Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

mercredi 10 novembre 2010

Transmettre

Que transmettrons-nous à nos petits-enfants ?
Nous venons de traverser les journées du patrimoine, qui nous permettent chaque année de faire revivre la mémoire de nos prédécesseurs à travers les œuvres qu’ils nous ont laissées… Mais quelles traces laisserai-je, moi ?

Gaston se pose la question, et cela le préoccupe : « J’aimerais bien laisser une trace, ne pas disparaître complètement de la mémoire des autres. Mais comment faire ? Je ne suis pas un grand artiste, ni un inventeur génial, et encore moins un homme politique connu… »

Cette question, Véronique ne se la pose même pas : « À ma mort, dit-elle, je disparaitrai complètement, pouf ! Et rien ne restera de moi, je me dissoudrai dans le Néant. Alors je profite de la vie au jour le jour, tout simplement ! »

Le souvenir d’une personne, dit-on, ne subsisterait en moyenne que sur deux ou trois générations… À la quatrième, l’oubli est souvent complet. Pour vous en convaincre, répondez à cette simple question : que sais-je de la vie de mes arrière-arrière-grands-parents (c'est à dire les grands-parents de mes grands-parents) ? Sauf si l’un de vos aïeux a été un personnage célèbre, il y a de grandes chances pour que vous n’en ayez qu’une idée très confuse, voire même pas la moindre idée.

Quelle trace laisserai-je donc auprès de ceux qui me suivront ? Il est probable qu’on m’oubliera, moi aussi, et que dans quatre générations personne ne saura plus qui j’étais. Et pourtant, beaucoup d’hommes et de femmes ont eu le désir de laisser une trace sur la terre, ne serait-ce que par l’intermédiaire de leur descendance. Ce désir explique probablement bien des œuvres, dont la durée de vie est souvent supérieure à celle de leur créateur. Combien de monuments et d’œuvres d’art, combien d’entreprises et de projets, et même combien de lois et de réformes ont vu le jour grâce à cet aiguillon ?

Pourrait-on dire que ce désir de laisser une trace est spécifique à la période moderne? Il semblerait que, dans le contexte de notre société, il est amplifié par l’individualisme ambiant. Dans l’Antiquité, beaucoup d’œuvres étaient anonymes, même si quelques grands noms sont parvenus jusqu’à nous. Et l'on ne retrouve pas non plus cette tendance dans les sociétés plus communautaires ou celles dites primitives.

Mais il existe des traces plus immatérielles, maintenues par la transmission orale : quoi de plus fugitif ? Et pourtant, force est de constater que les grands maîtres spirituels n’ont pour la plupart rien construit ni rien écrit. Ni Bouddha, ni Lao-Tseu, ni Confucius, ni Socrate, ni Jésus-Christ n’ont fait construire de monuments ou laissé une seule ligne écrite : tout a été consigné par leurs disciples. Et pourtant, par la transmission de leurs enseignements, leur mémoire est encore bien vivante après de nombreux siècles.

Ainsi peut-on se poser la question autrement : qu’est-ce que j’aimerais transmettre et qui, finalement, portera un peu de mon empreinte ? Quelles valeurs aimerais-je aider à subsister après moi ? Cela m’est-il indifférent ou bien me tient-il à cœur ? Si oui, cela vaut sans doute la peine d’examiner la façon dont je sers ces valeurs, et peut-être de m’employer à mieux les faire vivre dès aujourd'hui…



Renaud CHEREL



Voir aussi dans ce blog :
    Les valeurs morales
    Question d'âge
    L'éducation des enfants
    Poème d'été : Généalogies
    Transmettre son expérience
    Vive l'écriture!
    Savoir encourager


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