Réflexions d'un coach spécialisé dans les transitions, à partir des événements et rencontres de la vie quotidienne...

lundi 24 novembre 2008

Être et Avoir

Désir de posséder
Ce qui me fait différent de l’autre, ce qui fait de moi un être unique, c’est ce que je suis et non pas ce que je possède. Ce que j’ai, les choses que je possède vont et viennent, mais ce que je suis, mon essence demeure.

Pourtant, dans la vie, les choses ne sont pas aussi tranchées. Le langage que j’utilise influence ma pensée et mes comportements, et donc influence ce que je suis. Les objets, les biens que je possède ont eux aussi une certaine influence sur mes attitudes et mes comportements, et sur le regard que les autres portent sur moi. Celui qui possède une voiture fait partie du « monde » des automobilistes ; celui qui a les cheveux blonds est blond. Les deux notions se confondent au point que dans le langage parlé, elles se rejoignent.

Mais réfléchissons aux implications de cette confusion.

Lorsque Julien dit : « Je suis malade... je suis au chômage... », les implications ne sont pas les mêmes que s’il précise : « J’ai mal au ventre... j'ai un emploi à trouver...»

Dans le premier cas, mes paroles laissent entendre que mon être, ce qui me fait moi, est concerné. Dans le second, mon être n'est pas impliqué : une action ciblée peut suffire à changer la situation. La question ne sera pas de ne plus être ou d'être autrement mais de ne plus avoir ou d'avoir autre chose. La première implique l’être de la personne, la seconde l'invite à rechercher concrètement une solution accessible par l'avoir (ou le non avoir)...

Etre et Avoir ne résonnent pas de la même manière en nous, à la fois pour celui qui le dit et pour celui qui le reçoit. Le verbe être aura tendance à me figer dans un état global et à m’y complaire : « Je suis malade... » me place sans m’en rendre compte dans un état, celui de malade. Mon être est malade, tout moi est malade. Alors que « J’ai telle maladie » ou « J’ai attrapé la grippe... » pose une distance entre la maladie et moi.

De la même façon lorsque je m’adresse à l’autre. Ainsi, quand Marie-Jo dit à sa fille: « Tu es stupide ! » ou bien : « Merci, tu es gentille. », ce ne sont pas exactement les mêmes messages que : « Tu n'as pas su faire ceci » ou « Merci pour ta gentillesse. »

Choisir d'utiliser le verbe être ou avoir dans une expression n’est donc pas neutre ! Le verbe avoir aura plus tendance à me positionner sur le moment présent et m’oblige à préciser le lieu ou les circonstances. Il a plus tendance à situer et il me donnera une certaine distanciation par rapport aux personnes et aux événements. Il y a donc, paradoxalement, du détachement dans l’utilisation du verbe avoir.

Utiliser le verbe avoir aura cette conséquence positive de mettre la personne devant son acte, son dire, son faire, sans porter de jugement.

Renaud CHEREL  



Voir aussi dans ce blog : 
    Suis-je ce que j'ai ?
    Etre et paraître
    Donner et recevoir
    Renoncements
    Avarice et radinerie

Lien externe :
    Différence entre avoir et être 

lundi 17 novembre 2008

Le test des trois passoires

Test des trois passoires
Le fait d’avoir un regard positif sur les êtres et les choses nous permet d’aller à l’essentiel, de nous débarrasser de choses qui parfois nous encombrent, de ce qui, au fond, ne fait que nous alourdir. Cette attitude ne date pas d’hier. Voici une façon d’avoir un regard positif proposée il y a 2 500 ans environ par un célèbre philosophe.

Socrate avait, dans la Grèce antique, une haute opinion de la sagesse. Quelqu'un vint un jour le trouver et lui dit :
-« Sais-tu ce que je viens d'apprendre sur ton ami ? »
-« Un instant, répondit Socrate. Avant que tu me racontes, j'aimerais te faire passer un test, celui des trois passoires. »
-« Les trois passoires ? »
-« Mais oui. Avant de me raconter toutes sortes de choses sur les autres, il est bon de prendre le temps de filtrer ce que l'on aimerait dire. C'est ce que j'appelle le test des trois passoires. La première passoire est celle de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai ? »
-« Non. J'en ai simplement entendu parler… »
-« Très bien. Tu ne sais donc pas si c'est la vérité. Essayons de filtrer autrement en utilisant une deuxième passoire, celle de la bonté. Ce que tu veux m'apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bon ? »
-« Ah non! Au contraire. »
-« Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n'es même pas certain qu'elles soient vraies. Tu peux peut-être encore passer le test, car il reste une passoire, celle de l'utilité. Est-il utile que tu m'apprennes ce que mon ami aurait fait ? »
-« Non. Pas vraiment. »
-« Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n'est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ? » (1)

Ce test des trois passoires n’a pas pris une ride depuis Socrate. Pourquoi ne pas le mettre en pratique ? Utiliser les trois passoires, voilà un exercice que je peux me proposer de faire cette semaine ; mais comme je ne peux pas tout changer d’un coup, je choisis de privilégier un domaine :

- par exemple le domaine privé : dans mes relations avec ma famille, mes amis les plus proches, la personne avec qui je partage ma vie...
- ou le domaine des relations sociales : mon quartier, mes relations, les commerçants que je connais bien...
- ou le domaine professionnel : avec mes collègues, mes collaborateurs, mes supérieurs hiérarchiques...

Testez ! Vous serez étonné des résultats !

Renaud CHEREL  




(1) Dialogue extrait de La caverne et l’ange gardien. 

Bibliographie :
George Lesage : La caverne et l’ange gardien, Éd. Porte-Bonheur, 2004.

Dans ce livre destiné aux jeunes, George Lesage raconte l’aventure de Phil Eudamonia et de ses camarades lors d’une randonnée au lac Persévérance, en quête de la pierre philosophale. Dans ce premier tome, ils vivent une périlleuse épopée où de multiples péripéties viennent entraver leur quête. Mais, dotés de la " neuvième intelligence ", ils parviennent à contrer la plupart des dangers, sans que leur voyage ne soit achevé pour autant...
C’est un conte philosophique qui s’inspire de l’allégorie de la caverne de Platon, où les jeunes héros apprennent à se servir de la "neuvième intelligence", c’est-à-dire la capacité de se connaître, de se situer, et d’explorer son rôle dans l’univers à travers des réflexions, et par l’exercice des vertus et des valeurs fondamentales.

mardi 11 novembre 2008

Oui, je peux !

Certains d’entre nous se posent sûrement des questions du genre : « Être inconditionnellement positif, c’est excellent, et je suis d’accord en théorie ; mais concrètement, dans la réalité, les choses ne sont pas si faciles. J’avais déjà pas mal d’ennuis, mais avec la crise actuelle, les choses ne s’arrangent pas. Alors, cette attitude positive, ça se traduit comment ? »

Eh bien, il me semble que l’actualité nous fournit un excellent exemple à ce propos, avec les élections présidentielles américaines. Les États-Unis ne manquent pas de problèmes depuis un certain temps : la dette nationale qui atteint des sommets, la crise financière qui entraîne une crise économique grave, la mauvaise réputation des USA dans le monde, la guerre en Irak qui n’en finit pas... on peut énumérer ainsi une longue liste de difficultés auxquelles il faut faire face très rapidement. Et pourtant, on ne peut qu’être frappé par l’extraordinaire capacité à rebondir de ce peuple, qui s’est retrouvé en majorité d’accord avec le slogan « Yes, we can ! » (Oui, nous le pouvons) de Barak Obama. En dehors de toute considération politique, ce slogan parle à beaucoup d’américains, qu’ils soient démocrates ou républicains, par sa force positive : il ne dénie pas toutes les difficultés qui attendent la nouvelle administration, mais il laisse entendre que celles-ci peuvent être surmontées si l’on y met les moyens nécessaires.

