Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 26 décembre 2011

Bilan de l'année


Nous abordons les dernières semaines de l’année et c’est le moment où les médias nous proposent de faire le bilan de l’année écoulée : les accidents ou les catastrophes naturelles, les événements climatiques marquants, les bouleversements économiques, la vie politique et sociale ou tout simplement les films ou spectacles qui ont fait date, les personnalités qui ont laissé une trace dans l’année.
        
C’est peut-être le moment pour nous aussi de jeter un regard plus personnel sur les événements qui nous ont touchés au cours de ces douze derniers mois. Pour beaucoup d’entre nous le temps passe si vite, et tant de choses tombent dans l’oubli ! Qu’y a-t-il eu d’important dans ma vie depuis un an ? En balayant dans mon esprit les événements successifs que j’ai vécus ou dont j’ai été le témoin, je peux par exemple les classer en trois ensembles.
    
Dans le premier, les événements que j’ai vécus plutôt négativement : les mauvaises nouvelles me concernant moi-même ou mes proches, que ce soit dans le domaine de la santé, des relations privées ou professionnelles, des biens ou services dont je bénéficie ou dont je suis responsable. Entrent aussi dans cette catégorie tous les événements plus éloignés qui me touchent en rejoignant mes préoccupations ou mes valeurs sur le plan social, économique, politique, religieux, éthique… et qui à mes yeux ont participé à la dégradation de la situation. Une autre façon de décrire cet ensemble serait de dire que ce sont les événements qui ont provoqué en moi des émotions dites négatives : de la peur ou de l’angoisse, de la colère, de la révolte, de la tristesse, de la douleur ou de l’ennui.
    
Dans le second ensemble, je pourrais regrouper de la même façon tous les événements, proches ou lointains, qui m’ont touché par leur aspect positif, les améliorations qu’ils ont apporté pour moi-même ou pour les causes qui me tiennent à cœur. Ceux qui ont éveillé en moi des émotions qualifiées de positives : de la joie, du bonheur, de la reconnaissance, de l’intérêt, de la curiosité…
           
Enfin, dans le troisième ensemble, je peux ranger les événements que je juge plutôt neutres, qui à mon sens n’ont pas fait progresser ni régresser les choses et n’ont pas suscité en moi d’émotions perceptibles dans un sens ou dans un autre.
-"Bilan globalement positif !" (Dessin Renaud Cherel)
  
Que peut m’apporter ce travail de bilan ? D’abord, c’est une bonne façon de me remettre en mémoire les points importants de l’année. Mais surtout, l’examen de ces trois ensembles me donnera des clés précieuses sur ma façon de fonctionner et de faire face aux événements de la vie : de ces trois catégories quelle est celle qui ressort comme la plus importante à mes yeux ? Bien sûr, tout le monde sera d’accord pour dire que certaines années sont plus favorables et d’autres sont plus difficiles. Mais ma perception personnelle n’est pas forcément liée aux difficultés rencontrées : dans certains cas, celles-ci ont pu être vécues comme douloureuses et d’autres fois au contraire comme des défis à relever.
    
Alors, quel est mon bilan personnel ?

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Bilan et projets
    Bilan et souhaits
    Bonnes résolutions
    Bilan 2014

Liens externes :
    Sarah fait son bilan 2011...          

mardi 20 décembre 2011

Faire face à l'imprévu (fin)


Comment le capitaine du Costa Concordia a-t-il géré l'imprévu ?
Dans le message précédent (voir "Faire face à l'imprévu"), nous avons vu les trois premières étapes proposées par Philippe Perrenoud, permettant de mieux faire face aux imprévus : anticiper l’événement, décoder ses signes précurseurs, identifier les événements clés. Voici les trois suivantes, illustrées d’un exemple :

Monique est jeune professeur dans un lycée. Alors qu’elle rend les copies du dernier devoir, un des élèves se lève et conteste bruyamment la note affichée sur sa copie. Monique se tourne vers lui et, concentrée sur son échange avec cet élève, ne se rend pas compte que la classe s’agite : bientôt c’est le chahut et Monique, débordée, ne sait comment réagir.

Interpréter l’ensemble de la situation
L’irruption d’un événement imprévisible nous conduit parfois à délaisser tout le reste pour nous focaliser sur lui, ce qui peut avoir des conséquences désastreuses. L’observation en milieu professionnel montre que les débutants ont plus de risques d’être complètement absorbés par un incident imprévu, alors que ceux qui sont plus expérimentés élargissent leur vision latérale et prennent en compte l’ensemble de la situation.

Élaborer une réponse appropriée
Même si on a anticipé l’événement et que l’on dispose d’un répertoire de réponses possibles, encore faut-il appliquer la réponse appropriée. Mais les choses ne se répètent pas exactement, et bien souvent la réalité ne correspond pas au scénario prévu : il faut donc adapter son action à partir d’une trame générale ou d’une expérience partielle. Cela nécessite de bien se connaître, d’avoir pris conscience des biais et des failles de ses propres raisonnements spontanés.

Activer le processus de réaction
Parfois le geste approprié n’est pas techniquement difficile, mais la peur de l’erreur et des conséquences peut paralyser le passage à l’acte. L’opérateur, à tort ou à raison peut être saisi de doutes, refaire son raisonnement, surseoir. Il lui faut évaluer un double risque : celui d’agir trop vite et celui de trop tarder. Pris dans l’organisation du travail, il a rarement "tout son temps" pour analyser les situations et réagir. Philippe Perrenoud accorde une importance particulière à l’effet de la deadline, l’échéance à partir de laquelle différer la réponse, aussi adéquate soit-elle, devient plus grave que répondre de façon imparfaite, mais en temps utile.

