Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

vendredi 14 mai 2010

Notre vision du monde n'est pas le monde


Vision déformée ? (Photo Renaud Cherel)
Des invités entrent dans une pièce où un énorme bouquet de roses trône sur la table. Paule juge le bouquet magnifique et bien équilibré ; Cindy le regarde à peine car elle n’aime que les œillets ; Jack n’a pas vu le bouquet car il est absorbé par une discussion sur la politique avec Youri. Quant à François, il bat précipitamment en retraite en éternuant car il est allergique aux fleurs. C’est alors que la maîtresse de maison explique que, connaissant François, elle a acheté des fleurs artificielles… Aussitôt, François se sent mieux et sa toux disparaît.

Ces personnes n’ont pas perçu la réalité de la même façon. Pour comprendre un peu mieux ce qui se passe, nous allons distinguer trois niveaux :
- le niveau de la réalité des choses elles-mêmes, en dehors de nous en tant qu’observateurs ;
- le second niveau, c’est l’image de la réalité que nous recevons par nos sens : par exemple nous pouvons voir, toucher un bouquet de fleurs, sentir son odeur ;
- le troisième niveau, c’est la représentation mentale que nous nous faisons de cette perception de la réalité transmise par nos sens.

Ainsi, nous faisons inconsciemment un tri dans les messages que nous envoient nos sens et nous construisons chacun une réalité, cohérente avec nos expériences antérieures. Ce que nous savons déjà influence fortement nos perceptions : tout se passe comme si nous mettions des filtres entre la réalité et nous-mêmes, filtres construits au cours de notre histoire personnelle. Ne nous est-il pas arrivé par exemple, en entendant parler une langue inconnue, de ne pas pouvoir distinguer les un des autres des sons qui paraissent pourtant fort différents à la personne dont c’est la langue maternelle ?

Notre vision du monde, c’est en quelque sorte une carte qui nous permet de nous y retrouver dans le monde. Mais nous savons bien qu’il existe toutes sortes de cartes ; pour le même lieu, une carte routière ne me donne pas les même renseignements qu’une carte touristique ou qu’une carte géologique… et chacune de ces cartes n'est pas mise à jour au même rythme. De la même façon, ma carte personnelle du monde ne possède que certains éléments qui pour moi font sens : elle est beaucoup plus simple que le monde réel, et elle évolue en fonction d'un certain nombre de paramètres personnels.

Chacun a donc sa carte personnelle du monde, et on peut considérer que les unes et les autres sont bonnes ; l’important est de prendre conscience qu’il existe d’autres cartes du monde que la nôtre. Il existe d’autres manières de voir les choses, de comprendre les événements, de sentir ce qui se passe, que celle que nous utilisons habituellement. Dans notre société où nous sommes soumis constamment à un bombardement d’informations multiples et de points de vue différents, la capacité à intégrer d’autres visions du monde est un atout précieux. Pourquoi ne pas acquérir cette capacité ? Un travail sur soi avec une personne extérieure (par exemple un coach) peut nous permettre d’avancer plus vite dans ce domaine.

Renaud CHEREL


Voir aussi dans ce blog : 
    Points de vue
    Visions du monde
    Observation et jugement
    Tirer parti de mes ennemis

Liens externes :
Alfred Korzybski énonça le premier l'aphorisme fameux : "La carte n'est pas le territoire" comme une des prémisses de sa théorie de sémantique générale, dont le succès fut assez extraordinaire. Si vous vous intéressez à cette théorie, une bonne introduction en est faite sur le site suivant :
http://inventin.lautre.net/livres/Semantique-generale-Korzybski.pdf