Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

mercredi 9 juin 2010

Evénements et résilience

Qu’est-ce qu’un événement ? C’est ce qui arrive et qui a une certaine importance pour la personne ; certains le définissent comme une « discontinuité dans le fil de la vie quotidienne », d’autres comme une « expérience de vie qui exige une adaptation ». Dans tous ces cas, l’accent est mis sur la signification qui est lue et vécue par le sujet, compte-tenu de sa propre histoire. Autrement dit, l’événement est vécu en tant que tel dans la mesure où la personne lui donne un sens. Sinon, on parle de « non-événement ».Un événement est donc un fait objectif qui a un aspect subjectif.

Zohra, en arrivant d’Algérie avec son mari, avait traversé la France en deux jours depuis Marseille jusqu’à la Bretagne. Elle en a gardé un souvenir inoubliable et elle en a parlé pendant tout le reste de sa vie : ce fut pour elle un événement positif. Il se trouve que Jérôme a effectué le même déplacement dans son cadre professionnel, en passant par les mêmes étapes, pour visiter des clients : cet épisode ne lui a laissé que peu de traces, ce fut pour lui un non-événement.

Nous sommes tous confrontés à des événements dans notre vie, que nous ressentons plus ou moins fortement comme positifs ou négatifs : rencontres, découvertes, accidents, deuils, sépara-tions, licenciements, voire agressions ou attentats…

On parle d’événement traumatique quand il représenter une menace pour l'intégrité de la personne, dépassant ses possibilités de réaction, survenant de manière soudaine et non anticipée, et s'accompagnant d'un sentiment de terreur, de détresse, d'effroi, de solitude, d'abandon. Certaines personnes semblent plus sensibles que d’autres aux événements en tant que discontinuités de vie. Pour elles, le moindre changement dans les habitudes quotidiennes pourra provoquer de l’angoisse. D’autres au contraire, bien qu’affectées par un ou plusieurs traumatismes, semblent avoir la capacité de récupérer et de revenir à une vie normale : c’est ce qu’on appelle la résilience, concept popularisé en France par Boris Cyrulnik.
Certains résistent aux événements les plus stressants...

Tim fut abandonné par sa mère à l’âge de trois ans et battu par son père alcoolique qui lui brisa les deux jambes, à la suite de quoi il passa deux ans à l’hôpital. Placé en institution, il subit des violences sexuelles. Aujourd’hui, il témoigne "qu’il n’y a pas de blessures qui ne puissent être lentement cicatrisées par l’amour".

Une personne très résiliente n’est pas pour autant invulnérable, mais elle a une meilleure résistance aux chocs ! La résilience est le résultat de multiples processus qui viennent interrompre des trajectoires négatives. C’est un état dynamique, qui évolue. Même si la résilience semble innée chez certains (ou acquise très tôt dans l’enfance), nous pouvons apprendre à résister aux traumatismes, en faisant appel à nos ressources intérieures, à la confiance enfouie en chacun de nous et qui parfois a du mal à s’exprimer.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog : 
    Permanence et changement
    Fragilité
    Guérir de l'abandon

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