Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 27 avril 2009

Equilibre vie pro / vie perso

Savoir garder l'équilibre vie professionnelle-vie personnelle (dessin R. Cherel)
Pratiquement tous les soirs, Thierry se retrouve le dernier ou presque à quitter les bureaux de l’entreprise où il est employé. Il a toujours un dossier à terminer le soir, car dans la journée il a tellement été interrompu qu’il a l’impression de ne pas avoir avancé. Il faut dire qu’il aime le travail bien fait, Thierry ; dans la boîte, on sait que ses dossiers sont toujours parfaits, pas question de faire les choses à moitié. Du coup, il y passe ses soirées... les 35 heures, ça le fait rigoler ! Mais voilà, il n’a plus beaucoup de temps à consacrer à sa vie personnelle et familiale. Il fonctionne ainsi depuis des années, mais il sent bien que des tensions s’accumulent à la maison : cela pourra-t-il encore durer longtemps ?

Pour Isabelle, elle dépose vite fait sa plus jeune fille chez la nounou, puis son frère à l’école chaque matin. Au bureau, elle doit jongler entre les appels téléphoniques des clients et des fournisseurs et les réponses aux mails. Sans compter les demandes d’aide de ses collègues dans la journée auxquelles elle se fait un devoir de répondre : elle ne peut tout de même pas leur refuser ! Du coup, les affaires qu’elle doit traiter prennent du retard... Pour couronner le tout, il y a ce fichu dossier hyper-urgent que son chef vient de lui apporter... Du coup, elle se contente à midi d’un sandwich avalé devant son écran d’ordinateur, et régulièrement, elle se voit contrainte d’appeler la nounou pour la prévenir qu’elle viendra chercher la petite en retard. Elle mène un rythme infernal et a l’impression de ne pas s’en sortir.

Quelle place est-ce que j’accorde à l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle ? Jusqu'où suis-je prêt(e) à m’engager dans mon travail ? Il n’y a évidemment pas de réponse tout faite à ce genre de question, mais il peut être utile parfois de se les poser avant de rencontrer de sérieux problèmes. Il s’agit là peut-être de me poser la question de mes valeurs : « Qu’est-ce qui est le plus important pour moi, à cette période de ma vie ? »
Si je juge qu’en ce moment, c’est ma carrière professionnelle qui est absolument prioritaire, quelle est ma stratégie pour assumer les conséquences de ce choix ?
- Si je partage ma vie avec une personne, est-ce que j’ai abordé cette question avec elle ? Sommes-nous arrivés à trouver un accord sur cette question ?
- Si je pense être dans une période transitoire pendant laquelle je dois donner un coup de collier, comment est-ce que je gère cette situation ? Et comment est-ce que je me vois plus tard, à l’issue de cette période (dans 2 ans ou dans 5 ans) ?

Si je juge que, tout compte fait, je me laisse déborder par mon travail alors que celui-ci n’est pas forcément prioritaire pour moi, pas question de me juger négativement. J’ai certainement d’excellentes raisons de me comporter comme je le fais : par exemple pour répondre à un besoin d’argent, ou à un besoin de reconnaissance que je ne trouve pas ailleurs...
Peut-être puis-je me faire aider pour y voir un peu plus clair ?


Renaud CHEREL  




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    Travail et loisirs
    Divertissements et loisirs
    Compartimenter sa vie


dimanche 26 avril 2009

Construire sa vie

Il n’y a pas très longtemps, j’ai fait la connaissance de Quentin, un homme de grande qualité qui a passé sa vie dans les métiers de la construction. Un jour, alors que nous devisions en nous promenant, il me parla des beautés de l’art de construire. Entreprendre de construire, me disait-il, que ce soit une cathédrale, un bâtiment public, un logement, un pont ou un barrage, c’est se lancer dans une aventure qui a du sens et qui donne du sens à la vie.
Qui, des trois petits cochons, a construit la meilleure maison ?

« Aujourd'hui les grands architectes connus donnent leur nom à l’ouvrage ; faut-il que leur nom soit autant mis en lumière, alors que c’est toujours une œuvre collective ? » s’interrogeait Quentin. « Les constructeurs des cathédrales étaient plus anonymes.»

