Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 12 mars 2012

Croyances et savoirs


Le monde ne se réduit pas aux équations, comme croit le savant Cosinus
Notre société actuelle est bâtie – au moins dans son discours, dans sa façade, sinon dans ses fondements – sur la question du savoir. Depuis le siècle des lumières et probablement bien avant avec les philosophes grecs, beaucoup d’efforts ont été faits pour abattre les croyances qui se dressaient comme des obstacles à la compréhension de l’univers et au plein épanouissement de l’homme. Ce discours, que nous avons appris à l’école, nous prescrit de ne croire que ce qui peut être prouvé et à rejeter ce qui ne peut pas l’être ; à ne raisonner qu’en termes de causalité : les mêmes causes produisent les mêmes effets. Ce même discours nous enjoint à nous appuyer sur des savoirs et non des croyances. En ce qui me concerne personnellement, j’ai suivi des études scientifiques ; dans mon métier d’ingénieur, cela allait de soi et je n’ai pas vraiment remis en question ces bases pendant des décennies. Pourtant, au fil du temps, je me suis rendu compte que des grains de sables grippaient ce beau mécanisme du raisonnement rationalisant et que tout un chacun s’appuyait bien plus sur des croyances que sur des savoirs.

Premier constat : il est impossible à un individu donné de prouver tout ce qu’il dit savoir ; l’ensemble des connaissances accessibles aujourd'hui est bien trop vaste pour cela. Ainsi, quand j’appuie sur un interrupteur électrique, je crois qu’un flux d’électrons parcourt les fils jusqu’à l’ampoule, que leur circulation échauffe le filament, ou le gaz présent dans l’ampoule, et que cet échauffement rend le gaz lumineux. Mais je suis bien incapable de le prouver, car je ne possède pas la totalité des connaissances nécessaires ; et même si je connaissais tout de la théorie, je n’aurais pas à ma disposition le matériel d’expérimentation indispensable pour en mettre en œuvre la preuve concrète. Je fais donc confiance à mes professeurs de physique qui me l’ont enseigné à l’école, aux documents publiés sur le sujet ainsi qu’aux fabricants de matériel électrique…

Si je passais ainsi en revue les domaines où je fais confiance à d’autres dans le cadre de ma vie quotidienne, je trouverais probablement des centaines ou des milliers d’occurrences où il me faut faire confiance à d’autres sans avoir de preuve directe. Même avec du matériel sophistiqué, il ne suffirait probablement pas d’une vie entière pour prouver que tout ce qui nous entoure fonctionne de cette façon et pas autrement. Et même après avoir fait tout ce travail, je réaliserais qu’un très grand nombre de choses demeurent sans explication.

Il me faut donc bien admettre que la plupart de mes savoirs, même s’ils sont théoriquement prouvables, sont difficiles à distinguer de mes croyances. Encore me suis-je limité à des exemples matériels. Si nous portons notre réflexion dans le domaine humain, les choses deviennent encore plus difficiles.

Faut-il pour autant rejeter toute notion de savoir objectif ? Que non pas ! Mais admettons seulement que tout ne peut pas être expliqué scientifiquement et que certains domaines de l’expérience humaine puissent échapper à notre rationalité.

Renaud CHEREL


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