Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 30 mars 2009

Fixer des limites

Katia a l’habitude de surveiller la marge d’initiative des personnes qui travaillent dans son service : « J’ai intérêt à les cadrer, je ne sais jamais quelles erreurs ils pourraient faire ! » Emile, lui, ne se fait pas d’illusion sur ses capacités : « Je suis réaliste : cela, non, je ne suis pas capable de le faire. Je laisse cette tâche à d’autres plus compétents que moi. »

Ces exemples illustrent deux catégories de limites mentales : comme pour Emile, il y a les limites que nous nous fixons à nous-mêmes ; et comme pour Katia, les limites que nous posons aux autres. Les premières vont vers nous, les secondes partent de nous.

En fait, nous vivons tous à l’intérieur de limites mentales, qu’elles soient posées par l’extérieur (la société, l’activité professionnelle, notre milieu familial, notre époque...) ou par l’intérieur (nos convictions, nos habitudes...) ; celles-ci sont indispensables pour vivre en société. Mais on peut distinguer entre limites « limitantes » et limites « aidantes ».

Les limites « aidantes » me permettent d'avoir mon espace, tout en respectant l’espace de l’autre ; elles m’aident à me développer – et développer l’autre ; elles préservent mon énergie ; elles me permettent de vivre en accord avec moi-même, sans me comparer aux autres.

Inversement, les limites « limitantes » m’empêchent d’exprimer ce que je suis vraiment ; elles me poussent à me replier sur moi en m’enferment dans la crainte du jugement des autres et pompent mon énergie.

J’ai donc tout intérêt à clarifier mes limites vis-à-vis de moi-même et vis-à-vis des autres, cela m’apportera bien des avantages :
- mieux savoir ce qui m’arrive et me sentir plus à l’aise ;
- économiser ma santé ; - poser mon territoire
- avoir une meilleure maîtrise de moi-même ;
- mieux me cadrer et avoir du temps ;
- cesser de subir : pouvoir dire des oui qui soient de vrais oui et des non qui soient de vrais non !

Choisir ses limites
Concrètement, comment faire ce travail ? Voici une méthode parmi d’autres : choisissez un moment calme où vous disposez d’un peu de temps. Asseyez-vous avec de quoi écrire et décontractez-vous, puis demandez-vous quels sont les droits que vous aimeriez vous donner.

Ecrivez tout ce qui vous passe par la tête, même les demandes et les désirs les plus farfelus : « J’aimerais me donner le droit de… » Dans un second temps, relisez la liste, éliminez éventuellement les éléments que vous jugez illégitimes ou hors de propos ; puis classez ces droits du plus facile au plus difficile à réaliser.

Cherchez ensuite la manière de vous mettre en situation d’obtenir le droit que vous avez décidé de revendiquer en premier. Il se peut que cette décision entraîne de l’incompréhension ; certaines personnes peuvent réagir négativement à votre changement de comportement. Il est donc indispensable de donner des explications; veillez à ne pas utiliser cette notion de limite pour devenir intolérant vis à vis des autres : ce n'est pas un prétexte pour exprimer sa colère, mais pour avancer plus posément sur le chemin de votre vie.

Pour aller plus loin... (ajouté le 8 juin 2013)

Pour illustrer cet article, voici quelques exemples concrets tirés de mon expérience de coach.

Exemples de limites "aidantes"

Limites qui permettent d’avoir son espace, tout en respectant l’espace de l’autre :     
- Pierre, qui est chef de service, a l’habitude de laisser la porte de son bureau ouverte : ses collaborateurs peuvent venir le voir à n’importe quel moment. Par contre, lorsqu’il reçoit quelqu’un, ou bien lorsqu’il désire se concentrer sur un dossier, il ferme la porte du bureau : ses collaborateurs savent alors qu’il ne faut pas le déranger.        
- La plupart des gens respectent inconsciemment les limites de distance socialement acceptables : on ne laisse pas entrer les étrangers dans sa bulle amicale, et pas ses amis dans sa bulle intime. De ce fait, il peut y avoir malaise entre personnes provenant de cultures différentes : la bulle d’un Britannique est en général plus large – demande plus de distance – que celle d’un Italien ; par conséquent, lors d’une discussion entre les deux, le britannique peut avoir tendance à reculer pour rétablir la bonne distance, tandis que l’italien avancera vers son interlocuteur pour mieux communiquer !

Limites qui permettent de se développer (et éventuellement de développer l’autre) : 
- Dans la plupart de ses activités, Jacques se fixe des limites temporelles avec un planning de réalisation. Cela lui permet de mieux équilibrer l’avance de ses différents projets tout en respectant les délais.       
- Jean-Claude s’astreint à ne pas dépasser deux soirées par semaine devant la télévision : ce temps gagné lui permet de consacrer plus de temps à des activités culturelles. Il en a profité pour négocier un « contrat télévision » avec ses enfants, sur le même principe.

Limites qui préservent l’énergie :
- André adore faire du tennis, mais, à 45 ans, il a préféré s’inscrire dans un club au programme moins intense que l’année précédente, car il avait tendance régulièrement à dépasser ses possibilités physiques et en subissait des conséquences négatives : tendinites, problèmes d’articulations… 
- Hélène s’est fixé un certain nombre de règles alimentaires, sans pour autant faire de régime. Celles-ci lui permettent de maintenir un poids satisfaisant et de garder la forme : elle prend un bon petit déjeuner, mange à des horaires réguliers, alterne viandes et poissons, consomme légumes et fruits de saisons et s’interdit de grignoter entre les repas.

Limites qui permettent de vivre en accord avec soi-même, sans se comparer aux autres :      
- Sur la route, Nicolas s’efforce de se concentrer sur la conduite de son véhicule, sans se comparer aux autres conducteurs ni être agressif envers eux.  
- Antoine a tendance à exprimer ce qu’il pense, mais formule souvent ses dires de façon à ne pas choquer ou offenser ses interlocuteurs.

Exemples de limites « limitantes »
- Didier s’interdit de danser : il n’a jamais appris et craint le ridicule. Il reconnaît que cela le gêne et qu’il se trouve mal à l’aise dans les soirées. Il pense aussi que cela l’empêche de rencontrer des filles sympas. 

- Joséphine ne prend pas la parole en groupe ; elle n’est pas spécialement timide mais limite ses interventions parce qu’elle pense que ce qu’elle a à dire n’est pas intéressant.    
       
- Bruce ne demande jamais son chemin lorsqu’il se déplace ; par le passé, quand ils se rendaient quelque part en voiture avec sa femme, il lui arrivait de tourner longuement avant de trouver, ce qui agaçait prodigieusement sa femme. Il est vrai qu’avec le GPS, les choses se sont arrangées depuis, mais la limite est toujours là.   

Il peut être intéressant de faire une liste de vos limites : quelles sont celles que vous jugez "aidantes" ? Quelles sont celles que vous juges "limitantes" ? Que faire pour supprimer ou aménager ces dernières ?


Renaud CHEREL  




Voir aussi dans ce blog : 
    Poser ses limites
    Nos croyances
    Transgression
    Obéissance-désobéissance

Liens externes :
    Le site de Denis Jaccard
    Acceptez vos limites et libérez-vous

1 commentaire:

Castanea a dit…

Bonjour,
Je suis actuellement en formation pour devenir coach professionnel, et mon devoir de la semaine concerne "les limites"... Alors merci beaucoup pour votre article très clair qui aide bien à mieux saisir notamment la notion de "limites aidantes" !