Au niveau de chacun de nous, il est possible d’avoir le même type d’attitude, de se dire, devant les obstacles que la vie sans cesse dresse devant nous : « Oui, je peux ! » Dans ma pratique de coach, je suis frappé de constater l’extraordinaire richesse de talents, de capacités et de potentialités de chacun de mes clients – et, d’une manière plus générale, des gens qui m’entourent et que je connais. Nous sommes tous très riches en ressources. Celles-ci représentent l'ensemble des moyens qui sont en nous ; mais souvent nous n’en avons pas vraiment conscience, et nous n’en utilisons qu’une petite fraction. Aussi, il nous importe de bien connaître nos propres ressources pour pouvoir bien les utiliser, les solliciter au bon moment, les adapter aux contextes et aux situations que nous vivons.

Pour mettre en pratique de façon concrète cette attitude positive, voilà un petit exercice à pratiquer cette semaine :
En croisant des personnes connues ou inconnues, que ce soit dans la rue, dans les moyens de transport, en vous promenant, au travail, chez des amis..., décidez de ne voir que les qualités qui se dégagent de ces personnes. Même si leur comportement vous déplaît, cherchez et trouvez des qualités derrière ce comportement. Décidez de leur faire des compliments sur ces qualités et ayez l’audace de les formuler à haute voix.

Pour certains d’entre nous, cet exercice peut paraître extrêmement difficile, par exemple s’il s’agit de parler pour la première fois à une personne que l’on croise régulièrement mais sans la connaître. Essayez pourtant, vous serez surpris des résultats !

Porter votre regard sur les qualités, cela vous permettra de développer une vision plus positive et plus optimiste de la vie.


Renaud CHEREL  




Voir aussi dans ce blog :
    Etre inconditionnellement positif
    Optimisme, pessimisme
    Volonté
    Peut on exercer sa volonté?
    Fidélités

Liens externes :
    Entretien motivationnel-Carl Rogers

mardi 4 novembre 2008

Être inconditionnellement positif

Connaissez-vous cette histoire ?

Le cheval de la chance (dessin Renaud Cherel)
Il y avait, dans un village, un homme très pauvre qui possédait un magnifique cheval. Les seigneurs du château voulaient le lui acheter, mais il refusait toujours : « Pour moi, ce cheval n'est pas un animal, c'est un ami. »

Un matin, il se rend à l'étable et le cheval a disparu. Les villageois lui disent : « Tu aurais mieux fait de le vendre. Maintenant, on te l'a volé... quel malchance ! » Le vieil homme répond : « Chance, malchance, qui peut le dire ? »

Tous se moquent de lui. Mais quinze jours plus tard, le cheval revient, avec une horde de chevaux sauvages. Il s'était échappé, avait séduit une belle jument et rentrait avec le reste de la horde.

« Quelle chance ! » disent les villageois. Le vieil homme et son fils commencent à dresser les chevaux sauvages. Mais peu après son fils se casse une jambe à l'entraînement. « Quelle malchance ! » disent ses amis. « Comment vas-tu faire, toi qui est déjà si pauvre, si ton fils unique ne peut plus t'aider ! » Il répond : « Chance, malchance, qui peut le dire ? »

Quelque temps plus tard, l'armée du seigneur du pays arrive dans le village, et enrôle de force tous les jeunes gens disponibles. Tous... sauf le fils du vieil homme, qui a sa jambe cassée. « Quelle chance tu as, tous nos enfants sont partis à la guerre, et toi tu es le seul à garder avec toi ton fils. Les nôtres vont peut-être se faire tuer... » Le vieil homme répond « Chance, malchance, qui peut le dire ? »

Histoire à méditer. La vie nous réserve sans cesse des surprises, que nous pouvons accueillir ou non avec une attitude positive. Être positif, c’est quoi ? C’est un état d’esprit, qui nous permet d’avancer plus sereinement dans la vie et de mieux profiter de tout ce qu’elle peut nous offrir. Être positif nous permet, comme dit l’adage, de voir le verre à moitié plein alors que d’autres le voient à moitié vide. En toute objectivité, les deux ont raison, bien sûr : le verre à moitié vide est strictement identique au verre à moitié plein.

Où donc est la différence ? La différence, elle est dans le regard que l’on porte sur le monde : les personnes qui portent un regard positif autour d’elles peuvent mieux tirer parti de leurs ressources, et créer en retour une réponse positive.

