Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 4 mai 2009

Savoir dire merci

Remerciements (dessin R. Cherel)
Nicolas aime bien rendre service, mais il n’aime pas qu’on le remercie, surtout de manière trop démonstrative : cela le met mal à l’aise. Inversement, lorsque lui-même se trouve en position de remercier, il n’arrive pas à s’exprimer et ne trouve pas les mots adéquats.

Brigitte, elle, n’a pas de problème à remercier, aussi longtemps que les choses se passent dans un cadre prévu, conventionnel : pour son anniversaire ou bien lorsque des invités lui apportent des fleurs. Mais si elle reçoit un cadeau inattendu, ou un geste qui la touche dans des circonstances inhabituelle, elle se sent troublée et ne sait comment réagir.

Il est parfois difficile de dire merci en toute simplicité... Bien sûr, il y a le merci automatique, machinal, que l’on dit quand un commerçant nous rend la monnaie ou que notre voisin nous tend la salière à table. Mais un vrai merci est loin d’être un acte anodin.

Deux psychologues, Robert Emmons et Michael McCullough, ont fait une expérience pendant 10 semaines auprès de plusieurs centaines de personnes distribuées en trois groupes : dans le premier, chacun était invité à tenir un journal du vécu quotidien ; dans le second, seulement des expériences désagréables ; et dans le troisième, la liste des événements dont il pouvait être reconnaissant. A la fin de l’expérience, ce dernier groupe présentait l’état général le plus positif, avec plus d’optimisme, une baisse du niveau de stress et une performance accrue par rapport au début de l’expérience.

Remercier, c’est exprimer sa gratitude. Et il existe un cercle vertueux de la gratitude : plus nous exprimons notre gratitude aux autres, plus nous sommes appréciés, et plus ils sont aimables envers nous et finalement plus nous nous sentons bien. Selon Robert Emmons, la gratitude nous aide à diriger notre attention vers les choses heureuses de la vie et à nous détourner de ce qui nous manque. De plus, elle détourne l’attention du moi et la dirige vers les autres. Inversement, l’ingratitude est destructrice : quand nous ne recevons aucun signe de remerciement après un service rendu, nous le ressentons mal, nous nous sentons blessé, un peu comme si, à travers cette négation de notre geste, c’était notre personne tout entière qui était niée.
« Remercier, c’est donner ; rendre grâce, c’est partager » écrit André Comte-Sponville. Il ajoute : « En remerciant, on se réjouit de ce qui arrive. Le sage se réjouit de vivre, mais aussi d’avoir vécu. »

Alors, ne nous privons pas de dire merci ! Si la formule ne nous vient pas, osons exprimer à l’autre l’émotion qui nous habite, le fait que son geste nous touche. Et même si nous ne savons pas trouver les mots, nous pouvons toujours nous exprimer autrement : par un regard soutenu, par un geste amical, une main serrée longuement. Le non-verbal en dit parfois plus qu’un long discours !

Savoir dire merci à l’autre, c’est aussi dire merci à l’existence, à la vie. C’est faire un petit pas vers le bonheur. Si je n’arrive pas à faire ce petit pas, qu’est-ce qui m’empêche de me faire aider ?


Renaud CHEREL  




Voir aussi dans ce blog : 
    Donner et recevoir
    Gratitude
    Donner des signes de reconnaissance
    Humilité et modestie
    Pratiquer la bienveillance
    Offrir et recevoir des cadeaux


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