émettant telle plaisanterie qui a fait mouche, j’ai fait œuvre de création, je me sens plus intelligent, je me dis que je peux en être fier. Et cela d’autant plus que j’ai transgressé les lois de la logique, vaincu une certaine censure, retourné une situation angoissante ou déprimante.

Quant à l’autodérision, elle permet de ne pas trop me prendre au sérieux et de désamorcer l’agressivité d’autrui. Ceux qui sont capables d'autodérision sont souvent capables également de se remettre en question.
Selon Freud, l’humour, de la même façon que les rêves, nous permet de libérer impunément nos pulsions les plus inavouables, sans que notre gendarme intérieur, le surmoi, ne s’en offense. Il permet ainsi d’exprimer ce qui ne peut être dit ou mis en actes : nos envies de meurtre, nos fantasmes les plus cruels, notre mépris de l’autre, etc.

L’humour peut être utilisé selon différents objectifs ; il peut, par exemple, être employé comme outil pédagogique ou militant. D’ailleurs, le sens de l’humour est un pouvoir largement utilisé par les personnages publics : le pouvoir de mettre les rieurs de leur côté.

L’humour s’apprend à tout âge ; si j’en suis dépourvu, je peux, pour m’exercer, imaginer des situations cocasses, insolites, là où justement les choses sont difficiles à vivre. L’humour m’aidera à prendre de la distance par rapport à ce que je vis pour y donner de la légèreté.



Renaud Cherel



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