Dale Carnegie disait : « Souvenez-vous que le bonheur dépend non pas de ce que vous êtes ou de ce que vous possédez, mais uniquement de votre façon de penser.»

Pour aller plus loin... (Texte ajouté le 6 juin 2013)

L’avez-vous remarqué ? Souvent, face à une situation donnée, on a tendance à amplifier les éléments négatifs et relativiser les points positifs. Ce qui en soit peut être un atout, car comme dit l’adage, « gérer, c’est prévoir » ; et une bonne prévision concerne ce qui peut arriver de bon comme le mauvais, le facile comme le difficile.

Cependant – et je l’ai déjà précisé ailleurs – à trop se focaliser sur les côtés négatifs des choses, nous en arrivons inconsciemment à les gonfler, à leur donner trop d’importance au détriment du positif. Or, notre inconscient fonctionne de telle manière qu’il va favoriser les situations correspondant à ce qui nous tourne dans la tête (pensées mais aussi images, émotions, sentiments). Si nous sommes trop préoccupés par le risque de survenue d’événements négatifs, nous augmentons la probabilité qu’ils surviennent effectivement ; si par contre nous capitalisons sur des projets ou des événements positifs, ceux-ci auront plus de chance d’advenir. Comme l’indique l’histoire du cheval de la chance, la façon dont nous voyons les choses participe au fait d’avoir plus ou moins de chance dans la vie.

Pour cultiver un mental positif, entraînez-vous donc à voir la vie du bon côté. Il ne s’agit pas d’être naïf mais d’équilibrer les choses. Pour cela, je vous suggère de vous mettre dans la peau d’un observateur objectif, en mesurant le positif et le négatif de la situation ou de l’événement auquel vous êtes confronté. En changeant de perspective sur les choses, en les analysant avec le souci d’éliminer les préjugés négatifs, vous serez surpris de voir combien certains obstacles que vous aviez considérés comme insurmontables se révèlent contournables. Finalement, l’objectif qui vous paraissait si lointain s’avèrera réalisable.

Exercez-vous : la prochaine fois que vous êtes face à un problème, prenez du recul sur la situation en répertoriant les points négatifs et les points positifs. Peut-être que la liste des négatifs sera plus longue que celle des positifs ? Ne vous découragez pas : parmi ces points négatifs, répertoriez ceux que vous pourriez transformer en positifs.

De nombreuses situations vécues dans la vie ordinaire peuvent vous servir de point de départ. Par exemple, Alice est locataire et son propriétaire vient de lui annoncer qu’il met fin au bail au terme de son échéance, dans 6 mois. Evidemment, le point négatif, c’est que dans 6 mois Alice se retrouve sans logement alors qu’elle n’avait pas prévu de déménager. Mais n’y a-t-il pas des points positifs ? En fait, ses enfants ont pris leur indépendance et n’habitent plus avec les parents : elle et son mari se retrouvent dans un appartement surdimensionné. C’est donc une excellente occasion de chercher un logement qui réponde mieux à leurs besoins actuels. Au lieu de se lamenter, Alice se met à chercher et en parle autour d’elle. Justement, une connaissance lui dit qu’elle a entendu parler d’un appartement qui va se libérer dans le voisinage : ils vont le visiter et cela leur convient parfaitement ; la surface est plus adaptée, et l’exposition est meilleure que celle de leur ancien appartement, pour un prix moins élevé. Par ailleurs, cette expérience lui donne l’occasion de discuter avec la personne qui lui avait fait signe : elle se rend compte qu’elles ont beaucoup de choses en commun et deviennent amies. 

Alice a finalement transformé cette perspective négative en expériences positives.

Et vous, quels événements de cette semaine ou du mois précédent, perçus comme négatifs, pourriez-vous transformer en expérience positive ?

Renaud CHEREL  



Voir aussi dans ce blog : 
    Oui je peux !
    Audace
    Optimisme, pessimisme
    Poser un regard positif sur le monde
    Peut on croire à sa chance?
    Souriez, vous irez mieux!
    Pratiquer la bienveillance
    Savoir encourager

Liens externes :
    Retrouver son nord
    Etre inconditionnellement positif rend heureux