Notons que ces trois étapes peuvent s’améliorer par l’expérience, mais à la condition de prendre le temps d’analyser les échecs – ou les demi-réussites – que l’on a vécus. Car l’expérience, si elle n’est pas élaborée, ne provoque pas nécessairement des progrès rapides. C’est l’analyse des situations et des stratégies utilisées qui permettra à Monique de prendre conscience de sa façon de gérer le risque et d’agir. Elle pourra alors, selon les cas, choisir de conserver ou de modifier sa stratégie. Et il est probable qu’une telle analyse apportera plus de fruits si elle est faite avec d’autres : d’où la nécessité de lieux neutres permettant d’échanger sur son expérience sans être dans un contexte de jugement ou d’évaluation. En l’absence de tels lieux dans le cadre du travail, un accompagnement, un coaching, peuvent apporter une réelle assistance.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog : 
    Faire face à l'imprévu
Liens externes :
    Gestion de l'imprévu, par Philippe Perrenoud

lundi 12 décembre 2011

Faire face à l'imprévu

"Coucou !" (dessin Renaud Cherel)
Même dans l’activité la mieux organisée, des imprévus surgissent et il faut les gérer. Dans le message précédent (voir "Comment gérons-nous l'imprévu ?"), nous avons vu quelques réactions de personnes face à ces imprévus. Pour apprendre à mieux faire face aux imprévus, Philippe Perrenoud, professeur à la faculté de Psychologie et des Sciences de l’éducation de Genève, propose de travailler sur six points :

Certaines personnes ont l’habitude d’anticiper les événements, elles possèdent cette capacité de se projeter dans le futur pour examiner les différents scénarios de ce qui pourrait arriver. Si cette aptitude ne nous est pas naturelle, nous pouvons cependant apprendre à anticiper. Dans la plupart des sports, les grands champions sont ceux qui sont capables d’anticiper les coups de leur adversaire, par exemple au tennis, et qui disposent, pour chaque hypothèse, d’une parade adéquate, qu’ils ont longuement travaillée. Dans le domaine professionnel, il se peut que la diversité des situations vécues soit plus grande que dans la pratique d’un sport. Mais on peut s’inspirer de ces comportements pour faire l’inventaire des scénarios possibles et élaborer des réponses adaptées à chaque situation.
         
Certains métiers, comme pilote d’avion ou médecin urgentiste, sont plus que d’autres exposés à la complexité et l’incertitude : ils souvent une culture de l’anticipation, et la formation à ces métiers intègre des outils tels que des check-lists, des méthodes heuristiques, des procédures, des entraînements, des simulations. Dans d’autres professions, la routine domine et les efforts d’anticipation méthodique sont plus rares : les praticiens y sont plus exposés à être pris au dépourvu.        
Il peut être intéressant de relire une expérience vécue en se posant la question : « Qu’ai-je anticipé ou non, et pourquoi ? »

2. Repérer les signes précurseurs
Le fait de percevoir et d’interpréter correctement les signes précurseurs donne un temps d’avance sur l’événement, ne serait-ce qu’une seconde. Cela permet au praticien de se préparer in extremis à l’événement, en mobilisant des concepts et des parades potentielles. On parlera d’intuition, de feeling, de flair, voire de prémonition. Selon le type de métier exercé, l’impact de cette aptitude est variable, et indispensable chez les praticiens des métiers de l’urgence. Cette capacité, là encore, si elle est plus spontanée chez certains, peut s’acquérir soit par la pratique, soit par transmission. On peut se former et apprendre à percevoir certains phénomènes annonciateurs de l’événement et à les décoder comme des signes précurseurs.

3. Identifier les événements significatifs
Dans beaucoup de métiers exercés dans des environnements complexes, on a mis au point au fil du temps des procédures permettant de faire face à un grand nombre de situations imaginables : c’est le cas des pilotes d’avions ou des techniciens travaillant dans des centrales nucléaires, mais aussi de plus en plus dans toutes sortes de métiers où s’est développée la pratique des flux tendus.
            
Dans les tâches plus ordinaires, l’analyse d’un échec a posteriori peut permettre au praticien de réaliser que, dans un premier temps, il n’a pas compris ce qui arrivait. Elle lui permettra de mieux comprendre ses erreurs de perception, d’estimation ou d’inférence et de construire des procédures plus méthodiques de reconnaissance de l’événement.

Renaud CHEREL
            

lundi 5 décembre 2011

Comment gérons-nous l'imprévu ?

Sculpture en terre - Dublin, Irlande (Photo Renaud Cherel)
Pierre-Marie travaille dans le service administratif de sa boîte depuis quinze ans. Il a ses habitudes, il connait bien les procédures ; il sait exactement ce qu’il a à faire et il le fait bien. Par contre, il n’aime pas les imprévus ou même les changements de stratégie de la Direction qui lui mettent la pression, car il lui faut du temps pour organiser ses priorités. « Quand arrive un imprévu, cela dérange toute mon organisation. Je dois reconnaitre que pour moi c’est difficile de trier… C’est pas facile de savoir quelle tâche prendre en premier… »

À l’opposé, Dominique, chef de publicité, explique : « Mon travail consiste à vendre à des entreprises une idée pour mettre en valeur leur produits. Ce que j’aime le plus, c’est l’imprévu, le dernier moment. Je suis très réactive et je suis capable d’improviser à partir de ce que me renvoie le client. Modifier ce qui est prévu, c’est presque le plus facile pour moi. Changer, c’est permanent et c’est pour ça que j’adore mon métier. »

Pour Estelle, l’imprévu peut être un stimulant : « Quand je ne suis pas bien, ce qui peut me sortir de mon état, ça peut être un truc inattendu, un oiseau qui vient se poser en face de la fenêtre, et là je me dis :"C’est beau la vie !" J’ai une capacité d’émerveillement sur une chose qui peut être insignifiante. C’est comme si mon émotion négative était remplacée, substituée grâce à cet inattendu. Mais le phénomène inverse est tout à fait vrai aussi : je peux être dans l’euphorie et faire une bascule immédiate à propos d’un rien ! »

Mehmet est responsable logistique dans une PME et gère de l’imprévu quotidiennement : « Tous les jours je dois faire face à des situations particulières et réagir très vite : un camion qui tombe en panne, il me faut gérer le dépannage et réorganiser les circuits des autres camions du secteur pour livrer la marchandise ; un chauffeur qui est malade, il faut le remplacer au pied levé... Mais je suis comme ça ; même en vacances, j’ai toujours quelque chose à faire : je m’organise pour faire des randonnées tous les jours, et mes itinéraires sont prévus six mois à l’avance. »

Rolande collabore au service social d’une mairie : « Je travaille toujours avec une certaine anxiété en arrière-plan. Pour parer aux imprévus, j’anticipe et j’ai toujours un film qui se déroule dans la tête : j’essaie de prévoir l’imprévisible. Dans les réunions, je questionne toujours : "Est-ce que vous avez pensé à ceci ? A-t-on prévu cela ?" et si on n’a pas pris les mesures nécessaires et que l’événement survient, j’ai tendance à faire remarquer : "Je vous l’avais bien dit !" »

Même dans la vie la plus organisée, des imprévus surgissent et il faut les gérer. Mais nous ne réagissons pas tous de la même manière face à l’imprévu. Peut-être ressemblez-vous à l’un des personnages décrits ?

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Quelques outils pour faire face à l’imprévu.
    Permanence et changement
    Ordinaire, extraordinaire


Bibliographie : 
P Watzlawick, J. Weakland, R. Fisch : Changements, éd. du Seuil, Collection Points, 1981.
Dans ce livre, les auteurs examinent comment souvent, paradoxalement, le bon sens et la logique échouent à provoquer un changement de comportement et compliquent le problème, alors que des approches paraissant illogiques ou même farfelue produisent l'effet désiré. 
Tous trois ont travaillé à l'Institut de Recherches Mentales de Palo-Alto (USA). 

mardi 29 novembre 2011

Guérir - guérison active et guérison passive

Adeline est soulagée : « Mon fils est guéri de la blessure qu’il s’était faite au genou. C’est incroyable comme il a cicatrisé vite ! » -« Ah, dit Louis, je dois beaucoup à mon médecin de famille qui m’a guéri d’une vilaine bronchite qui traînait depuis des mois… »

En français, la différence entre guérison active et passive n’existe pas et c’est le même mot qui recouvre les deux nuances : ont dit indifféremment « je suis guéri par le médecin », et « ma maladie est guérie ».
En anglais, on dispose de deux mots pour dire guérir : to cure et to heal. Même si chacun de ces deux mots peut être utilisé au sens actif ou passif, on préfèrera to cure pour exprimer qu’on agit pour que la maladie guérisse, tandis que to heal apporte une nuance plus passive, désignant le fait qu’une blessure ou une maladie est en processus de guérison.

Cette différence entre les deux langues me paraît intéressante, car elle dit quelque chose sur l’approche actuelle de la guérison : en effet, l’anglais est aujourd'hui le véhicule de notre culture basée sur l’efficacité et la performance, soumises à des contraintes économiques. L’approche officielle de la notion de guérison adopte donc les catégories plus nettes de la langue anglaise plutôt que les nuances de la langue française où le sens actif et le sens passif s’interpénètrent davantage pour laisser plus de place à l’interprétation individuelle.

- Guérir pourquoi ?
On peut penser a priori que la guérison d’une blessure ou d’une maladie est un processus purement physiologique qui n’est pas ou peu influencé par la volonté de la personne. Pourtant, l’expérience montre que les choses ne sont pas si simples et que le moral de la personne influence fortement le processus de sa guérison. La volonté de guérir représente une force d’auto guérison qui vient s’ajouter aux autres moyens employés dans le traitement.

Mais tout le monde ne veut pas forcément guérir. Il peut arriver chez certaines personnes que la maladie soit un moindre mal, une façon de se protéger d’autre chose. Et dans ce cas-là, pourquoi la personne aurait-elle envie de guérir, si cela l’oblige à enlever cette protection ?

- Guérir de quoi ?
Sculpture "Sortir des griffes de la maladie"
(Irlande - Photo R. Cherel)
Voilà bien la question : nos blessures et nos maladies ne sont pas que des blessures du corps. Il est des blessures intérieures plus douloureuses encore que celles ressenties dans notre chair. Dans mon expérience de coach, il m’arrive de rencontrer des personnes dont les blessures intérieures influencent tous les aspects de leur vie, que ce soit dans le domaine privé ou professionnel. Par rapport à ces blessures-là, on peut parler de possibilité de guérison intérieure. Comme les guérisons du corps, les guérisons intérieures peuvent revêtir une multitude de formes ; dans certains cas, ce peut être un processus lent et progressif ; mais dans d’autres, c’est un phénomène quasi instantané, une sorte de retournement intérieur.

