Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

dimanche 26 septembre 2010

Les points faibles


Qu’en est-il de nos points faibles ? Précisons d’abord une chose : dans sa philosophie, le coaching s’appuie en priorité sur les ressources de la personne, ses talents, ses points forts. Le coaching travaille ainsi à contresens d’une certaine tendance dans notre société qui consiste à insister sur ce qui ne va pas, et en particulier les points faibles. N’avez-vous pas constaté comme notre vocabulaire est bien plus riche pour nommer ce qui ne va pas que ce qui va ? Par exemple, en psychologie, il existe un catalogue qui décrit l’ensemble des dysfonctionnements psychiques connus. Mais il n’existe pas de livre qui décrive toutes les façons de bien fonctionner !

Cependant, cela ne veut pas dire que le coach est aveugle et naïf, et qu’il considère que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Simplement, la psychologie positive a la volonté de travailler cet autre côté qui a été moins abordé : « La psychologie classique a fait la moitié du chemin. Il lui reste à identifier tout ce qui va bien pour le mettre à disposition du plus grand nombre. » Il s’agit simplement de faire en sorte que notre potentiel d’être humain, merveil-leux et unique, puisse s’exprimer au mieux dans le cadre où nous nous situons.

Comment gérer les points faibles ?

Par rapport à mes talents et points faibles, j’ai le choix :
- soit de passer du temps et de l’énergie à améliorer mes points faibles
- soit de passer du temps à découvrir mes points forts et à les développer.

Par exemple, Louis a évalué sur une échelle de 1 (mauvais) à 100 (excellent) ses talents et ses points faibles : il s’est donné 5 en créativité, et 60 en organisation. Il estime qu’avec la même énergie, il pourra améliorer son organisation pour passer de 60 à 80/100, ou bien doubler sa créa-tivité, soit passer de 5 à 10 : il choisit la première option.

Voici cinq stratégies pour gérer ses points faibles en réservant le maximum d’énergie aux points forts :
1 – Améliorez-vous dans ce domaine, mais sans excès, de façon à ne pas y consacrer trop d’énergie, mais ne pas mettre en cause ou saborder les domaines où vous êtes bon.
2 – Déléguez ! Il y a toujours quelqu'un qui aime faire ce que vous détestez ! Pensez en termes d’énergie dépensée ; faites du troc, utilisez la formule du portage, ou d’autres solutions qui per-mettent des synergies.
3 – Faites-vous coacher pour mieux structurer vos activités, mieux vous organiser. Par exemple, améliorez votre gestion du temps. Mais attention, pas d’usine à gaz : plus c’est simple, mieux c’est.
4 – Cherchez comment vous pourriez arriver à un bon résultat en procédant autrement, de façon à mettre en œuvre vos talents. Autrement dit, vous palliez un domaine mois bon avec un domaine plus fort.
5 – Laissez tomber purement et simplement : choisissez vos combats, pratiquez le « noble art » du lâcher-prise. Souvent, on veut éradiquer la cause ; mais on peut s’arranger avec pour minimiser les conséquences.

Pour aller plus loin...

Notons que nos points forts et nos points faibles peuvent se présenter comme les deux faces d'une pièce de monnaie. Autrement dit, on peut avoir les défauts de ses qualités, et inversement. En effet, un certain nombre de qualités (mais pas toutes) peuvent s’avérer négatives dès lors qu’elles sont exagérées. 
Quelques exemples :

Exemple de qualité
… dont l’excès peut devenir un défaut
L’altruisme
Le fait d’étouffer ou d’envahir l’autre en voulant lui rendre service.
L’assertivité, l’affirmation de soi
L’autoritarisme, le fait d’écraser l’autre sans le respecter.
L’autonomie
La résistance passive, l’opposition systématique.
La bienveillance
La naïveté, la faiblesse, la familiarité.
La capacité à apprécier les bonnes choses (être gourmet)
La gloutonnerie, la goinfrerie.
La capacité à faire confiance.
La crédulité, la candeur, l’ingénuité.
Le courage.
La témérité, la hardiesse inconsidérée.
La curiosité.
L’espionnage, l’inquisition.
L’exigence.
L’intransigeance.
La franchise.
La maladresse dans les relations.
L’obéissance.
La servilité.
L’originalité.
L’excentricité, l’extravagance.
La prudence.
Excès de prudence. « Un excès de prudence est souvent un danger » (Jacques Delille)
La rigueur.
Le rigorisme.
La sérénité.
L’apathie.
La sobriété, le sens de l’économie.
L’avarice.
La tolérance.
Le laxisme, le laisser-faire.
Le fait d’être travailleur.
La travaillomanie, en anglais « work addiction », qui conduit au burn-out.


