Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

jeudi 4 novembre 2010

Etre présent à mes cinq sens

Semaine dernière (voir Registres sensoriels), nous avons évoqué nos cinq sens. Voici comment les utiliser pour être plus présent à soi-même.

Si nous sommes attentifs à ce qui se passe en nous quand nous sommes éveillés, nous pouvons prendre conscience que nous passons beaucoup de temps à nous tenir un discours presque inces-sant. Prenons quelques exemples :

Quentin a une sorte de tribunal qui siège en permanence dans sa tête : « Quel imbécile je suis ! J’aurais pu quand même mieux faire…Il faut absolument que je fasse plus attention la prochaine fois… » Ce tribunal interne se tourne parfois vers les autres : « Il ne pourrait pas soigner un peu mieux son travail, celui-là ? Quand on commence quelque chose, on le fait bien ! »

Pour Michèle, c’est une comparaison sans fin : « Ah ! Si je pouvais gagner autant d’argent qu’Aline… Est-ce que cette tenue est suffisamment élégante ? En tout cas, avec cette jupe je serai nettement mieux qu’Aline, qui n’a aucun goût ! »

Pour Taleb, c’est une constante autodépréciation : « Je ne suis pas à la hauteur… Comment vais-je faire ? Je n’y arriverai pas, c’est vraiment très compliqué pour moi ; le mieux, c’est peut-être d’attendre demain avant de commencer… »

Quant à Sidonie, au contraire, elle est très satisfaite d’elle-même : « Là, je leur ai montré ce que je savais faire, à ces vieux schnoques ! Si je n’étais pas là… C’est quand même moi la meilleure dans cette boutique… »

On pourrait ainsi multiplier les exemples à l’infini ; mais là n’est pas notre propos. Observons seulement que nous ressassons souvent le même genre de discours au fil du temps : c’est ce que certains auteurs nomment la « jacasserie mentale ». Dans bien des situations, Quentin sera prédisposé à poursuivre son autocritique, Michèle à se comparer aux autres, Taleb aura tendance à se déprécier et Sidonie à s’auto-satisfaire.

Serions-nous donc condamnés à nous resservir le même discours mental, comme un vieux disque rayé ? Non, bien sûr ; mais encore faut-il en avoir pris conscience et vouloir en sortir. Et c’est là que nos cinq sens peuvent nous venir en aide. En effet, l’expérience montre que, lorsque nous sommes centrés sur nos perceptions, nous ne sommes plus dans le discours mental. Le fait de me centrer sur mes cinq sens me permet d’échapper au bavardage mental, à mes préoccupations récurrentes et d’être dans le présent, d’accueillir ce qui vient ici et maintenant.

Une façon aisée de faire cela, c’est de passer rapidement en revue ce que je reçois de mes cinq sens : la Vue, l’Audition, le Toucher – ou plus largement le sens Kinesthésique –, l’Odorat et éventuellement le goût (VAKO). Là où je suis, à la maison, sur le lieu de travail, dans les transports, rien ne m’empêche de consacrer de temps en temps une ou deux minutes à faire le tour de VAKO : c’est un excellent moyen de sortir de mon bavardage mental !

Pour aller plus loin... (ajouté le 7 juin 2013)

Exemples de petits exercices à pratiquer pour être attentif aux messages de ses sens :
Asseyez-vous confortablement, les jambes non croisées, les pieds à plat sur le sol, les mains sur les cuisses et le corps détendu. Vous allez maintenant solliciter successivement chacun de vos sens (VAKOg).

Visuel :
Choisissez un couleur (par exemple le vert) et observez votre environnement pour y percevoir tous les objets de cette couleur. Il se peut alors que vous remarquiez des objets dont vous n’aviez jamais fait attention à la couleur.

Variante : essayez de repérer cinq couleurs différentes dans votre environnement, et nommez ces couleurs. 
Le fait de nommer une couleur tout en la regardant stimule l’activation simultanée des deux hémisphères cérébraux, améliorant ainsi les connexions neuronales et donc votre créativité.

Auditif :
Mettez-vous à l’écoute des bruits de votre environnement en cherchant à distinguer ceux qui sont proches et ceux qui sont éloignés.

Variante : repérez cinq sons différents dans votre environnement et nommez-les.  
       
Trouver une dénomination pour un son est plus compliqué que pour une couleur, dans la mesure où notre langage nous permet de repérer les nuances à partir d’une palette de couleurs de base ; par contre, il ne nous fournit pas un nombre limité de sons fondamentaux. Mais rien de vous empêche de caractériser le son par son origine. Par exemple « bruit de moteur », « chants d’oiseaux », etc.

Kinesthésique :
Concentrez-vous sur ce que vous ressentez physiquement, aussi bien provenant de l’extérieur de votre corps  que de l’intérieur de votre corps.

Variante : identifiez cinq sensations différentes, internes et externes, et nommez-les. 

Par exemple : température froide de l’air, présence de vent ou de courants d’air, confort ou dureté de l’endroit où vous êtes assis, ambiance oppressante ou non… (sensations d'origine externe)
Sensation de bien-être ou de malaise, sensation de ballonnement, douleurs dans les membres ou dans le dos, contractions musculaires… sensations d'origine interne).

Olfactif :
Identifiez les différentes odeurs provenant de votre environnement.

Variante : repérez trois odeurs différentes dans votre environnement et nommez-les.  
 
L’olfaction est un sens extrêmement fin, mais peu sollicité en général. Sauf pour les « nez » des parfumeurs ou des professionnels comme les œnologues, l’identification des odeurs et de leurs composantes dans un environnement neutre s’avère difficile pour la plupart des gens. Cet exercice, conduit régulièrement, peut vous permettre d’améliorer votre sens de l’olfaction. Les odeurs sont parmi les éléments qui restent en mémoire le plus longtemps ; mais le fait de mettre un nom sur une odeur déterminée aide grandement à la retrouver et à la différencier.

Gustatif :
Éventuellement on peut ajouter le sens du goût. En dehors des repas, celui-ci n’est pas beaucoup sollicité ; cependant, en étant attentif, on se rend compte qu’on peut avoir dans la bouche différentes saveurs en fonction de notre état du moment. Là aussi, il peut être intéressant de nommer ces goûts pour les identifier et les discriminer : saveur légèrement sucrée, acidité si on a des remontées gastriques, amertume, voire goût salé lorsqu’on saigne des gencives... 


Renaud CHEREL



Voir aussi dans ce blog :
    Registres sensoriels
    Dans tous les sens
    Intuition

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Faut-il en conclure que les mâcheurs de chewing-gum tournent sans cesse autour de VACO afin d'empêcher tout bavardage mental ?