« Pour guérir, il faut rêver que l’on peut guérir. » Edouard Zarifian, psychiatre.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Dedans, dehors
    Question de référence
    Guérir de l'abandon

Liens externes : 
    Entretien avec Edouard Zarifian
    Entretien avec le Dr Olivier Soulié

Bibliographie :
Dr Olivier Soulier : Histoires de vies, Messages du Corps, éd. Sens et Symboles, Nantes, 2007.
Médecin homéopathe et acupuncteur, le Dr Soulier livre ici une synthèse de ses découvertes après avoir écouté de très nombreuses histoires de vies racontées par ses patients. Il résume dans cet ouvrage les résultats de sa lecture symbolique des pathologies, qui permettent au lecteur de mieux se comprendre et mieux décrypter ses troubles et ses douleurs. Comme il le dit lui-même dans son introduction : "Les codes des maladies et les codes de nos comportements sont des propositions de sens pour permettre à chacun d'avoir une aide dans la compréhension de sa vie et de ses maux." 

jeudi 24 novembre 2011

Exprimer et libérer sa créativité

Comme je le disais dans le message précédent (voir Créativité), nous avons tous un potentiel de créativité, mais savons-nous l’exprimer ? Certains d’entre nous s’avèrent être très créatifs, d’autres moins. Voici quelques pistes pour vous aider à libérer la créativité qui (peut-être) sommeille en vous.

Un environnement favorable

Nous sommes souvent pris par la lourdeur et la répétitivité du quotidien. Pour accéder à votre propre créativité, que ce soit pour réaliser une œuvre artistique ou pour vous livrer à une séance de brainstorming, il importe de lui réserver un espace, physiquement et mentalement : un lieu, un temps, une attitude d’esprit.
Tag sur un mur de Bahia - Brésil (Photo Renaud Cherel)

Le lieu : l’inspiration vient souvent à l’occasion d’une sorte de rêverie éveillée ; pour certains, celle-ci sera stimulée en contemplant de beaux paysages ou par le spectacle de la vie ; pour d’autres, ce seront les émotions ressenties dans certains environnements ; pour d’autres enfin, ayant la capacité de se retirer en soi facilement, le lieu importe peu.
Le temps : réservez-vous des temps spécifiques pour laisser libre cours à votre imaginaire, que ce soit par des moments de pause entre deux tâches, ou dans la trame même de votre activité si vous faites profession de créateur.
L’attitude : il est essentiel de se situer dans une attitude de non-jugement. En séance de créativité en groupe, cette règle est extrêmement importante. Le non jugement est alors accompagné de respect et de confiance, chacun restant à l’écoute des autres. En effet, le jugement tue la créativité ; les enfants, plus spontanés que les adultes, sont souvent plus créatifs.

Cassez vos habitudes
Rien de tel que de rompre avec vos habitudes pour stimuler votre créativité : en changeant de perspective, en prenant du recul, vous pouvez voir la réalité autrement. Il s’agit de répondre à la question « Et si je changeais cela ? » Une façon de pratiquer cet exercice est de choisir un inconnu aperçu dans la rue ou ailleurs et en imaginant sa vie : « si j’étais lui ou elle, quelle serait ma vie ? » Le fait de se mettre à la place d’un autre peut permettre de se libérer de limites que l’on se met à soi-même.

Donnez-vous des contraintes
À l’opposé, et paradoxalement, le fait de se donner des contraintes peut stimuler la créativité : c’est ainsi que l’art poétique, en cumulant des exigences telles que la rime ou le nombre de pieds par vers, a permis de faire émerger des chefs-d’œuvre. On peut trouver des exemples semblables dans le domaine de la peinture ou de la musique. Donnez-vous donc des contraintes, à condition bien sûr que ces contraintes soient librement consenties et intégrées !

Faites-vous confiance          
Vous êtes dans un domaine subjectif, alors faites confiance à votre propre ressenti ! Et si le résultat ne vous donne pas satisfaction, donnez-vous droit à l’échec : n’hésitez pas à jeter au panier et recommencez sans pour autant perdre confiance. Les grands créatifs ont produit beaucoup d’œuvres, mais ils en ont éliminé beaucoup aussi. Peu à peu vous gagnerez en estime de vous-même et pourrez affronter la critique de votre œuvre sans pour autant vous sentir déstabilisé(e).

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Créativité
    10 outils pour réduire le stress : écouter, créer, demander
    Poème d'été : La magie des mots
    Néoneurones
    Développer son imagination

Liens externes :
    le blog Fresques murales  de Renaud Cherel
    Wikipédia
    Créativité au travail

lundi 21 novembre 2011

Créativité

Lorsqu’elle fait la cuisine, Nolwenn ne se contente pas d’appliquer des recettes trouvées dans un livre ; elle innove sans cesse. Elle a une grande facilité d’invention pour créer de nouveaux plats, pour associer des goûts et des saveurs inédites, pour concevoir de nouvelles recettes culinaires. « J’adore sortir des sentiers battus, explique-t-elle, je regardais ma grand-mère lorsque j’étais petite, c’est elle qui m’a initiée… » 

Claire travaille dans le service marketing de son entreprise, où elle apporte une réelle valeur ajoutée grâce à son inventivité. Émettrice d’idées, sans cesse dans un bouillonnement de projets à lancer, elle s’ennuie très vite à gérer les détails : elle donne toute sa mesure dans une équipe où d’autres ensuite assureront le fonctionnement au quotidien.

Gilles, chef d’entreprise, est davantage dans l’action et la stratégie : il a une capacité à réagir en fonction de l’environnement changeant de l’entreprise, à prendre la bonne décision et à la mettre en œuvre immédiatement. Plus d’une fois, face à un concurrent, il a imaginé une action inattendue qui lui a permis de gagner un marché, alors que la situation ne semblait pas en sa faveur, Sa créativité est opérationnelle, concrète, et produit des résultats facilement mesurables.

