Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 14 novembre 2011

Finitude : nous sommes des êtres finis

La poupée de Pauline gît par terre, démantibulée. « Cassée ! » s’exclame Pauline, qui vient apporter les restes à sa mère pour qu’elle la répare, qu’elle la reconstitue comme avant. Mais ce n’est pas possible, la poupée est irréparable. Pauline se réfugie en pleurs dans les bras de sa maman : elle réalise qu’elle ne pourra plus jouer avec sa poupée, c’est fini.

Ce matin, en ouvrant la porte de la cage, John est intrigué : son hamster est immobile et ne réagit pas quand il le touche. « Papa ! » appelle-t-il, « viens voir ! Mon hamster, je sais pas ce qu’il a, il bouge plus… » Son papa lui explique que son hamster est mort, il était très vieux, il est arrivé à la fin de sa vie. John est très triste et ne comprend pas : « Il était pas vieux, il était plus jeune que moi… »

Enfants, nous nous sentons immortels, impérissables. C’est progressivement que nous prenons conscience de notre finitude, en nous confrontant à la disparition d’objets ou d’êtres chers, et en écoutant ce qu’en disent nos parents ou des gens de confiance. Et cette prise de conscience se poursuit probablement toute notre vie : même en tant qu’adultes, nous n’aurons sans doute jamais fini de nous interroger sur cette idée. Oui, tout s’use, tout se dégrade, tout a une fin, même les choses qui paraissent les plus durables. Même la montagne que j’ai admirée lors de cette excursion pendant les vacances et qui m’a tant impressionné par ses dimensions, cette montagne va disparaître un jour et ne sera plus que poussière. Oui, un jour tous ceux que j’ai connus disparaîtront. Oui, moi aussi je suis un être fini, mortel, un jour je disparaîtrai de ce monde et à mon tour je ne serai que poussière.

En même temps, l’on peut dire en un sens que c’est justement cette conscience de notre finitude qui fait de nous des êtres humains : les spécialistes considèrent que le caractère humain est attribué aux populations qui pratiquent les rites funéraires.

Tag à Joao Pessoa - Brésil  (Photo Renaud Cherel) 
" Je comprends que l'espace est une totalité à dévoiler."
Dans notre société qui cherche par tous les moyens à nier la mort, à la cacher, à l’éloigner de nous, la tradition demeure de penser aux disparus en cette période de l’année. Que nous soyons croyants ou non, il est bien, me semble-t-il, d’avoir choisi ce moment du cycle naturel des saisons, où l’été s’en est allé et où l’hiver n’est pas encore installé, pour nous inviter à considérer notre finitude. Et dans tous les cas, la conscience de notre propre finitude peut s’accompagner de sentiments positifs : profitons de ce qui nous est donné à vivre aujourd'hui, vivons pleinement notre vie. Ne gaspillons pas les biens – qui ne sont pas infinis – dont nous disposons, rendons ce qui nous a été donné. Prenons soin de l’héritage que nous lèguerons à ceux qui nous suivent : notre finitude même nous donne la responsabilité de leur transmettre les valeurs, les richesses et les ressources dont nous avons nous-mêmes bénéficié.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Les étapes du deuil
    Nous sommes mortels
    Date de péremption
    Souviens-toi que tu vas mourir


Liens externes 
    Blog de Bernard Romain

Aucun commentaire: