Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 10 décembre 2012

Destructivité


L’autre matin, je suis allé faire un tour dans la forêt qui s’étend non loin de chez moi ; il faisait froid mais beau et, chemin faisant, je fus émerveillé par la quantité de champignons tout frais sortis de terre, qui étincelaient dans les rayons obliques de ce soleil d’automne. Je fus frappé en particulier par l’élégance de quelques coprins pies dont la robe en noir et blanc éclaboussait d’une grâce fragile le fossé d’une route forestière. Je me promis de revenir avec mon appareil photo pour en immortaliser quelques-uns.

Coprin pie (photo R. Cherel)
Après le déjeuner, je repartis donc dans l’intention de parcourir en sens inverse le même circuit. Dans le sous-bois, je débusquais quelques belles amanites, mais j’attendais avec impatience de retrouver mes coprins. Hélas ! Ils étaient situés à quelques dizaines de mètres d’un parking, et cela suffit pour les rendre très vulnérables : je les retrouvais réduits en miettes, dispersés en tous sens, et l’herbe piétinée aux alentours me laissait penser qu’un promeneur les avait sans doute détruits à grands coups de pieds. Face à ce désastre minuscule, je me sentis à la fois surpris et attristé. Oh, me dira-t-on, il n’y a pas là de quoi en faire toute une histoire ; un ou deux malheureux champignons n’ont aucune espèce d’importance, il y en a des millions d’autres dans les forêts d’alentours, leur disparition ne représente rien !

Peut-être, mais cela ne m’empêche pas de me poser des questions sur les comportements humains : l’individu qui a commis ce crime infime avait-il besoin de dissiper son énergie, ou bien d’évacuer son stress ? Pourquoi ce geste de destruction gratuite, aux dépens d’un être vivant qui ne lui avait rien fait ? Je ne peux pas répondre à ces questions, bien sûr ; mais je ne peux m’empêcher de penser que ce type de comportement est l’indice d’une violence bien plus générale. Faut-il le dire, ce n’était pas la première fois que je constatais de tels comportements : je me souviens par exemple d’une fine toile d’araignée aperçue un matin le long d’un chemin, scintillant au soleil avec ses gouttes de rosée comme autant de joyaux, miracle fragile de beauté éphémère. Je décidais de la prendre en photo ; mais le temps de retourner chez moi pour chercher mon appareil, lorsque je revins sur les lieux une demi-heure après, la petite merveille avait disparu et la branche qui la soutenait gisait sur le sol, brisée et piétinée.

Pourquoi faut-il que certains d’entre nous éprouvent depuis l’enfance ce besoin de détruire systématiquement ce qui est fragile et vulnérable ? Que dire du comportement banal de ces enfants qui fouettent les feuilles des arbres avec un bâton pour les réduire en bouillie, ou écrasent à coups de talon des insectes qu’ils ont pu attraper ? Quelle jouissance se cache-t-elle sous ces comportements ? Serait-ce lié au fait que ce qui est différent nous insupporte ? Est-ce en raison d’une sensation diffuse de notre propre vulnérabilité, qui nous pousserait à détruire plus vulnérable que nous ?

Nous en reparlerons dans le message suivant.

Renaud CHEREL


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