Guy est artiste peintre ; sa créativité artistique est alliée à une grande réceptivité. Sensible aux couleurs et aux formes, il travaille très vite à partir d’impressions et d’émotions qu’il traduit en feux d’artifice colorés sur de larges aplats de couleurs vives. Il réalise des œuvres très personnelles de grande taille qui suscitent l’appréciation du public.

Il existe des centaines de définitions de la créativité ; je vous propose celle-ci, tirée de Wikipedia : « Opérationnellement, la créativité d'un individu ou d'un groupe est sa capacité à imaginer et produire (généralement sur commande en un court laps de temps ou dans des délais donnés), une grande quantité de solutions, d'idées ou de concepts permettant de réaliser de façon efficace puis efficiente et plus ou moins inattendue un effet ou une action donnée. »

Nous avons tous en nous potentiellement la capacité de créer, de faire du nouveau, car c’est vraiment une caractéristique primordiale de la vie. Pourtant, cette capacité s’exprime plus ou moins facilement selon les individus ; certains sont très doués et se montrent très créatifs alors que pour d’autres, ce n’est pas une aptitude spontanée.

Tag à Joao Pessoa - Brésil (Photo R. Cherel)
Comme l’illustrent les quelques exemples cités, notre créativité peut s’exprimer dans des domaines extrêmement différents. Je crois que nous avons tout à gagner à stimuler cette capacité de création que nous possédons : cela ne peut que contribuer à enrichir notre vie et celle des autres. Si j’ai l’impression d’être trop enfermé dans la routine, c’est peut-être le moment de solliciter ma créativité. Alors, quel est – quel pourrait être – mon domaine de créativité ? Comment puis-je trouver des occasions, dès aujourd'hui, d’exercer ma créativité personnelle ?

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Comment exprimer et libérer sa créativité ?
    Nos mains

lundi 14 novembre 2011

Finitude : nous sommes des êtres finis

La poupée de Pauline gît par terre, démantibulée. « Cassée ! » s’exclame Pauline, qui vient apporter les restes à sa mère pour qu’elle la répare, qu’elle la reconstitue comme avant. Mais ce n’est pas possible, la poupée est irréparable. Pauline se réfugie en pleurs dans les bras de sa maman : elle réalise qu’elle ne pourra plus jouer avec sa poupée, c’est fini.

Ce matin, en ouvrant la porte de la cage, John est intrigué : son hamster est immobile et ne réagit pas quand il le touche. « Papa ! » appelle-t-il, « viens voir ! Mon hamster, je sais pas ce qu’il a, il bouge plus… » Son papa lui explique que son hamster est mort, il était très vieux, il est arrivé à la fin de sa vie. John est très triste et ne comprend pas : « Il était pas vieux, il était plus jeune que moi… »

Enfants, nous nous sentons immortels, impérissables. C’est progressivement que nous prenons conscience de notre finitude, en nous confrontant à la disparition d’objets ou d’êtres chers, et en écoutant ce qu’en disent nos parents ou des gens de confiance. Et cette prise de conscience se poursuit probablement toute notre vie : même en tant qu’adultes, nous n’aurons sans doute jamais fini de nous interroger sur cette idée. Oui, tout s’use, tout se dégrade, tout a une fin, même les choses qui paraissent les plus durables. Même la montagne que j’ai admirée lors de cette excursion pendant les vacances et qui m’a tant impressionné par ses dimensions, cette montagne va disparaître un jour et ne sera plus que poussière. Oui, un jour tous ceux que j’ai connus disparaîtront. Oui, moi aussi je suis un être fini, mortel, un jour je disparaîtrai de ce monde et à mon tour je ne serai que poussière.

En même temps, l’on peut dire en un sens que c’est justement cette conscience de notre finitude qui fait de nous des êtres humains : les spécialistes considèrent que le caractère humain est attribué aux populations qui pratiquent les rites funéraires.

Tag à Joao Pessoa - Brésil  (Photo Renaud Cherel) 
" Je comprends que l'espace est une totalité à dévoiler."
Dans notre société qui cherche par tous les moyens à nier la mort, à la cacher, à l’éloigner de nous, la tradition demeure de penser aux disparus en cette période de l’année. Que nous soyons croyants ou non, il est bien, me semble-t-il, d’avoir choisi ce moment du cycle naturel des saisons, où l’été s’en est allé et où l’hiver n’est pas encore installé, pour nous inviter à considérer notre finitude. Et dans tous les cas, la conscience de notre propre finitude peut s’accompagner de sentiments positifs : profitons de ce qui nous est donné à vivre aujourd'hui, vivons pleinement notre vie. Ne gaspillons pas les biens – qui ne sont pas infinis – dont nous disposons, rendons ce qui nous a été donné. Prenons soin de l’héritage que nous lèguerons à ceux qui nous suivent : notre finitude même nous donne la responsabilité de leur transmettre les valeurs, les richesses et les ressources dont nous avons nous-mêmes bénéficié.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Les étapes du deuil
    Nous sommes mortels
    Date de péremption
    Souviens-toi que tu vas mourir


Liens externes 
    Blog de Bernard Romain

mardi 8 novembre 2011

Communication non défensive

Nous avons vu la dernière fois (voir Sur la défensive") comment notre attitude défensive pouvait détériorer notre relation avec les autres. Je vous propose ici cinq attitudes permettant de mettre en place une communication non défensive.