Renaud Cherel


Voir aussi dans ce blog : 
    Les talents
    Défauts et qualités
    Curiosité : défaut ou qualité ?
    Pudeur impudeur
    Modérer ses excès

vendredi 24 septembre 2010

Les talents

Les chercheurs qui ont observé les personnes ayant « réussi » ont noté qu’elles avaient deux caractéristiques en commun :

- Derrière toute personne qui réussit s’en trouve une autre qui l’a aidé à réussir. Il n’y a pas d’exception à cette constatation, sinon certains affirmant qu’avec une aide ils auraient été bien plus vite et plus loin. Cela montre que les gens ne réussissent pas tout seul. Ils ont eu un premier accompagnateur dans l’enfance, par exemple un parent ou les deux, une personne de la famille, un proche. Si cette personne est développée psychologiquement, elle va ensuite céder la place à un mentor, un conseiller, un coach

- Toutes ces personnes ont construit leur réussite à partir de leurs points forts et de leurs talents. Et cela, c’est à plusieurs points de vue l’opposé de l’éducation pratiquée dans notre société, où l’on pointe trop souvent le doigt sur les éléments à améliorer. Ceux qui ont réussi n’ont pas été passer leurs points faibles en revue, ils se sont concentrés en priorité sur leurs points forts.

Globalement, on a tendance à voir ce qui ne va pas pour y remédier, plutôt que d’améliorer nos talents pour en faire des points forts.

C’est dans les domaines où l’on n’est pas bon qu’on a les plus petites marges d’amélioration ; au contraire c’est dans nos domaines d’excellence qu’on a la plus grande marge de progrès. (Alain Cayrol)

Mais au fait, qu’est-ce qu’un talent ? C’est un mot à sens multiple, aussi pour simplifier notre propos je proposerai ceci :

Un talent doit répondre à deux critères ; j’ai un talent pour faire quelque chose quand je sais bien le faire, j’assure, je réussis pratiquement à tous les coups ; et d’autre part quand j’ai plaisir à faire cette chose. Si ces deux conditions ne sont pas réunies – je sais bien faire et j’aime faire – je considère que ce n’est pas un talent.

Le talent laisse des traces ; le fait d’être bon dans un domaine et d’y prendre plaisir fait entrer dans une spirale gagnante.

Le talent est-il inné ou acquis ? Il semblerait que nos talents soient innés, ou au moins acquis très tôt dans l’enfance. Par contre, certains talents, étouffés par notre éducation, peuvent se révéler tardivement.

Le point fort est un talent qu’on a cultivé : d’une part on l’a développé par de la théorie (cours, ou lectures, ou discussion avec une personne expérimentée), et d’autre part on l’a pratiqué, expé-rimenté un certain nombre de fois. C’est bien d’avoir un talent, mais si on n’en fait rien, quel intérêt a-t-il ? Un talent n’a d’intérêt que si on le cultive !

Point fort = Talent + Connaissances théoriques + Pratique

Un exemple de démarche profitable est la suivante :
- J’identifie mes talents et mes points forts.
- Je mets mon énergie dans ces points forts pour progresser encore plus.
- Dans les autres domaines, j’améliore juste assez pour que ce ne soit pas une gêne, ni pour moi-même, ni pour les autres.

Essayez, vous verrez !

Et les points faibles ?
    Voir Comment gérer ses points faibles


Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Défauts et qualités
    Curiosité : défaut ou qualité ?

jeudi 23 septembre 2010

Les valeurs morales

Pour agir, pour choisir entre plusieurs possibilités, nous nous appuyons sur des valeurs morales, c'est à dire sur ce qui est vrai, ce qui est beau, ce qui est bien à nos yeux. Notre système de valeurs, nous le construisons en fonction de ce qui nous a été transmis, de notre histoire, mais aussi des plaisirs et déplaisirs que nous traversons, des peurs, des frustrations, de nos désirs et de nos envies. Du coup – cela peut paraître étonnant à première vue – ce que nous trouvons vrai ou faux, juste ou pas juste est largement influencé à la fois par notre environnement social et culturel et par notre vie émotionnelle ; au point que fréquemment nous nous arrangeons, consciemment ou inconsciemment, pour avoir des idées correspondant à nos besoins.

Quelles sont mes valeurs personnelles ?
La valeur est un point de repère, un critère particulièrement important ; si je ne la satisfais pas, je ressens un mal-être. La valeur c’est quelque chose de vraiment primordial. Mais un certain nombre de valeurs sont inconscientes, on n’y réfléchit pas ; c’est parfois quand on est en difficul-té que l’on se découvre des valeurs. Par exemple, c’est lorsque Florence est tombée malade qu’elle s’est rendue compte que la santé était vraiment une valeur pour elle ; auparavant, elle n’y pensait pas.