C’est vrai. On construit rarement seul ; le mot construire se conjugue avec le mot ensemble. La plupart des ouvrages sont construits non pas par un individu seul, mais par un groupe de personnes. Celles-ci travaillant ensemble sur un projet commun, tendues vers un même but, assemblées en équipes. La construction d’un grand immeuble ou d’un ouvrage d’art est une tâche complexe, qui requiert de nombreux corps de métiers différents. Chacun, depuis l’architecte en chef responsable du projet, jusqu’à l’ouvrier maçon qui coule le béton, en passant pas les plâtriers, les électriciens, les menuisiers, les plombiers, les couvreurs, les décorateurs et des douzaines d’autres spécialités, tous participent à l’élaboration de l’ensemble.

Et puis l’ouvrage doit reposer sur des fondations solides : celles-ci seront élevées avec soin, après avoir étudié le terrain : il s’agit de construire sur le roc et non pas sur le sable. L’ouvrage doit résister aux dégradations du temps, ce qui implique de choisir des matériaux robustes et durables.

Ainsi la construction est riche de symboles. « C’est de la belle ouvrage » dit-on ; l’ouvrage a un sens, c’est utile et c’est beau.

Cette discussion me renvoie à une autre question, celle de construire sa vie. Souvent, on se laisse emporter par le flot de la vie quotidienne, et puis, lors de certains événements, un deuil, un licenciement, une séparation ou un divorce ou tout simplement à certaines périodes de la vie il peut arriver qu’on se pose des questions. On se demande : « Qu’est-ce que je fais de ma vie ? » Oui, cela vaut la peine de se poser cette question et, pour filer la comparaison, la détailler un peu :

Est-ce que ma vie repose sur des fondations solides, sur du roc ou sur du sable ? Est-ce que je la construis avec de bons matériaux, solides, résistants, faits pour durer ? Est-ce que je veux en faire quelque chose de beau, de la belle ouvrage ? Est-ce que je la construis tout seul ou bien avec d’autres ? Puis-je faire appel à des artisans, différents corps de métiers qui pourront avec moi revoir mes fondations et m’accompagner dans cette construction ?

Quelle que soit mon histoire, quelles que soient les étapes par lesquelles je suis passé, je peux reconstruire ma vie, je peux en faire quelque chose de beau, d’utile et qui ait un sens.


Renaud CHEREL  




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    Donner un sens à ma vie
    Guérir de l'abandon

lundi 13 avril 2009

Le temps qu'il fait

L’autre jour, je discutais avec un ami sur le temps qu’il faisait. Ce printemps, comme chaque année, nous subissons des alternances climatiques. Tantôt le temps est maussade, avec un ciel gris et bas qui nous envoie de la pluie et des giboulées, ou du brouillard qui envahit le paysage. Maussade alors est mon humeur : ce temps-là m’incite plus à la nostalgie qu’à l’enthousiasme. Tantôt, ce sont des journées de grand beau temps ; le ciel est d’un bleu pur – un bleu d’azur – et l’on entend de toutes parts des chants d’oiseaux qui se répondent d’un arbre à l’autre. Les crocus, les jonquilles et les primevères font exploser de couleurs vives les pelouses et les prairies. Les arbres se teintent du vert tendre de leurs feuilles naissantes, le printemps est bien là, je me sens plus joyeux et plus allant.

Il pleut, il fait beau, qu’y puis-je personnellement ? Et pourtant, force est de constater que ce temps qu’il fait ne m’est pas complètement indifférent, et que, au moins à certains moments, le climat extérieur influence mon climat intérieur. « Ah, s’il pouvait toujours faire beau ! » Ce beau temps, il est peut-être synonyme pour moi de vacances, de liberté, alors que le spectacle de la pluie me ramène sans doute à des réalités plus triviales, le boulot, la monotonie des jours ordinaires. Mais, pour l’agriculteur, le beau temps, c’est souvent la pluie. Ses cultures ont absolument besoin d’eau pour pousser ; sans pluie, c’est le désert, c’est le Sahara, et donc pas de récolte ! Quelle joie quand la pluie s’annonce après une trop longue période de soleil !

Il fait « beau », il fait « mauvais » : par le choix des mots, nous avons déjà mis une connotation positive ou négative dans ces expressions. Alors que, nous venons de le voir, cela dépend des points de vue : ce qui est « bon » pour l’un peut être ressenti comme « mauvais » par l’autre. Les arbres, les fleurs des champs, les cultures et les animaux qui s’en nourrissent ont besoin à la fois de soleil et de pluie. Sans alternances de temps, il n’y aurait pas de printemps. On peut aller plus loin en affirmant que ces alternances, ces changements qui caractérisent le printemps caractérisent aussi la vie.