Cordiale méfiance ! (dessin R. Cherel)
Prendre du recul
En prenant du recul, Fabienne va réaliser qu’elle aussi est tendue car elle a été un peu énervée par des réflexions entendues à la crèche en reprenant sa fille. Elle se rend compte qu’elle a interprété les paroles de Denis et s’est sentie visée. Quand nous prenons du recul par rapport à la situation, nous la mettons en perspective. Nous mettons temporairement de côté nos différences, tout en restant disposés à les reprendre ultérieurement. Prendre du recul implique de prendre un minimum de temps pour réfléchir, réduire la tension, et laisser nos émotions se poser – mais cette démarche peut être aussi très rapide.

Montrer de l’empathie
Fabienne se met à l’écoute de Denis, qui semble avoir passé une dure journée à son travail, et qui paraît harassé. Peut-être qu’il n’était pas en train de l’accuser, mais d’exprimer sa fatigue ? Se mettre en empathie, c’est se mettre figurativement à la place de l’autre personne. Cela se traduit dans notre langage non verbal (nos gestes, notre attitude corporelle) qui devient moins tendu, plus fluide. Cette position va permettre à l’autre personne de limiter son attitude défensive parce que nous reconnaissons ce qu’elle ressent.

Poser des questions
Fabienne demande à Denis : « Alors, comment ça s’est passé, cette grosse réunion avec les clients ? » Fabienne pose une question ouverte, elle laisse à Denis la possibilité de dire ce qu’il a envie de dire. Quand nous lui posons des questions, nous découvrons les soucis de l’autre personne. Poser des questions nous permet de nous concentrer sur notre relation plutôt que sur notre désaccord. Il est important d’écouter soigneusement et de donner à l’autre personne notre attention complète.

S’ouvrir
Après avoir écouté Denis, Fabienne lui partage ce qu’elle a vécu de son côté, son agacement quand elle a repris leur fille à la crèche, qui s’ajoutait à la tension de la journée. Quand nous nous ouvrons, nous exposons nos sentiments, nos besoins et nos buts à l’autre personne. Nous pouvons faire ceci en disant « je » pour décrire nos émotions, l’événement qui a créé le problème, et son impact réel.

Différencier la personne de ses actes
Quand Fabienne s’exclame : « Je ne suis pas ta boniche ! » elle mélange ce qu’elle fait et ce qu’elle est. Et si elle ajoute : « Tu n’es qu’un égoïste ! » elle juge la personne de Denis et non son comportement ; elle l’enferme dans un personnage dont il pourra difficilement sortir. Il est important de différencier la personne et son comportement, ses actes ; de la même façon, regardons notre activité comme quelque chose que nous faisons plutôt que ce que nous sommes. Cette attitude nous permettra de sortir de la nécessité de répondre sur la défensive et va nous donner davantage de liberté, à nous-mêmes et aux autres.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Sur la défensive
    Pourquoi la violence ?
    Toujours et jamais
    Les conflits : comment les gérer ?
    Médiation
    Concession ou compromis?
    Pratiquer la bienveillance

Liens externes :
    www.cmontmorency.qc.ca/~fpicard/410-550/communicationnd.doc


Bibliographie : 
Marshall B. ROSENBERG : Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) - Introduction à la communication non violente, éd. La Découverte, Paris 2010 (1e édition 1999)

Marshall B. Rosenberg, docteur en psychologie clinique, élève de Carl Rogers, et le fondateur du Center For NonViolent Communication.  Fruit d'une expérience personnelle et de nombreuses années de mise en pratique, son livre nous présente une méthode en quatre points, simple dans son principe mais très puissante si nous arrivons à la mettre en oeuvre, qui nous permet d'améliorer radicalement nos relations avec les autres. 

mercredi 2 novembre 2011

Sur la défensive

Championnat d'escrime
Denis ouvre la porte du frigo et soupire : « Une fois de plus, il n’y a plus de jus de fruits ni aucune boisson fraîche dans cette baraque ! Moi qui voulais me détendre un peu devant la télé après une rude journée de travail… » Fabienne lui rétorque du tac-au-tac :             
-« Non, mais, je ne suis quand même pas ta boniche ! Si Monsieur veut être approvisionné, il n’a qu’à faire les courses lui-même ! »   
-« Hé ! Du calme, je ne t’ai rien dit ! Je ne peux pas faire une observation sans que tu me voles dans les plumes ! Y’en a marre !... » C’est parti, Denis et Fabienne se disputent pour une broutille, comme cela leur arrive souvent.

Marie, vendeuse dans un magasin d’article de sport, se fait agresser verbalement par un client qui ramène un vélo d’appartement : « Vous avez vu ce que vous m’avez vendu ? Le boîtier ne marche pas, c’est de la m… ! Mademoiselle, vous devriez avoir honte de vendre ça. Vous êtes complètement nuls dans cette boîte ! » Marie réagit prestement en esquivant le problème :           
-« Monsieur, ça ne me concerne pas. Allez voir le service après-vente, c’est à l’autre bout du magasin. » Le monsieur insiste mais Marie l’ignore en se tournant vers un autre client.

Jean-Julien est responsable de rayon dans une grande enseigne de bricolage. Il a eu un entretien difficile avec son chef : -« Vous n’avez pas obtenu les objectifs fixés pour le mois dernier. » Jean-Julien se sent écrasé et ne sait que répondre.        
-« Je suis désolé, Monsieur, je… »    
-« Ça ne peut pas durer ; il me faut des résultats, vous m’entendez ? »      
Jean-Julien se sent nul, et commence à craindre pour son emploi, d’autant plus que son chef ne cesse de le critiquer. Alors qu’il est conscient du manque de moyens matériels mis à sa disposition, il a décidé de faire plus d’heures pour essayer de compenser, tout en se disant qu’il n’y arrivera jamais.

