Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 1 décembre 2008

Suis-je ce que je possède ?

Nous avons parlé dans le message précédent (voir être et avoir) des mérites de l’emploi du verbe avoir. Est-ce à dire qu’il faut en toutes circonstances se garder d’employer le verbe être ?

Que non pas ! De très nombreux philosophes se sont penchés sur cette question de l’avoir et l’être et ont écrit des milliers de pages sur ce sujet. Mais voyons cela de manière très concrète : lorsque je dis que « Laura a une belle maison », je présuppose l’existence de Laura. Avoir exprime la possession par quelqu'un (ou quelque chose) qui est, qui existe, donc on peut dire que l’existence précède la possession, ou encore que l’être précède l’avoir.

C’est donc simple, finalement. Hélas, ce n’est pas si simple que cela ; car ce que nous sommes résulte en partie de ce que nous avons, de ce que nous possédons. C’est toute la question des apparences. Je pense à un exemple que je connais : Mathilde avait très mauvais caractère étant jeune fille ; agressive, elle se vexait facilement, avait des relations difficiles avec son entourage et avec les garçons qu’elle fréquentait. En fait, elle ne se trouvait pas jolie, car elle avait un grand nez. Elle s’était lancée dans les études comme bouée de sauvetage, et son père lui avait dit : « Si tu as ton CAPES, je te paye la chirurgie esthétique ! » Elle passa brillamment ses épreuves et le chirurgien lui refit un petit nez retroussé qui lui allait bien. Suite à son opération, l’on vit son caractère changer ; elle devint une jeune femme souriante et bien dans sa peau, se maria et aujourd'hui elle a de beaux enfants dont elle est très fière.

Mathilde avait un nez d’une certaine forme, qu’elle trouvait laid ; et elle s’était identifiée à son nez. Quand elle se regardait dans sa glace elle ne voyait que ce nez : « Je suis laide », pensait-elle, et se trouvait laide aussi à l’intérieur. Le changement de forme de son nez lui a permis de retrouver sa beauté intérieure.

Il ne s’agit pas ici de faire la publicité pour la chirurgie esthétique – d’ailleurs un accompagnement psychologique ou un coaching auraient probablement donné de bons résultats pour Mathilde – mais simplement de se poser une question : comment ce que j’ai, mon corps musclé ou bronzé ou ridé, ma tenue vestimentaire, mon travail, ma position sociale, ma maison, ma voiture... en un mot mon apparence au sens large, contribue-t-elle à ce que je suis ? Si je perds cela, serai-je encore la même personne ?

Si nous considérons honnêtement cette question, la réponse n’est pas forcément facile ; certains individus rebondissent après avoir tout perdu et d’autres sont comme foudroyés. Mais il est intéressant de se demander, comme Montaigne : en dehors de toutes ces apparences, qui suis-je ?
Car ce qui fait que chacun de nous est un être unique et merveilleux, c’est justement ce qui est en dessous – ou au-delà – des apparences.

"L'avarice" - Mathias Stomer


Renaud CHEREL  




Voir aussi dans ce blog :
    Etre et avoir
    Les plus beaux sont ils les meilleurs ?
    Cultiver l'humilité

Aucun commentaire: