Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 16 avril 2012

Quels jeux de rôles jouons-nous ?


« L’habit ne fait pas le moine », dit-on ; est-ce bien sûr ? Quand je parle à Monsieur le Maire, je ne parle pas simplement à monsieur Dupont, mais à la fonction symbolique qu’il représente, nanti des pouvoirs que sa charge lui confère. Et cela est vrai également si M. Dupont est boucher-charcutier ou mécanicien auto : quand je rencontre ce Dupont-là, il y a de grandes chances pour que je projette sur lui un certain nombre de préconceptions sur ses compétences ; par exemple, j’attends du boucher qu’il sache découper correctement un morceau de viande et du mécanicien qu’il sache diagnostiquer la panne de mon véhicule. Mais je vais peut-être imaginer que mon boucher n’est pas très littéraire – alors qu’en réalité c’est un fin connaisseur de Maupassant. Par ailleurs, dans notre société, certaines personnes nous sont quasiment invisibles de par leur fonction : sauf s’il avait un comportement atypique, il y a peu de chances que je puisse décrire précisément le balayeur de rue ou le gardien de musée que j’ai croisé quelques instants auparavant…

Non seulement nous attribuons quasi automatiquement un rôle aux autres en fonction de leur apparence, mais souvent nous nous efforçons de nous conformer au rôle attendu de nous. Ainsi Camille explique : « Pour moi, c’est impensable de couper le lien avec l’autre ! Il y a la peur d’être rejetée. Par exemple, au supermarché, j’ai rencontré quelqu’un qui m’a raconté ses malheurs. Je m’ennuyais à l’écouter ; mais je l’ai écoutée quand même en me disant : "Il faut avoir l’air intéressé !" »

Pour Fabien, qui fonctionne beaucoup sur la séduction, l’apparence physique, le sex-appeal sont les clés indispensables pour être désirable ; très motivé par la conquête, il est considéré comme un battant performant dans son entreprise, et comme un amant attentionné dans sa vie privée.... mais, au fond de lui, quand il s’arrête de courir, le doute l’assaille et il a la sensation de ne pas valoir grand-chose.

Le doute de soi est constant chez Olivier, qui confie : « Quand je regarde les autres, je ne me sens pas à la hauteur de leurs qualités, qui leur assurent le respect et l’admiration. Je me sens différent d’eux et je ne me sens pas forcément capable d’être à leur niveau. J’ai honte quand je me compare à eux. Comme si ma vie avait été entachée par un vécu qui m’exclurait du groupe s’il était découvert. Et, comme j’ai peur d’être rejeté, je vais tout faire pour paraître attrayant, original, au dessus des normes. »

Même Mathilde, qui cherche à être vraie, se conforme au rôle qu’elle s’est donnée : « Ma devise, c’est "Engagement et perfection". Je n’aime pas le bordel ! Les choses qui ne sont pas faites parfaitement, c’est des problèmes par la suite. Il faut que ce soit clair et rigoureux ! Pas de faux-semblant : en toute circonstance, je dis ce que je pense. Quand on me critique, ça m’énerve ; en général, je n’accepte pas. Mais par la suite, en y repensant… je me dis souvent que c’est vrai. »

Et moi, quels rôles est-ce que je joue ?

Renaud CHEREL



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