Quel est le point commun entre ces trois situations ? C’est que les protagonistes sont sur la défensive. Dans la vie professionnelle ou privée, il peut nous arriver de nous sentir agressés, et cela nous amène à réagir par une réaction de défense. Selon notre caractère et le contexte, nous pouvons répondre par la contrattaque, par la fuite ou par la soumission. Mais dans tous les cas de figure, on peut se poser la question : la stratégie choisie était-elle la mieux adaptée ?

Les raisons qui nous amènent à réagir défensivement peuvent être d’origine externe, par exemple la critique émise par une autre personne ; mais aussi d’origine interne : l’idée – fondée ou non – que la critique s’en prend à nous en tant que personne et non à nos actes. Les faits extérieurs, nous ne pouvons pas les changer ; mais nous avons le pouvoir de changer notre attitude intérieure par rapport à ces faits.

Renaud CHEREL


Voir la suite : Communication non défensive

Voir aussi dans ce blog :
    Les conflits : comment les gérer
    Les mécanismes de défense psychologique
    Toujours et jamais
    Destructivité
    L'écorce des arbres

Bibliographie: 

Marshall B. ROSENBERG : La communication non violente au quotidien, éd. Jouvence, Genève, 2009, 91 pages. 

Dans ce petit fascicule, Marshall Rosenberg résume la méthode, devenue un outil utilisé dans le monde entier, qui permet d'entretenir en toutes circonstances une communication fluide entre les personnes et d'accroître la qualité de la relation dans le respect des différences mutuelles. 

mardi 25 octobre 2011

Cour de récréation

Cour de récréation (Photo Valérie Winckler)
Evelyne se souvient de la cour de récré : « J’étais une fille un peu timide, mais j’avais beaucoup de copines. J’étais plutôt gaie, j’aimais m’amuser à de nombreux jeux ; mais je me souviens que j’aimais en changer, j’étais toujours la première à dire : et si on jouait à ça, maintenant ?... »

Clément raconte : « Je n’étais pas bagarreur, pas le caïd de la cour de récréation ! J’étais un enfant calme, pas leader, pas meneur du groupe. Je n’ai plus trop de souvenirs, mais je crois que je ne me suis pas ennuyé… j’aimais bien être dans un groupe mais à vrai dire je n’avais pas trop d’amis, de vrais amis : un ou deux seulement ; je n’aimais pas inviter du monde en vrac. »
Il est curieux de constater combien notre façon de faire dans la cour de récréation, enfant, est révélateur de notre personnalité d’adulte.

Ceci s’explique : en effet, selon la plupart des auteurs, les grands traits de notre personnalité se mettent en place avant l’âge de six ans. Et si l’on sait bien regarder, ces traits apparaissent clairement car ils sont moins cachés par le vernis de politesse et d’attitudes sociales que nous avons appris à appliquer en tant qu’adulte.
Mais, à l’examen de la façon dont on se comportait étant enfant, on est confronté à deux obstacles :       
- d’abord, on ne se souvient pas toujours très bien, notre mémoire ayant opéré un tri dans les souvenirs ;          
-ensuite, on se rend compte fréquemment que déjà l’enfant que nous étions adoptait des comportements différents selon les circonstances.

À la maison, l’enfant que j’étais demeurait sous l’influence de ses parents ou des personnes ayant autorité sur lui ; selon son tempérament, il réagissait contre (enfant rebelle) ou en faveur (enfant soumis) de l’autorité. De la même façon, pendant les cours scolaires, le même enfant était sous l’influence du maître ou de la maîtresse d’école et adoptait une attitude rebelle ou soumise. Dans ces deux types de circonstances, une minorité d’enfants se comportent de façon neutre vis-à-vis de l’autorité (enfant libre), mais ils ne sont pas nombreux.

Par contre, dans la cour de récréation, les contraintes se faisaient moins directement sentir et l’enfant que j’étais se livrait davantage à ses impulsions : c’est ce qui explique le choix de la cour de récréation comme lieu de discernement des traits de personnalité. On pourrait aussi choisir les moments de loisirs que nous avions, enfant, à condition que ce fussent de vrais temps libres et non pas des activités imposées plus ou moins directement par les parents : ce qui, à la réflexion, n’est pas toujours évident.

Quel était mon comportement dans la cour de récréation ? Étais-je plutôt leader, rassemblant des camarades autour de moi pour réaliser un projet ? Aimant être en groupe mais plutôt suiveur ? Souvent isolé, ou avec un ou deux ami(e)s choisis ? Défenseur des plus faibles et justicier ? Faisant le clown pour amuser la galerie ? Qu’est-ce que cela dit de moi ?

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog : 
Education des enfants

vendredi 21 octobre 2011

Quelques outils pour se recentrer

Chantal est en train de travailler sur un projet délicat lorsqu’une collègue l’interrompt brusquement pour lui demander de l’aide. Chantal est très ennuyée, car elle doit remettre son rapport dans la journée ; mais, fidèle à son comportement habituel, elle laisse là son travail et suit sa collègue pour lui donner un coup de main. Finalement cette intervention lui demande plus d’une heure ; en conséquence de quoi elle terminera de rédiger son rapport dans le stress, au risque de faire quelques erreurs qu’elle regrettera par la suite.

Face à la même situation, Alonzo réagit d’une autre manière, par un grand coup de colère : il renvoie son collègue hors de son bureau en lui disant de se débrouiller ; il n’a pas le temps de s’occuper d’incompétents qui ne savent même pas faire leur travail correctement. Plus tard, il se reprochera d’avoir été trop brutal avec ce collègue qui, au fond, est un brave garçon…

Tous deux ont réagi un peu automatiquement ; mais comment en sortir ? On peut schématiser le fonctionnement d’une personne en disant qu’elle sollicite trois centres : le centre instinctif, symboliquement associé au corps et plus précisément au ventre ; le centre émotionnel, associé au cœur ; et le centre mental, associé à la tête. Dans notre exemple, Chantal et Alonzo ont sollicité ces trois centres, chacun à leur manière.

Comme nous l’avons vu semaine dernière (voir Se recentrer ici et maintenant), le recentrage nous permet de sortir de nos comportements habituels, de rompre en quelque sorte l’enchaînement quasi automatique de nos réactions face à un type de situation donné. Tout naturellement, le recentrage va passer par l’un des trois centres. On peut donc envisager trois modalités possibles de recentrages selon le centre choisi :
Savoir prendre un moment pour se recentrer

- Travailler sur les sensations du corps
Par exemple sentir le poids des différents membres de mon corps, les pieds sur le sol. Prendre conscience des différents muscles de mon corps et les relâcher. Prendre conscience de ma respi-ration, des mouvements du diaphragme. Porter mon attention sur une partie du corps et me dire intérieurement comment je sais que mon attention est là.

- Travailler sur les sensations du cœur.
Mettre la main sur mon cœur. Porter mon attention sur les battements de mon cœur. Ressentir une chaleur au niveau de mon cœur. Dire comment je sais que mon attention est là. Si je suis avec d’autres, me mettre en lien avec mon voisin par le cœur.

- Travailler avec la tête sur des déplacements.
Visualiser un endroit, par exemple une île grecque en été (ou tout autre endroit). J’imagine le décor en détail et je m’y plonge. Quelles sont les sensations (le vent sur ma peau…), les odeurs (du poisson grillé, des épices…), les émotions qui me traversent ?

En exécutant ce type d’exercice, je sors de mes comportements habituels et répétitifs pour être présent à ce qui se passe ici et maintenant dans mon corps, dans mon cœur ou dans ma tête. Le fait de répéter régulièrement ce type d’exercice va m’aider peu à peu à me distancer de mes schémas habituels.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Se recentrer ici et maintenant
    Améliorer sa qualité de présence
    Libérer son intuition

Liens externes :
    Cultive tes talents

mardi 18 octobre 2011

Se recentrer dans l'ici et maintenant

Dans la vie courante, nous sommes fréquemment en fonctionnement automatique : nous avons mis en place depuis très longtemps des ensembles de comportements adaptés à certaines situations, et nous les exécutons sans plus y penser. C’est ainsi que nous accomplissons, sans vraiment y prêter attention, un certain nombre d’actions quotidiennes plus ou moins complexes. Cela peut être très variable : se laver les dents ou bien faire ses achats express dans les rayons du super-marché local ; répondre à la salutation d’une personne connue ou bien exécuter certaines tâches professionnelles.

Chacun de nous a ainsi ses schémas de comportements ; ceux-ci nous sont extrêmement utiles car ils nous permettent d’améliorer notre efficacité : quand nous avons appris à conduire, toute notre attention était concentrée sur le maniement des pédales et du levier de vitesse, sur tous les détails qui permettent de manœuvrer le véhicule. Par conséquent, il nous était difficile de soutenir une conversation un peu élaborée ou de goûter notre environnement. Ayant acquis les réflexes nécessaires au fil des kilomètres, notre conduite est devenue automatique et nous pouvons mieux apprécier le paysage ou discuter avec notre voisin en conduisant.

Par contre, ces schémas ne sont pas toujours adaptés à la situation. C’est le week-end ; Guillaume prend sa voiture pour aller faire une course et, pendant le trajet, des préoccupations professionnelles lui traversent l’esprit. Lorsqu’il s’arrête, il constate qu’il s’est garé devant son bureau… il a retracé automatiquement, sans s’en rendre compte, son itinéraire quotidien de la semaine ! Ce genre de mésaventure peut nous arriver dans n’importe quel domaine où nous avons mis en place des automatismes qui, si nous n’avons pas conscience, peuvent rogner sur notre liberté. C’est le cas notamment dans mes modes de relations aux autres ; souvent je constate que « je ne peux pas m’empêcher de…, c’est plus fort que moi » ; mais dans ce domaine relationnel, j’en ai moins facilement conscience, alors que mes réactions un peu stéréotypées sont souvent assez évidentes aux yeux de mon entourage.

Le recentrage est un outil qui me permet de prendre une distance par rapport à mes automatismes pour mieux vivre dans le présent. Le but du recentrage, c’est de me distancier de ces fonctionnements égotiques pour redevenir une personne libre et avoir le choix du mode de relation le plus adapté à la situation – et non plus dans une compulsion. Peut-être que mon comportement automatique était le plus adapté à la situation, et je décide de le conserver ; mais j’ai prise sur la situation et je peux en décider autrement.

Les exercices de recentrage permettent de me remettre dans l’ici et maintenant. De renoncer aux jacasseries mentales, à mes préoccupations mentales pour être à ce qui est là. Si je suis triste, j’accueille cette tristesse et je ne me sauve pas ; je reviens à mon corps, à ma respiration. J’ai l’esprit que s’évade parce que je suis triste ? Je le constate et je reviens dans mon corps.

Renaud CHEREL

Exercices de recentrage.

Voir aussi dans ce blog :
    Vivre l'instant présent
    La solitude
    La nostalgie n'est plus ce qu'elle était