Prendre conscience de mes valeurs et de mes croyances peut aider à comprendre ce qui m’empêche de me comporter comme je le souhaiterais dans certaines circonstances. Prendre conscience de mes valeurs, c’est me connecter à ma source d’énergie, à ma motivation profonde. Pour moi personnellement, il peut donc être intéressant de me demander quelles sont mes valeurs : « Qu’est-ce qui est important pour moi ? Qu’est-ce qui me motive ? Qu’est-ce qui me mobilise ? Qu’est-ce qui compte vraiment pour moi ? »

Puis je peux vérifier si mes valeurs actuelles sont bien à moi. Est-ce que ces valeurs héritées, reçues, transmises, je les ai faites miennes, ou bien sont-elles des « valeurs achetées » ? Si je reconnais que telle valeur n’est plus à moi, je la remercie et je dis stop : c’est une valeur qui m’a bien aidé à un moment donné, mais maintenant je la rends à la vie.

Enfin, je peux me demander comment est-ce que je fais vivre mes valeurs, concrètement. Car la valeur n’est pas une croyance, ce n’est pas simplement ce que je crois de vrai à un moment donné ; c’est ce à quoi j’adhère. Ce n’est pas non plus un besoin : le besoin est quelque chose que je vais prendre à l’extérieur, que je ramène vers moi. La valeur sort de moi vers l’extérieur ; je la sers, presque sans attente par rapport à elle ; je l’honore avec une certaine gratuité.

Il me paraît important de rechercher une certaine cohérence dans sa vie, de chercher à être congruent, c'est à dire de faire vivre ses valeurs dans ses comportements : sinon, si notre apparence est trop éloignée de ce que nous sommes vraiment, nous risquons de ressembler à des coquilles de noix vides !

Renaud CHEREL



Voir aussi dans ce blog :
    Choisir ses critères de qualité
    Transmettre
    Essentiel et accessoire
    Transgression
    Sentiment de culpabilité

Liens externes : 
Quelles sont nos valeurs morales? Dossier de Psychologies.com

Aider l'enfant à quitter père et mère

Difficile de quitter maman !
Dans le dernier message (voir Quitter père et mère), nous avons abordé la question de l'autonomie. Comment les parents peuvent-ils aider leur enfant – au singulier car, même si l’on a plusieurs enfants, c’est à chaque fois une aventure particulière et personnelle – à acquérir leur autonomie ? Selon le psychanalyste Claude Hamos, deux choses rendent possible, à l’âge requis, l’envol hors du nid familial : la capacité à supporter les séparations et celle d’affronter, seul, la vie adulte.

Supporter les séparations

Le départ vers la vie adulte se fait par une série de séparations. Quitter père et mère représente une triple rupture : physique, affective, mais aussi d’autorité.

Une rupture physique : dès la naissance et progressivement, l’enfant puis le jeune adulte prend de plus de distance par rapport à ses parents pour se construire en tant qu’être autonome. Aux parents d’accompagner cet éloignement progressif en lui faisant confiance.

Une rupture affective : peut-être la rupture la plus difficile à réaliser. Selon les contextes familiaux, la dépendance affective à la famille sera plus ou moins importante, et la rupture vécue plus ou moins difficilement. Parfois les parents ont un besoin inconscient très grand de garder leur enfant.

Une rupture d'autorité : la loi reconnait l’autorité parentale jusqu’au 18ème anniversaire de l'enfant. Mais cette autorité légale s’appuie sur une autorité morale, qui ne se décrète ni ne s'impose par la violence, et qui évolue pour devenir à terme une relation d’adulte à adulte.

Dans cet accompagnement aux séparations, le rôle du père est essentiel. Car ne pas avancer est toujours peu ou prou synonyme de "rester encore dans les jupes de maman". Le père peut être pour l’enfant, s’il joue son rôle, celui qui lui barre l’accès au retour vers la chaleur du ventre maternel pour pouvoir naître à sa vie d’adulte.

Affronter l’extérieur

Pour partir dans de bonnes conditions, le jeune doit se sentir capable d’affronter l’extérieur. Or, cette confiance en soi peut manquer. Hélène a vécu coupée du dehors dans une famille trop protectrice, elle ne se représente le monde que comme une jungle inconnue et hostile. Pour Guy, son éducation ne lui a pas donné l’occasion de s’affronter aux difficultés : du coup il ne se sent pas capable de les résoudre et manque d’assurance.

L’éducation du jeune lui permettra de se sentir armé pour la vie si sa famille reste ouverte à la société dans laquelle elle est insérée et s’il existe un minimum de cohérence entre les règles, les principes édictés par ses parents, et leurs comportements : l’enfant y est très sensible. Par ailleurs, il est important que l’enfant puis le jeune se sente encouragé, voire poussé à prendre peu à peu son autonomie. Ce qui implique pour les parents d’évaluer à chaque étape ce dont leur enfant est capable, et de l’inviter à le faire : faire les choses seul, s’organiser par lui-même, régler ses problèmes de relation avec les autres.

Tout ceci étant dit, les parents se rendent bien compte qu’ils ne sont pas parfaits ! Accepter d’être ce que l’on est et de faire des erreurs, c’est aussi, me semble-t-il, un des acquis de l’autonomie !

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog :
    Quitter père et mère
    Education des enfants
    Voyages et jeunesse