Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 18 mars 2013

Rites et rituels


Maquillage rituel chez les Papous 
Qu’est-ce qu’un rite, un rituel ? Au départ, le rite est religieux : c’est une cérémonie réglée ou un geste particulier prescrit par la liturgie d’une religion. Quant au mot rituel, c’est d’abord un adjectif : qui constitue un rite ou qui a rapport avec lui. Comme substantif, le rituel est l’ensemble des règles, des rites ; ceux-ci peuvent être consignés dans un livre nommé rituel.

Actuellement le sens de ces mots a été étendu hors du champ religieux : le rite désigne une pratique réglée et souvent rendue immuable par la force de l’habitude.
Nous avons besoin de rituels, chacun à des degrés divers, même si nous avons aussi besoin de nouveauté. Au niveau individuel, qui n’a pas de petits rituels quotidiens ou réguliers ?

En France, le rituel du repas familial demeure important aujourd'hui.
Quand Marcel rentre du travail le soir, il procède selon un rituel quasi immuable : après s’être débarrassé de son manteau et de ses chaussures, il enfile ses bonnes vieilles pantoufles et s’installe confortablement dans son fauteuil pour lire son quotidien préféré, auquel il consacre une solide demi-heure. Ce n’est qu’après ce temps de transition entre le bureau et la maison qu’il se sent disponible pour d’autres activités.

Tous les matins de la semaine, Paula part exactement à la même heure de la maison, dépose son fils à la garderie au bas de la rue et prend le même bus où elle retrouve les mêmes visages. Avec le temps, elle a pris l’habitude de s’asseoir sur le même siège, à tel point que si par hasard une personne y est déjà installée, elle se sent intérieurement frustrée : « elle a pris ma place ! »

Depuis trois ans qu’ils sont mariés, Yvon et Tiphaine ont l’habitude de se rendre un dimanche sur deux chez les parents de Tiphaine. Sans qu’aucune règle n’ait jamais été ouvertement édictée, toute leur visite est codifié, leurs places à table sont fixées et Yvon connaît d’avance les sujets de conversation qui seront abordés : pour lui, ce rituel est un peu étouffant… tout en reconnaissant qu’il contribue à maintenir le lien.

Au niveau collectif, dans notre société où la place de la religion a fortement régressé et où le temps semble nous glisser entre les mains, de nouveaux rituels surgissent et sont adoptés. Par exemple, le rituel du week-end, celui de la rentrée des classes, celui de l’enterrement de vie de jeune homme ou de jeune fille avant le mariages, etc. Pour certains sociologues, le rite aurait une valeur d’unification des individus d’une société, alors même qu’ils sont séparés par des conditions sociales différentes. Pour d’autres, les rites constituent un marquage qui rend moins abrupts les passages subis au cours de notre existence. Pour des éthologues comme Konrad Lorenz, le rite serait la forme qu’une culture donne à l’agressivité individuelle de ses membres pour circonscrire ses effets désordonnés et indésirables et donc améliorer sa contribution à la conservation du groupe.

Quoi qu’il en soit, ne négligeons donc pas les rituels qui recréent des espaces de neutralité bienveillante où l’échange et la réciprocité favoriseront le maintien du « vivre ensemble » !


Renaud Cherel


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