La vie est changement par essence ; ce qui ne change pas meurt inexorablement. Alors, à moi d’accueillir les changements du temps qu’il fait, changements nécessaires et bénéfiques. Cela ne signifie pas pour autant que je doive rester indifférent à ces changements ; non, pourquoi ne pas accueillir en moi ces variations d’humeur – si elles existent – que les changements de temps peuvent provoquer ? Nous ne réagissons pas tous de la même façon face aux événements extérieurs : certains d’entre nous sont très sensibles aux variations de l’environnement, alors que d’autres demeurent très stables intérieurement.

Mais, quelle que soit ma façon de réagir, peut-être est-il bien de reconnaître ce fonctionnement comme étant le mien, sans jugement de valeur. Accepter d’être moi-même tel que je suis, c’est peut-être un premier pas vers la sagesse, non ?


Renaud CHEREL  




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    Pluie
    Etes-vous météo-sensible?

lundi 6 avril 2009

Poser ses limites

Laurence a beaucoup de mal avec ses deux garçons ; il lui est très difficile de faire respecter ses exigences ; la plupart du temps, elle a beau leur crier après, ils n’en font qu’à leur tête. Pour Augustin, c’est au travail qu’il éprouve des difficultés : il est constamment sous pression, mais il se rend bien compte que, souvent, c’est parce qu'il ne sait pas dire non à ses collègues : finalement il se retrouve à faire des tâches qui ne lui incombent pas directement.

Pour Laurence comme pour Augustin, il peut être utile de se poser la question : « Qu'est-ce que je fais quand on enfreint mes limites ? »

Poser ses limites (dessin R. Cherel)
Voici un exemple efficace de réponse à cette question, qui peut être déroulé en 5 étapes :

1. Soyez clair(e) sur ce que vous voulez
Vous avez avant tout besoin d'être clair avec ce que sont vos limites. Il est de votre responsabilité de les déterminer clairement. Définissez ce qu'est un comportement acceptable ou pas. Soyez clair avec ce que vous voulez et soyez clair avec ce que vous ne voulez pas.

2. Éduquez l'autre là-dessus
Apprenez à l'autre ce qu'est votre « mode d'emploi », votre code d'accès. Informez-le. Exprimer ses limites n'est pas un prétexte pour exprimer de la colère. Exprimez toujours vos limites dans une dynamique positive à l'égard de l'autre.

3. Informez des effets
Informez la personne de ce qu'elle fait et quels effets cela a sur vous, sur elle-même, sur l’environnement. Parfois la personne n’en est pas consciente !

4. Faites votre demande
Une demande claire. Une demande du style : « Je te demande de tenir compte de... » Envoyez un message fort. C'est une exigence : « Je te demande d'arrêter immédiatement de... »

5. Dernière chose à faire : s’en aller physiquement.
Faites-le. Expérimentez !

Si malgré cela, la personne enfreint vos limites :
Le lui dire. Dire ce que vous ferez si elle continue. Et si elle continue, le faire. Le faire vraiment… Soyez crédible !
Si une limite est posée, elle doit toujours être assortie d’une possibilité de sanction dans le cas où elle serait franchie. Cette sanction doit d’une part être proportionnée à l’acte commis et d’autre part être mise en œuvre immédiatement.

Avec ses garçons, Laurence avait l’habitude de les menacer de les priver de petites choses ; lorsqu’ils continuaient, elle montait le niveau, leur disant qu’elle allait les priver de sorties, de vacances etc. Mais elle ne mettait jamais à exécution ses menaces ; du coup, elle n’était plus crédible. Plus encore, elle leur envoyait le message « Tu as raison de ne pas me faire confiance... » En posant clairement ses limites avec eux, et en exécutant ses menaces, elle a retrouvé une relation harmonieuse avec eux.

Augustin, qui disait toujours « oui » à ses collègues pour leur rendre service, a appris à leur dire « non » en expliquant clairement pourquoi il ne pouvait pas le faire. Contrairement à ses craintes, ses relations avec ses collègues ne se sont pas détériorées ; au contraire, il se sent davantage respecté au travail.


Renaud CHEREL  




Voir aussi dans ce blog :
    Fixer des limites